Le chef de l’État va enchaîner la semaine prochaine trois visites d'État au Vietnam, en Indonésie et à Singapour. Une nouvelle tournée pour consolider la « stratégie indopacifique » de la France, face à la Chine et aux États-Unis.
Dans « le contexte actuel d'une zone Asie-Pacifique prise entre les États-Unis et la Chine », avec Washington qui met « une pression extrêmement forte » via les taxes commerciales de Donald Trump et Pékin de plus en plus offensif sur « les contentieux territoriaux », Paris veut se poser en partenaire « fiable » et « respectueux » de la « souveraineté » et de l'« indépendance » de ces États, a expliqué la présidence française à des journalistes.
« Nous, nous défendons l'idée de règles du commerce international, nous ne souhaitons pas une jungle où la loi du plus fort s'impose », sera en substance le message du chef de l'État, selon son entourage. La tournée, après de nombreux autres déplacements depuis 2017 en Inde, en Thaïlande, dans l'océan Pacifique et récemment dans l'océan Indien, vise aussi à assurer une « diversification de nos chaînes de valeur et nos chaînes d'approvisionnement », a ajouté un de ses conseillers.
Emmanuel Macron entend notamment tordre le cou à la vision d'un « double standard » européen et occidental entre la guerre en Ukraine et le conflit à Gaza. « Nous comprenons parfaitement les sensibilités des communautés musulmanes dans la région », a expliqué ce conseiller, assurant vouloir démontrer que le président français est « particulièrement impliqué » pour « parvenir à la paix au Proche-Orient ».
En vue de la conférence que co-présidera la France avec l'Arabie saoudite en juin à l'ONU sur la solution dite « à deux États », palestinien et israélien, la reconnaissance de l'État d'Israël est aussi « un enjeu » de l'étape en Indonésie, pays à majorité musulmane le plus peuplé au monde, selon l'Élysée.
Emmanuel Macron veut aussi marteler que « la guerre menée par la Russie en Ukraine est un conflit qui a des conséquences mondiales », « y compris pour l'Asie du Sud-Est », puisqu'il « s'agit d'une remise en cause de la souveraineté » et que Moscou « déstabilise l'Asie » en « faisant combattre les soldats nord-coréens sur le sol européen contre les Ukrainiens et en soutenant les programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord ».
Le président français doit arriver dimanche soir à Hanoï, au Vietnam, où il rencontrera lundi les dirigeants. Mardi, il s’entretiendra avec des acteurs du secteur de l’énergie. Mercredi 28 mai, ce sera le tour de l’Indonésie, d’abord à Jakarta, auprès du président Prabowo Subianto, d’investisseurs indonésiens et, comme au Vietnam, un échange avec des étudiants à l’Université nationale axé sur les crises internationales est prévu.
Jeudi 29 mai, Emmanuel Macron ira à Yogyakarta, dans le centre de l’île indonésienne de Java, pour une séquence à l’Académie militaire où de nouveaux projets seront lancés avec le président Prabowo. Après l’Indonésie, le chef de l’État s’envolera à Singapour, vendredi 30 mai, où il enchaînera rencontres officielles et avec des investisseurs, avant de prononcer un discours au Dialogue Shangri-La, le plus grand sommet de défense d’Asie.
La même semaine, la Chine doit accueillir une réunion diplomatique avec plusieurs États insulaires du Pacifique, l’objectif étant de resserrer ses liens avec cette région stratégique. Les chefs de la diplomatie de 11 pays, dont Kiribati, les Îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Fidji, y participeront.