Tout au long des prochaines semaines, et jusqu’en décembre à La Réunion, le Temps des Mémoires nous invite au souvenir de l’histoire de l’esclavage et des abolitions dans notre pays. Jusqu’au 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, Outremers360, partenaire du Temps des Mémoires, reviendra chaque jour avec la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) sur la façon dont ce passé vient éclairer notre présent. Dix dates pour un récit national plus juste et plus complet.
Coordonné par la FME, le Temps des Mémoires rassemble les dix journées que le calendrier républicain consacre au souvenir de l’esclavage et du combat pour son abolition. Il rassemble ainsi :
- Deux journées nationales définies par la loi :
- Le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions
- Le 23 mai, journée nationale à la mémoire des victimes de l’esclavage
Huit journées locales de commémoration de l’abolition :
- Le 27 avril à Mayotte
- Le 22 mai en Martinique
- Le 27 mai en Guadeloupe
- Le 28 mai à Saint-Martin
- Le 10 juin en Guyane
- Le 9 octobre à Saint-Barthélémy
- Le 20 décembre à la Réunion
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Cet archipel de dates raconte l’histoire singulière de chaque territoire. Mais il dit aussi quelque chose à la France toute entière. Il rappelle un crime contre l’humanité qui a duré dans l’espace colonial français plus de deux siècles. Il nous invite à honorer la mémoire de ses 4 millions de victimes : 1,5 millions de femmes et d’hommes arrachés à l’Afrique pour être vendus comme esclaves dans les colonies françaises d’Amérique et de l’Océan Indien, 2,5 millions de personnes nées dans la servitude dans ces colonies, et dont les descendants forment aujourd’hui une composante essentielle de la population française. Il nous permet enfin de mesurer comment le combat contre l’esclavage a participé à la construction de la République, dans l’Hexagone et outre-mer.
Donner du sens
Ce passé reste très mal connu de la plupart des Français. La FME a par ailleurs montré en 2020 dans une note sur les programmes scolaires que, malgré les avancées de la loi Taubira de 2001, des pans entiers de cette histoire, comme la première abolition de 1794 et la révolution haïtienne, ne sont pas enseignés dans l’Hexagone. Pour certains, il semble faire même peur. D’autres dénoncent la « repentance », cette complaisance à évoquer les pages sombres de notre histoire, au risque d’affaiblir le sentiment d’appartenance à la nation.
Les commémorations du Temps des Mémoires visent à délivrer un tout autre message. “Ses deux journées nationales marquent la présence centrale des outre-mer dans le récit national : l’Histoire de la France s’est aussi déroulée au-delà des océans, et c’est même là que, à certaines époques, s’est joué le grand combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Les huit journées locales rappellent la présence active des ultramarins dans ce récit, l’importance de leurs luttes, la profondeur de leurs contributions à la culture, aux valeurs, à la diversité françaises”, nous a indiqué la FME.
Ce n’est pas l’histoire de France telle qu’on la raconte habituellement : tout à coup, l’action principale se déplace en Guadeloupe avec les troupes révoltées de Delgrès, dans les mornes de La Réunion avec les marrons en résistance, en Guyane au contact des populations de la forêt, en Martinique autour d’Aimé Césaire, de Suzanne Roussi et de René Ménil « an tan Robè », à Mayotte en 1846 ou à Haïti (à l’époque Saint-Domingue) en 1791, et chacun de ces épisodes raconte quelque chose de ce qu’est la France aujourd’hui.
Faire passer cette idée n’est pas facile. L’ignorance de l’histoire et de la géographie des outre-mer est encore grande. Beaucoup de dates, de lieux, de personnages ne sont connus que des spécialistes, même dans les territoires où ces événements se sont déroulés. "Pour les faire connaître, nous avons besoin de plus de livres, de plus de films, de plus de chansons, de tableaux, d’émissions ou de séries qui nous les racontent" souligne la FME
C’est aussi le sens des commémorations annuelles : le Temps des Mémoires est ainsi, chaque année, l’occasion de regarder notre pays en plus grand, notre histoire en plus juste, nos valeurs en plus fort. Avec la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, c’est ce que nous vous proposons dans cette série.