Il faut rester "très prudent sur les délais" que pourra prendre la reconstruction dans l'archipel de Mayotte, entièrement dévasté par le cyclone Chido il y a plus d'une semaine, a prévenu dimanche François-Noël Buffet, ministre démissionnaire des Outre-mer.
Le Premier ministre François Bayrou a espéré jeudi que la reconstruction puisse se faire dans des délais "brefs", "peut-être deux ans". "Je pense qu'il faut être très prudent sur les délais. Les dégâts sont tels qu'il faut faire, bien sûr, le plus rapidement possible" mais "de la manière la plus qualitative", a déclaré François-Noël Buffet au Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat, ce dimanche. "Il ne faut pas donner de délai trop rapide (...). Si on arrive à le faire en deux ans, c'est parfait. Si on n'y arrive pas, ce sera peut-être trois", a ajouté le ministre, qui a passé une semaine sur place. "Tout est à reconstruire à Mayotte. La végétation a totalement disparu, les +bangas+ (habitats précaires) ont été soufflés, un amas de tôles et de détritus partout", a-t-il rappelé, faisant état de 35 décès, plus de 79 blessés graves et un peu plus de 3.000 blessés légers recensés à ce jour.
"Le bilan (...) humain sera-t-il connu ? On n'est pas capable de le dire aujourd'hui, il faut avoir cette honnêteté", a-t-il précisé, rappelant que la majorité des habitants étant de confession musulmane, "l'enterrement se fait rapidement dans un délai de 24 heures". Le ministre a également confirmé que l'eau serait "à 90% rétablie d'ici la fin de la journée, au plus tard demain matin" lundi. "90% des réseaux, c'est quasiment plus de 70% de la population qui a déjà accès à l'eau dans des conditions particulières, deux jours sur trois, huit heures par jour", a-t-il ajouté.
La loi spéciale promise par le président Emmanuel Macron pour rebâtir Mayotte, qui s'inspire du dispositif voté après les émeutes de 2023 dans l'Hexagone suite à l'affaire Nahel, pourrait être examinée à l'Assemblée "dès la première semaine de janvier", a appelé de ses voeux M. Buffet. Cette loi doit permettre "d'alléger les procédures administratives, notamment en matière d'urbanisme" et prévoit la création d'un établissement public particulier pour Mayotte disposant de moyens financiers.
La reconstruction passe également "par la lutte contre l'immigration irrégulière", ce qui implique selon lui de modifier le droit du sol. "Ca pose la question simplement du délai au terme duquel on peut devenir citoyen français, ça ne pose pas de difficultés", a-t-il estimé. "Il y a le moment où on protège tout le monde et on soigne tout le monde" et "le moment où on dit, non, c'est fini, il faut raccompagner."
Avec AFP