Gouvernement : Sébastien Lecornu renommé Premier ministre

Gouvernement : Sébastien Lecornu renommé Premier ministre

Sébastien Lecornu a été maintenu à Matignon par le président de la République ce vendredi soir. Il promet un gouvernement « déconnect(é) des ambitions présidentielles pour 2027 ».

Épilogue d’une semaine folle avant l’ouverture d’une nouvelle période d’incertitude. Après ses entretiens cet après-midi avec les partis -PS, EELV, PCF, Renaissance, Horizons, Modem et LR-, le chef de l’État a renommé Sébastien Lecornu à Matignon. Seuls LFI et le RN n’étaient pas conviés à échanger avec Emmanuel Macron.

« J’accepte - par devoir - la mission qui m’est confiée par le Président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes » a déclaré le Premier ministre juste après sa reconduction. 

« Celles et ceux qui entreront au Gouvernement devront s’engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027 », a-t-il ajouté, tandis que l'Élysée aurait donné « carte blanche » à Sébastien Lecornu pour composer son gouvernement. « Il faut mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français et à cette instabilité mauvaise pour l’image de la France et ses intérêts » a ajouté le Premier ministre qui assure que « tous les dossiers évoqués pendant les consultations menées ces derniers jours seront ouverts au débat parlementaire ».

Le chef de l’État a affirmé que les réunions de cet après-midi « confirme qu'il y a un chemin possible pour tisser des compromis et éviter la dissolution ». Un ressenti à rebours des oppositions, notamment celles de gauche qui ont participé à ces entretiens. Même du côté du socle commun, les tensions ont été palpables tout au long de cette journée. 

« Si le changement de cap n’est pas au rendez-vous, si tous les sujets ne sont pas sur la table notamment la réforme des retraites, alors nous censurerons immédiatement, c’est aussi simple que ça » avait déclaré le secrétaire général du PS ce vendredi à l’issue de l’entretien avec le président de la République.

« À part convenir ensemble que nous devions trouver un chemin qui permette la stabilité, nous ne savons pas ce que le président de la République est prêt à faire pour y parvenir » a ajouté le chef de députés socialistes Boris Vallaud, déplorant « l'absence de réponse claire du chef de l'État ».

« Nous estimons que nous ressortons avec aucune réponse sur rien à part que le prochain Premier ministre ne sera pas dans notre camp politique », abonde la tête de file des Écologistes Marine Tondelier. « S'il ne nomme pas quelqu'un de gauche et écologiste, ça finira par une dissolution parce que ça ne marchera pas ».

Du côté de Gabriel Attal, pour le parti Renaissance, et du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, aucune réaction à la sortie de leur rendez-vous. Mais déjà, dans ces rangs, l’hypothèse d’un maintien de Sébastien Lecornu à Matignon ne faisait pas l’unanimité. 

« L’expression « socle commun » est morte dimanche soir, faute de confiance » aurait déclaré Bruno Retailleau au président Macron. Édouard Philippe, ancien Premier ministre et tête de file du parti Horizons, a mis dans la balance sa participation au « socle commun » en cas de suspension de la réforme des retraites, demandée par la gauche. 

Gabriel Attal avait lui appelé, ce matin sur France 2, à un « partage du pouvoir ». « Depuis un an, désigner un Premier ministre, a fortiori un Premier ministre identifié comme très proche du président de la République, ça ne facilite pas les discussions avec les partis politiques de l'opposition » avait-il ajouté. La ministre démissionnaire Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire, appelait, elle, à « une rupture, en tendant la main réellement à gauche ».

Du côté des non-invités à l’Élysée, Marine Le Pen a fustigé un « spectacle déplorable » et « une réunion de marchands de tapis (…) dans l'unique objectif d'essayer d'éviter des élections qui sont pourtant la voie prévue par la Constitution lorsqu'il existe un blocage ? ». La cheffe des députés RN, qui a déjà annoncé « tout censurer » a redit son souhait d’une dissolution de l’Assemblée.

Du côté de LFI, Jean-Mélenchon a appelé au départ du chef de l’État, « responsable du chaos », et à une présidentielle anticipée, pour « permettre l’expression du peuple la moins déformée ». « La 5ème République ne donne aucun recours contre un Président qui bloque sciemment la démocratie dont il est censé être le garant. Son départ est une exigence légitime ».

Cette nouvelle crise politique a débuté dimanche soir, quand quelques minutes après l’annonce du gouvernement, Bruno Retailleau avait annoncé réunir les cadres de son parti lundi matin, en désaccord avec la nomination de Bruno Le Maire aux Armées. Prenant de court le chef des LR, Sébastien Lecornu a annoncé sa démission lundi matin, acceptée par le chef de l’État.

Dans la même journée, Emmanuel Macron avait demandé à son Premier ministre démissionnaire de mener d’ultimes négociations pour trouver « une plateforme de stabilité ». Sébastien Lecornu avait reçu les différents chefs de partis mardi et mercredi, en mettant en priorité dans les discussions le budget et l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

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Mercredi soir, le Premier ministre démissionnaire avait ensuite rendu compte de ses discussions au chef de l’État, préconisant un gouvernement dépourvu de personnalités politiques ayant des ambitions pour 2027. Reste à savoir qui composera ce gouvernement, et quid du maintien de Manuel Valls, reconduit dimanche soir, et d’un ministère d’État.

Outre le budget, le gouvernement devra poursuivre la mise en œuvre de l’accord de Bougival pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, et faire adopter la loi organique qui doit reporter les élections provinciales prévues fin novembre, mettre en œuvre aussi les lois dédiées à la reconstruction de Mayotte ou encore, défendre le projet de loi de lutte contre la vie chère en Outre-mer.

D’après l’Élysée, Emmanuel Macron pourrait s’adresser aux Français après la nomination d’un gouvernement.