A Mayotte, le RITA mobilise son réseau pour reconstruire l’agriculture après le cyclone Chido

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A Mayotte, le RITA mobilise son réseau pour reconstruire l’agriculture après le cyclone Chido

À Mayotte, le RITA a lancé, depuis le 1er janvier 2024, cinq projets ambitieux dédiés aux cultures fruitières et vivrières (banane, agrumes, igname et taro), au maraîchage, à l’agroforesterie, à l’apiculture et à l’élevage de ruminants. Autant de leviers pour répondre aux enjeux agricoles du territoire et accompagner les producteurs dans la transition vers une agriculture plus performante et durable.

 

Depuis 2011, les Réseaux d’Innovation et de Transfert Agricole (RITA) s’emploient à transformer l’agriculture ultramarine en un véritable terrain d’expérimentation et d’innovation. Leur mission ? Développer des solutions techniques et méthodologiques adaptées aux réalités locales et aux défis climatiques.

Aujourd’hui, six réseaux territoriaux, répartis dans les trois océans, travaillent main dans la main pour accompagner les producteurs et renforcer la résilience des filières agricoles. Cette dynamique collective est portée au niveau national par les Chambres d’agriculture France, l’ACTA et le CIRAD, qui assurent l’animation et la coordination du dispositif.

Relever le défi de la reconstruction agricole après Chido

 Le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, a gravement endommagé les exploitations agricoles mahoraises. Face aux pertes importantes et aux difficultés de reconstruction, la reprise rapide de l’activité agricole est un enjeu crucial pour assurer la sécurité alimentaire de l’île.

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La culture de la banane, pilier de l’agriculture locale avec 2 237 hectares recensés en 2020, représente une priorité absolue. La fenêtre de replantation étant limitée à la saison des pluies, une intervention rapide s’imposait. C’est dans ce contexte que les acteurs du projet BATIMAY du RITA Mayotte (CIRAD, Chambre d’agriculture de Mayotte et l’équipe d’animation du RITA) ont lancé, dès la mi-janvier, une série de formations spécifiques à la gestion des parcelles de bananiers en conditions post-cycloniques.

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Former, échanger, reconstruire ensemble

Dès 8h00 du matin, à Kani Keli au sud de Mayotte, une petite quinzaine de producteurs ont répondu présents à l’invitation de Lucile et Maimouna, les référentes du RITA Mayotte.

La formation a lieu en plein air, au beau milieu d’une exploitation agricole relativement épargnée par le cyclone. Nailou Yahaya, conseillère arboriculture à la Chambre d’agriculture de Mayotte, fait passer les messages techniques en shimaoré. Alliant théorie et pratique, c’est le « chombo » (machette) à la main qu’elle montre comment scarifier un tronc de bananier pour stimuler la production de rejets. Puis, Naoilou, aidée d’un agriculteur, prélève un rejet de bananier à coup de barre à mine avant d’aller le replanter sur l’espace prévu par l’agriculteur qui accueille le groupe.

Mais ces formations ne se limitent pas à la transmission de techniques culturales adaptées. Elles offrent également un espace d’échange et de solidarité. Les agriculteurs y partagent leurs inquiétudes sur les dispositifs d’indemnisation, leurs expériences post-cycloniques et leurs stratégies de relance des cultures. Cette dynamique collective favorise la mutualisation des connaissances et l’entraide entre producteurs, contribuant ainsi à accélérer la reprise agricole.

Ces sessions de formation se poursuivront chaque jeudi jusqu’à la fin de la saison des pluies et couvriront l’ensemble du territoire mahorais.

Un projet fédérateur pour mieux anticiper et apporter des réponses rapides

 Par où commencer pour la relance de la production ? Quels sont les bons gestes à adopter pour tailler un arbre cassé ? Comment nourrir mes zébus quand toute végétation a disparu ?

Après le cyclone, beaucoup de producteurs se sont retrouvés démunis une fois de retour sur leurs exploitations, lorsqu’il s’est agi de nettoyer les parcelles, reconstruire les abris, tailler les arbres, replanter pour assurer la relance de la production.

Aussi, au-delà de l’urgence immédiate, le réseau RITA capitalise sur cette expérience pour améliorer, demain, la gestion des crises agricoles dans l’ensemble des territoires ultramarins. Inspiré des retours d’expérience des précédentes catastrophes – du cyclone Belal à La Réunion à la tempête Fiona en Guadeloupe, en passant par l’ouragan Irma à Saint-Martin – un projet stratégique est en cours : la création d’un vadémécum des bonnes pratiques agricoles avant et après un cyclone.

Ce guide sera élaboré grâce aux contributions des différents RITA d’outre-mer, dont les partenaires se réuniront lors des rencontres nationales des RITA, prévues fin février au Salon International de l’Agriculture de Paris.

De l’avis de tous, voilà une initiative essentielle pour renforcer la résilience des filières agricoles face aux aléas climatiques à venir.

Plus d’infos

> Sur le RITA Mayotte : RITA Mayotte Pro

> Sur tous les RITA : COATIS

(Article rédigé avec les contributions de Lucile GAILLARD, animatrice du RITA Mayotte et Maïmouna KOANDA, animatrice du transfert des projets RITA Mayotte).