Des milliers de personnes ont marché sur la place de l’Indépendance à Paramaribo, pour protester contre la politique du gouvernement, la vie chère et les salaires toujours aussi bas, à l’initiative d’une intersyndicale. La mobilisation a dégénéré en fin de matinée, plusieurs personnes ont été blessées dont des policiers.
Entre 1.000 et 2.000 personnes se sont réunies en fin de matinée pour protester contre les hausses de prix des produits alimentaires, de l'essence et de l'électricité, accusant le gouvernement de corruption. Paramaribo la capitale du Suriname s'est transformée en scène d’émeute ce vendredi après-midi. Les manifestants ont commencé à détruire des biens publics. L’Assemblée nationale a été la cible de projectiles. L’hôtel de police sur Saramaccastraat a été saccagé et la station-service Shell de la Maagdenstraat,a été vandalisée et pillée, selon Starniuews.
Les policiers sont intervenus pour tenter de calmer la situation devenue complètement incontrôlable. Pour disperser la foule, des grenades lacrymogènes sont lancées et des tirs ont été portés par les policiers. Plusieurs personnes ont eu des malaises à cause des gaz lacrymogènes et des policiers ont été blessés.
Guno Castelen, le leader syndical déclare à Starnieuws : « En tant que dirigeant syndical, il comprend que les gens souffrent de la situation. Mais cela ne justifie pas la destruction des biens d'autrui et le pillage. Le syndicat n'est pas contre une manifestation pacifique, mais il faut faire les choses dans l'ordre ».

Une grève générale contre l'inflation, les réformes du gouvernement et ses relations avec le FMI
Cette manifestation résulte d’un climat difficile au Suriname. Le pays est plongé dans une grave crise économique, avec une inflation galopante et une dette extérieure qui a explosé. Le salaire minimum a été réévalué à la hausse soit 38SRD (1 euros 10) mais pas suffisamment compte tenu du contexte inflationniste.
Le Suriname est dans le top 10 des pays les plus inflationnistes. Les salaires n’ont pas augmenté et les prix ont augmenté. Le Suriname est fortement importateur et tout est fortement indexé sur l’US Dollar. « Ce sont surtout les enseignants et les fonctionnaires qui sont en grève. Ici tout augmente de manière drastique. Le prix des matières premières a augmenté. Le prix de la farine et donc du pain a extrêmement augmenté. Les chaînes d’approvisionnement changent. La population est à bout de souffle » témoigne une française basée à Paramaribo.
Guno Castelen, le dirigeant syndical appelle le gouvernement à entamer au plus vite des négociations avec le mouvement syndical et le monde des affaires pour changer de politique : « Des mesures doivent être mises en œuvre par phases afin que les personnes ne soient pas inutilement appauvries. L'économie doit servir les gens et non détruire les citoyens. ». Castelen rappelle que si le gouvernement est incapable d'inverser la politique, il devrait rendre son mandat.
Le président Chan Santhokhi, du parti de la réforme progressiste, élu en 2020 avait annoncé vouloir réduire la dette publique qui se chiffre à plus de 4 milliards de dollars. Le président Santokhi est sous le feu de l'opposition, mais il insiste qu'il doit réduire les coûts dans le cadre du programme de restructuration économique prévu par le programme du Fonds monétaire international. Le Suriname avait conclu un accord avec le FMI en avril 2022 pour un prêt de 690 millions de dollars sur plusieurs années mais il n'a pas respecté les conditions requises, ce qui a entraîné un gel des fonds. C’est donc une crise qui s’installe après la pandémie de Covid19 et le contexte économique mondiale difficile.
Avec Radio Peyi et AFP