Gérald Darmanin écrit aux élus guyanais pour « revenir à la réalité » de son projet de prison

Gérald Darmanin écrit aux élus guyanais pour « revenir à la réalité » de son projet de prison

Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a écrit jeudi au président de la collectivité territoriale de Guyane afin de « revenir à la réalité » de son projet d'ouverture d'un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, prévue d'ici 2028, qui a suscité l'indignation des élus locaux.

Le ministre de la Justice avait annoncé samedi dans le Journal du dimanche la création d'un quartier de haute sécurité de 60 places dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni. Il a provoqué incompréhension et colère chez les élus de Guyane, certains y voyant « un retour du bagne ».

Selon plusieurs sources contactées par l'AFP, le chef de l'État, Emmanuel Macron s'est aussi agacé mercredi lors d'un Conseil de défense d' « une proposition de prison de haute sécurité sortie de nulle part ». « Il me semble important de revenir à la réalité de ce projet », écrit Gérald Darmanin à Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale, et dont l'AFP a obtenu une copie. Le ministre précise dans cette lettre que le futur établissement pénitentiaire « répond à un besoin local impérieux ». 

Plus question comme cela avait été dit au JDD d'enfermer dans le futur « quartier de lutte contre la criminalité organisée » des détenus radicalisés condamnés pour des attentats jihadistes. Ce quartier est « destiné à isoler totalement les narcotrafiquants des réseaux qui sévissent en Guyane et aux Antilles », ajoute le garde des Sceaux.

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Gérald Darmanin souligne également que la future prison de 500 places « intégrera l'ensemble des régimes de détention nécessaires (maison d'arrêt, centre de détention, quartiers pour femmes et mineurs) ». La seule prison de Guyane, le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, accueille 983 détenus sur une capacité théorique de 614 places. « La surpopulation carcérale est un fléau », reconnait Gérald Darmanin dans sa lettre.

La prison à Saint-Laurent-du-Maroni est un projet ancien en Guyane, prévu dans l’accord de 2017, dont l'ouverture était initialement prévue en 2026. Présenté comme étant situé « au cœur de la jungle amazonienne », le site retenu se situe en réalité à quelques kilomètres de Saint-Laurent, deuxième ville de Guyane avec plus de 50 000 habitants. 

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Il s’insère dans un projet plus vaste de cité judiciaire dédié à cette ville de l’Ouest guyanais, frontalière du Suriname, qui comprendra, outre un centre pénitentiaire, un tribunal judiciaire, une antenne du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et des unités éducatives de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). 

Avec AFP