Sciences Po lance la Chaire Outre-mer et les changements globaux, une gouvernance remaniée sous le signe du collectif

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Sciences Po lance la Chaire Outre-mer et les changements globaux, une gouvernance remaniée sous le signe du collectif

C’est au cœur des locaux de Sciences Po, place Saint-Thomas d’Aquin, qu’a été inaugurée la nouvelle version de la Chaire Outre-mer, rebaptisée Chaire Outre-mer & Changements globaux. Un tournant stratégique pour cette structure scientifique dédiée aux territoires ultramarins, désormais résolument tournée vers les enjeux climatiques, écologiques et sociaux du XXIe siècle.
 

Un esprit de renouveau porté par Camille Mazé-Lambrechts

La soirée, placée sous le patronage de Manuel Valls, ministre d’État chargé des Outre-mer, et en présence directeur de Sciences Po Luis Vassy, a été l’occasion d’officialiser la nomination de Camille Mazé-Lambrechts à la tête de la chaire. Directrice de recherche au CNRS, affectée au CEVIPOF, elle succède à Martial Foucault, qui avait dirigé la chaire depuis sa création en 2021.

« L’esprit de cette relance, c’est la connexion. Connexion entre disciplines, entre arts et sciences, entre territoires ultramarins et centres de décision », explique Camille Mazé-Lambrechts. Pour elle, cette nouvelle dynamique vise à « reconnecter ce que l’histoire coloniale et scientifique européenne a longtemps séparé : nature et culture ». La nouvelle titulaire de la chaire a montré une forte volonté d'associer le plus garnd nombre d'acteurs.

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De la science politique à l’interdisciplinarité

Sous sa précédente version, la chaire s’était principalement concentrée sur l’analyse politique classique (enquêtes électorales, études institutionnelles). Avec sa version 4.0, elle s’élargit : sciences sociales, écologie, biogéochimie, droit, gouvernance, climatologie… un croisement des disciplines au service des Outre-mer face aux « changements globaux ».

Ces derniers sont définis de manière rigoureuse : changements biophysiques, climatiques, environnementaux et sociaux. Il s’agit, selon la titulaire, de dépasser les approches en silos : « La vie chère, par exemple, ne peut être pensée sans considérer les impacts du transport maritime, les monopoles économiques ou encore les enjeux de biodiversité et de souveraineté alimentaire ».
 

Trois axes prioritaires de recherche

La chaire se structure autour de trois grands piliers d’action :

• Risques bio-physiques et socio-environnementaux : évaluation de la santé des écosystèmes, des impacts sur les sociétés, et co-construction de diagnostics partagés avec les acteurs locaux.

• Démocratie et souveraineté : analyse des systèmes politiques, des normes juridiques, et des enjeux liés à la confiance dans les institutions face aux crises.

• Transformation socio-écologique : observation des capacités de transformation des sociétés ultramarines, co-construction de scénarios de durabilité, et transfert des savoirs scientifiques et locaux.

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Une soirée entre art, science et engagement

L’inauguration fut aussi un moment culturel et symbolique : l’exposition « Sous les étoiles » de l’artiste Titouan Lamazou a servi de cadre sensible à cette réflexion académique.Il a également présenté le bateau-atelier, un partenariat pour la Chaire. Une table ronde a réuni chercheurs, scientifiques et artistes autour des défis ultramarins.

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Un outil pour les décideurs, une fierté pour les territoires

Pour Manuel Valls, cette chaire constitue un levier stratégique pour penser les politiques publiques autrement : « On a besoin de temps long, d’expertise, d’analyse territorialisée. Cette chaire peut éclairer l’action politique, tout en préparant les Outre-mer à produire leurs propres élites ».

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Charles Baudry