« On a très peur » : les habitants de Mayotte se sont barricadés et confinés, au passage du cyclone tropical intense Chido qui balaye depuis ce samedi matin l’archipel de l’océan Indien, placé en alerte violette.
« L’heure est grave. Mayotte n’a jamais connu une telle situation », a déclaré dans la journée de vendredi 13 décembre 2024 le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni.
En fin de nuit, heure locale, la préfecture de Mayotte a annoncé l’entrée en vigueur sur l’archipel de l’alerte violette cyclonique, le plus haut niveau, à partir de 7h locales (depuis 5h à Paris), en raison de l’arrivée imminente de Chido. Le niveau violet implique « un confinement strict de l’ensemble de la population, y compris des services de secours et de sécurité et tous les agents mobilisés à la gestion de la crise », précise un communiqué publié sur X de la préfecture du département d’outre-mer.
L’œil du cyclone passe actuellement sur le nord de Mayotte, « provoquant une fausse accalmie », a averti la préfecture. Mayotte, qui n’a pas souvent été sur la trajectoire des cyclones de la région subit des « vents destructeurs voire dévastateurs » de 130 à 180 km/h sur une grande partie de l’île, voire 200 km/h au Nord. Dans son bulletin, Météo-France souligne que Chido « subit une légère baisse d’intensité ces dernières heures » mais qu’il devrait se maintenir à une « intensité significative » au cours des « prochaines 36 heures ».
Circulation interdite
« J’ai fait le plein de bouteilles d’eau, de nourriture, de bougies... », témoigne Fatima, habitante de Majicavo-Koropa et mère de trois enfants, qui craint les « vents violents » et les « orages ». « On a très peur », confie cette femme de 57 ans, encore marquée par le passage d’un cyclone quand elle était enfant aux Comores voisines, se souvenant des « vagues (qui) ravageaient tout » et des « poteaux électriques par terre ».
La circulation a été interdite sur la voie publique des deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, et l’aéroport de Dzaoudzi a fermé depuis 20h00 (18h00 à Paris) ce vendredi soir. L’Agence régionale de santé (ARS) demande aux patients de « ne pas se déplacer mais d’appeler le 15 », et ajoute que « les moyens médicaux ont été renforcés pour prendre en charge les personnes blessées ou malades ».
71 centres d’hébergement
La préfecture locale, elle, a demandé sur le réseau social X à la population de rester « confinée dans une habitation solide, avec à disposition un stock adapté d’eau et de nourriture ». À ceux qui vivent dans des habitations précaires, très nombreuses dans le département le plus pauvre de France, le préfet a conseillé de rejoindre l’un des 71 centres d’hébergement « ouverts à tous » dans des établissements scolaires et des gymnases. Sont concernées en priorité les 100 000 personnes logeant dans des « habitations non solides » qui ont été identifiées par les autorités.
Si elle vit aujourd’hui dans un « logement sécurisé », Fatima reste tout de même inquiète : « On va écouter la radio et faire tout ce qu’il faut ». Outre la diffusion d’une alerte SMS par les autorités, « les policiers municipaux sont allés dans chaque village », a indiqué le préfet, notamment dans les quartiers difficiles d’accès. « La priorité c’est de mettre les gens en sécurité », assure le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi, qui prépare le collège de sa commune - fermé vendredi et samedi comme tous les établissements scolaires de l’archipel - à accueillir la population.
Le maire de cette commune qui borde le littoral a aussi déployé des agents pour « dégager les abords des routes des éléments qui pourraient s’envoler et faire des dégâts », comme des carcasses de voitures. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a participé à un point de situation au centre opérationnel de gestion interministérielle des crises à Paris, confirmant l’envoi à Mayotte de 110 professionnels de la sécurité civile depuis l’Hexagone et La Réunion. « Je demande à la population de respecter les consignes des autorités », a-t-il indiqué sur X.
L’archipel de Mayotte, relativement épargné par les cyclones, avait été touché par le cyclone Belna en 2019, sans dégât majeur. Aux Comores voisines, une alerte cyclonique de niveau orange a été activée. La direction générale de la sécurité civile a ordonné la fermeture des aéroports à partir de vendredi 18h locales « en raison des conditions météorologiques extrêmes ».
À Madagascar, l’œil du cyclone s’est approché à une centaine de kilomètres du nord de l’île et a causé une pluie « abondante l’après-midi » ainsi qu’un « vent fort » avant de s’en éloigner, selon les autorités. « Plusieurs quartiers sont inondés » mais « le plus dur semble être derrière nous », a déclaré à l’AFP Cerveau Rakotoson, un habitant d’Antsiranana, principale ville du nord de l’île.
Avec AFP