Lors d'un briefing presse avec la presse locale ce mardi, l'Elysée a détaillé les grandes lignes du déplacement du Président de la République Emmanuel Macron en Guyane, attendu les 25 et 26 mars prochains. Une visite de deux jours au cours de laquelle divers thèmes seront abordés : orpaillage illégal, souveraineté alimentaire, spatial, lutte contre le trafic de stupéfiants.
Après la Nouvelle-Calédonie en septembre dernier, le Président de la République Emmanuel Macron se rendra en Guyane les 25 et 26 mars prochains pour son second déplacement en Outre-mer depuis sa réélection.
Un voyage présidentiel qui revêt selon l'Elysée, une symbolique importante : « Ce déplacement correspond à plusieurs dates d'anniversaires : le déplacement du Général de Gaulle en mars 1964 pour le lancement du centre spatial guyanais, la première commémoration du décès d'Arnaud Blanc, le gendarme du GIGN tué lors d'une opération de lutte contre l'orpaillage illégal mais également le début de la crise sociale ayant abouti aux Accords de Guyane », en mars 2017.
Sept ans après son premier déplacement sur le territoire, ce déplacement du chef de l'Etat s'articule autour de quatre enjeux. « Il s'agit de marquer l'ancrage régional des outre-mer dans leur environnement, la volonté de répondre aux discours de « mise sous cloche des poids de normes » et de trouver l'équilibre entre simplification et adaptation des normes, poursuivre le dialogue avec les élus guyanais, de rappeler l'engagement de l'Etat en Guyane depuis 2017 avec le plan d'urgence et les questions régaliennes, et l'ambition portée pour le spatial avec Ariane 6 et les mini-lanceurs afin de pérenniser cette activité en Guyane».
Plusieurs séquences rythmeront cette visite de deux jours sur le sol guyanais. Dès son arrivée à Cayenne, Emmanuel Macron qui sera accompagné du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin et de la ministre déléguée en charge des Outre-mer Marie Guévénoux participera à Cayenne à une cérémonie républicaine en hommage à Arnaud Blanc en présence de sa veuve.
Toujours dans le chef-lieu, le Président abordera la thématique de souveraineté alimentaire avec la visite du marché d'intérêt régional pour un séquence pêche, suivi d'une visite d'une exploitation agricole à Matoury. Puis direction Camopi pour discuter de la problématique de la lutte contre l'orpaillage illégal et une séquence en forêt avec les habitants et en présence des agents du Parc amazonien guyanais.
Dans la soirée, le Président de la République consacrera un temps d'échanges avec les élus guyanais (Président de la CTG, parlementaires et maires). L'Elysée a assuré que le Président de la République s'exprimera lors de ce moment de l'évolution statutaire avec les élus guyanais sans donner davantage de détails sur le format de cette rencontre. Le second jour de sa visite, Emmanuel Macron ira au centre spatial guyanais de Kourou, visiter le pas de tir d'Ariane 6, rencontrer les entreprises guyanaises collaborant avec le centre spatial, avant d'effectuer un visite du navire Canopée, le cargo hybride à assistance vélique ayant transporté les éléments du lanceur Ariane 6, un navire unique au monde.
Avant de poursuivre son déplacement au Brésil, Emmanuel Macron assistera à une démonstration du dispositif 100% contrôle passagers à l'aéroport Félix Eboué, un dispositif lancé à l'issue des Assises de Sécurité en 2022 pour contrer le phénomène des mules, acheminant la drogue vers l'Hexagone. Emmanuel Macron se déplacera au Brésil du 26 mars au 28 mars, d'abord à Bélem, à Sao Paulo et Brasilia. Une délégation de cinq élus et d'entreprises guyanaises accompagnera le chef de l'Etat au cours de ce déplacement dans le pays sud-américain.
Si pour l’heure les annonces sont réservées pendant le déplacement, l’Élysée a déjà assuré que « l’ambition du président de la République est de rendre possible et accompagner le développement du territoire, prometteur riche d’une biodiversité exceptionnelle, d’une forêt à préserver mais aussi riche d’un potentiel qui soit être mis au service du territoire, et de son développement économique, de sa croissance démographique ».
« Territoire de paradoxe » ou le « niveau de production locale qui ne répond pas à la demande » malgré un environnement propice à l’agriculture, Emmanuel Macron dit vouloir « donner à la Guyane les moyens d’atteindre son autonomie et sa souveraineté alimentaire avec une ambition forte », rappelant que « certains nombres de travaux déjà conduits pour identifier les freins et opportunités ». Qui dit développement agricole dit toutefois foncier, « sujet important pour les Guyanais, qui faisait partie des accords » de 2017.
Dans un domaine où l’État est largement propriétaire, plus de 90% du foncier, « le Président aura l'occasion d'endosser des objectifs ambitieux à 2030 de production pour les différentes filières agricoles », assure-t-on du côté de l’Élysée, qui évoque un « transfert du foncier vers les agriculteurs pour qu'on puisse installer des élevages ovins, des élevages de volailles, de la production ». On annonce aussi « un travail de simplification des normes et règlements d'adaptation à ce territoire », mais aussi un équilibre entre « entre protection des forêts tropicales », avec un « certain nombre d’investissements nouveaux », et développement économique, « démonstration de l'excellence de l'écologie à la française ».
À Kourou, le chef de l’État entend « apporter son soutien aux équipes qui travaillent d'arrache-pied pour préparer le lancement d’Ariane 6 », prévu cet été. Emmanuel Macron devrait aussi insister sur l’avenir de la filière aérospatiale et ses transformations, « avec notamment le développement de micro et de mini-lanceurs ». « Des investissements très importants ont été décidés pour préparer les pas de tir et faire de Kourou le véritable port spatial de l'Europe, capable (…) d'être l'endroit dans lequel l'ensemble des Européens envoient leur fusée ». « On aura des annonces sur ce sujet-là » assure-t-on. Un volet énergie sera aussi au programme, avec le développement de l’hydrogène, tout comme la formation, à la fois du personnel hexagonal mais aussi des Guyanais.
Sur l’orpaillage illégal, on évoque entre autres « l'installation de la mine légale » pour contrer les orpailleurs illégaux qui s’installent sur des « portions de forêts sans activités » : « on a un intérêt à avoir une exploitation légale qui respecte les normes et qui fait, proprement, une activité bénéfique pour la Guyane ». Concernant l’évolution institutionnelle, l’Élysée rappelle que « le président a ouvert le dialogue », à travers une mission de deux experts institutionnels, et « ce déplacement sera l'occasion de le poursuivre avec les élus ».