Dans une allocution ce lundi matin, une heure après l’annonce de sa démission, Sébastien Lecornu a expliqué les raisons de celle-ci, mettant la responsabilité sur « les partis politiques » qui « continuent d’adopter une posture comme s’ils avaient une majorité à l’AN ».
« Je suis un militant, mais je préfère mon pays à mon parti ». Moins de 24h après avoir nommé son gouvernement dimanche soir, Sébastien Lecornu a présenté sa démission lundi matin, acceptée par le chef de l’État, après seulement 27 jours à Matignon. « J'étais prêt à des compromis, mais chaque parti politique veut que l'autre parti politique adopte l'intégralité de son programme », a-t-il déploré.
Dans son explication de texte, l’éphémère Premier ministre charge les partis politiques, et notamment Les Républicains qui, dès hier soir, ont mis leur participation au gouvernement dans la balance, en raison de la nomination de Bruno Le Maire aux Armées et à la répartition des postes au gouvernement, malgré la reconduction de la plupart des ministres LR.
« Être Premier ministre est une tâche difficile, sans doute encore un peu plus difficile en ce moment, mais on ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies » a déclaré Sébastien Lecornu qui « depuis trois semaines » aura « tenté de bâtir les conditions pour lesquelles nous pourrions faire adopter un budget pour la France, pour l'État, mais aussi pour la sécurité sociale et répondre à quelques urgences importantes qui ne peuvent pas attendre l'élection présidentielle ».
Parmi ces « urgences importantes », Sébastien Lecornu cite notamment la Nouvelle-Calédonie. Et c’est une des conséquences de la démission de Sébastien Lecornu : le projet de loi organique visant à reporter les élections provinciales, prévues fin novembre, à la mi-2026, ne sera finalement pas présenté ce lundi en conseil des ministres. Conseil qui n’aura également pas lieu.
Pour Sébastien Lecornu, les « formations politiques ont fait mine de ne pas voir le changement, la rupture profonde que représentait le fait de ne pas se servir de l'article 49-3 de la Constitution » ; « les partis politiques continuent d'adopter une posture comme s'ils avaient tous la majorité absolue à l'Assemblée nationale » ; et « la composition du gouvernement au sein du socle commun n'a pas été fluide et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans, parfois non sans lien (…) avec la future élection présidentielle ».
Pour la suite, plusieurs hypothèses : Sébastien Lecornu, qui va réunir ses ministres à 13h, peut-être renommé Premier ministre mais éventuellement acter une non-participation des LR au gouvernement ; Emmanuel Macron pourrait nommer un nouveau Premier ministre, probablement plus à gauche ; ou enfin, dissoudre l’Assemblée nationale, sans garantie d’avoir une majorité claire à l’issue de nouvelles législatives anticipées.
Interrogée suite à l’annonce de sa démission, Marine Le Pen a salué une « mesure de sagesse » et appelé une nouvelle fois à la dissolution de l’Assemblée nationale, « absolument incontournable ». « Je me demandais s’il restait un gaulliste dans ce pays. Il en restait un, et il vient de démissionner avec dignité et honneur » a abondé le secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Le PS se réunit en conseil politique cet après-midi à 13h.
Soulignant « une situation politique sans précédent historique », Jean-Luc Mélenchon a appelé à « une rencontre cet après-midi aux organisations fondatrices de la NUPES et du NFP » afin « d’envisager toutes les hypothèses » suite à la démission de Sébastien Lecornu. Du côté de la droite, certaines voix s’élèvent aussi à une union, des LR au RN, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.