Unique ultramarin Meilleur Ouvrier de France en photographie d’art, le Martiniquais Franck Charlery-Adèle a participé le 6 janvier à la traditionnelle cérémonie de la Galette de l’Epiphanie à l’Elysée, réunissant les représentants de la profession des artisans boulangers - pâtissiers, les Meilleurs ouvriers de France et Meilleurs apprentis de France et les lauréats des Rabelais des jeunes talents de la gastronomie. L’occasion pour Outremers 360 de revenir sur son parcours.
La rencontre de Franck Charlery-Adèle avec la photographie débute dès son plus jeune âge. Grandissant dans une famille modeste et aimante, Franck Charlery-Adèle âgé de 7 ans tombe sur un vieil appareil photo appartenant à son oncle. «Je prenais des photos mais je n’arrivais pas à prendre les clichés que je souhaitais. C’est en me rendant chez un photographe que l’appareil a un trou faisant entrer la lumière. Résultats : l’ensemble de mes photos étaient voilés ! À partir de là, j'ai persévéré et je me suis fait offrir un appareil photo. C'est ma sœur aînée qui m'a aidé à maîtriser l'appareil photo». Dès lors, l'environnement, l'extérieur devient son terrain de jeu. Le jeune photographie toutes les décors qui se présentait à lui. « Je photographiais les champs, les papillons, les paysages. A l'époque, il fallait attendre 24 heures pour avoir ses photos développés. Avec l'appareil qu'on m'avait offert, je faisais beaucoup de photos et j'avais la chance de les avoir le lendemain.»
En classe de seconde, c’est tout naturellement que Franck Charlery-Adèle s’oriente vers le club photo de son lycée, où il peut développer sa passion. «Cela m'est arrivé de sécher les cours de philo pour aller dans le laboratoire photo pour sortir des négatifs et ensuite tirer mes photos. Ma mère m’a ensuite acheté un agrandisseur et j'utilisais la salle d'eau pour pouvoir développer mes photos.» Dès cet instant, le jeune Franck Charlery-Adèle ne manque pas une occasion d’appuyer sur le déclencheur de son appareil, afin d’immortaliser de nombreux moments de sa jeunesse, de son environnement. « Lorsque nous sortions souvent à la plage, à la plage et je faisais plein de photos pour mes amis. Et le soir, tandis qu’ils allaient en surprise-party, je restais dans mon laboratoire pour pouvoir sortir les photos. A la fin des soirées, j’étais présent pour leur montrer les photos que nous avions faites la veille.»
« Rencontre avec la lumière »
Franck Charlery-Adèle y décrit sa passion pour la photographie comme une « rencontre avec la lumière». «La lumière est comme un outil pour pouvoir magnifier tout ce que je vois autour de moi. J'aime les belles choses, j'aime les belles personnes, j'aime les beaux paysages. La photographie, c’est pouvoir créer une image à partir de ce que je vois, sublimer cette image tout en transmettant des émotions».
Par manque de structure de formation sur la photographie en Martinique, il apprend le métier en autodidacte. Au début des années 1980, il obtient son CAP puis s’inscrit à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Dix ans plus tard, il installe son studio à Rivière-Salée, sur les conseils de sa mère.
Démarché par un commercial du magazine Créola pour l’achat d’un espace publicitaire, Franck Charlery-Adèle sera finalement contacté en octobre 1995 par le rédacteur en chef du magazine après le faux-bond du précédent photographe. Habitué à la photographie de mariage, le Martiniquais s’initie à la photographie de mode. L’essai sera concluant et donnera naissance à une collaboration qui durera 25 ans.
Animé par cette volonté de sublimer ses clients, Franck Charlery- Adèle se professionnalise dans les portraits. Il développe même sa touche particulière, « La Légende». Inspiré du Studio Harcout, Franck Charlery- Adèle va sublimer de nombreuses personnalités martiniquaises. « Parmi mes expériences, j’ai été président du groupement des photographes en Martinique, nous avons fait le déplacement au Studio Hartcourt pour que mes collègues compatriotes de la Martinique puissent maîtriser le style de photographie : en noir et blanc très artistique, très pure, cet éclairage différent qui rappelle ces grandes stars comme Marilyn Monroe ou encore Gary Grant.Photographier en noir et blanc à la manière des stars hollywoodiennes est devenu ma marque de fabrique. C’est d’ailleurs encore l’un de mes produits-phare avec les photos de profil pour les réseaux sociaux».
Reconnaissance
Après des décennies à sublimer avec la lumière ses clients, passer de l’argentique au numérique, Franck Charlery-Adèle reçoit en juin 2023 la consécration ultime pour tout artisan. Il est sacré meilleur ouvrier de France en photographie d’art, l’aboutissement d’une quarantaine d’années de travail pour celui qui a débuté comme autodidacte « C'est une méga-récompense de l'univers. D'ailleurs, je suis encore à mon petit nuage. Lors de cette 27ème promotion « Albert Lebrun», je suis le doyen de ma promotion, ce qui fait que je suis doublement mis à l'honneur lors de ce moment ».
Un titre qui lui permet en janvier 2025 de participer à la traditionnelle cérémonie de la galette de l’Epiphanie.« Je repars avec un beau selfie de moi en compagnie d'Emmanuel Macron, le président de la République. Ce n'est pas rien. On croirait être de grands amis».
Le Martiniquais se dit confiant en l'avenir en voyant l’émergence de la nouvelle génération de photographes martiniquais. « Nous avons beaucoup de jeunes photographes talentueux et incroyables». Il espère que ces nouveaux professionnels viendront agrandir les rangs des meilleurs ouvriers de France. «Il faut prendre le temps de s'éduquer artistiquement et vraiment maîtriser l'art de la photographie, de pratiquer souvent et de croire en eux, en leur potentiel. Cependant, pour devenir meilleur ouvrier de France, il faut être polyvalent. Il faut savoir faire de la photo de sport, de la photo très créative»
Désormais, Franck Charlery-Adèle souhaite faire renforcer les formations en photographie disponibles en Martinique. « Je nourris comme projet, avec le concours de la Chambre de métier en Martinique, dont le président est un homme exceptionnel, Henri Salomon, de monter une école permettant de former les photographes afin qu'ils atteignent le titre de Meilleur ouvrier de France».