Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul :« On peut croiser chez nous, autour d’une même table, un grand patron, un lauréat du Choiseul Afrique et une lauréate du Choiseul Outre-Mer : c’est aussi dans ces croisements que naît la richesse du réseau Choiseul »

© Bogdan Mihai-Dragot

Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul :« On peut croiser chez nous, autour d’une même table, un grand patron, un lauréat du Choiseul Afrique et une lauréate du Choiseul Outre-Mer : c’est aussi dans ces croisements que naît la richesse du réseau Choiseul »

Le 9 juillet dernier, l’Institut Choiseul organisait sa Garden Party annuelle dans les jardins du Cercle de l’Union Interalliée, à Paris. Près de 500 invités étaient réunis pour l’occasion : dirigeants, lauréats des différents palmarès de l’Institut et partenaires. Certains avaient fait le déplacement depuis très loin. En effet, le lancement du Top 40 Choiseul Outre-Mer a permis de mettre à l’honneur, cette année, les futurs leaders de ces différents territoires. Alors que de nombreuses institutions s’apprêtent à marquer une pause estivale avant une rentrée riche en événements, Outremers360 a rencontré Pascal Lorot, président de l’Institut Choiseul, afin de faire le point sur les projets réalisés et ceux à venir.

 

Outremers360 : Quels étaient les objectifs à l’origine de la création du Top 40 des jeunes leaders économiques ultramarins ?

Pascal Lorot : Depuis 2013, l’Institut Choiseul repère et valorise les talents économiques qui façonnent l’avenir à travers des classements de référence. Ceux-ci ne sont pas de simples palmarès figés : ils donnent naissance à de véritables communautés actives, connectées et engagées dans les grands débats économiques. Le Top 40 Outre-Mer s’inscrit dans cette dynamique. Il met en lumière une génération de décideurs de moins de 40 ans qui portent, depuis leur territoire, des projets structurants à fort impact. L’objectif est de renforcer leur visibilité, de favoriser les synergies économiques et de créer des passerelles durables entre les Outre-mer, l’Hexagone et les réseaux d’influence nationaux et internationaux...

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Quelle est la vision stratégique de l’Institut Choiseul à l’égard des territoires ultramarins ?

Les Outre-mer sont avant tout une force pour la France : par leur potentiel économique, leur jeunesse, leur créativité, leur positionnement géostratégique. Leur influence dépasse le cadre local et participe pleinement aux équilibres nationaux et internationaux. À l’Institut Choiseul, nous les considérons comme des territoires d’avenir. Notre ambition est de contribuer à leur dynamisme et à leur rayonnement, en valorisant les talents qui y émergent, en facilitant leur mise en réseau et en les inscrivant au cœur des grandes transitions (économiques, écologiques et technologiques) en cours.

Quel est l’impact du Top 40 Choiseul Outre-mer en termes de visibilité, d’image ou d’influence pour ces jeunes leaders ultramarins ?

Depuis plus de dix ans, les classements publiés par l’Institut Choiseul, qu’il s’agisse du Choiseul 100 France, du Choiseul Africa ou des classements régionaux et thématiques, ont permis à de nombreux lauréats de franchir des caps décisifs dans leur trajectoire professionnelle. Pour beaucoup, ces palmarès ont été de véritables accélérateurs. Le Top 40 Outre-Mer s’inscrit dans cette logique. Au-delà de la mise en lumière, il offre un cadre structuré de mise en réseau. On fait le pari que 1 + 1 peut valoir un peu plus que deux : que la rencontre entre talents, secteurs et territoires fait émerger des projets collectifs, de l’entraide et des initiatives nouvelles.

Quel rôle joue l’Institut après la nomination ? Y a-t-il un suivi, un accompagnement ou des opportunités concrètes proposées ?

Absolument. L’Institut anime une véritable communauté de dirigeants. Les lauréats sont invités à participer à des événements, à contribuer à des publications ou à prendre part à des initiatives collectives. Nous privilégions une logique d’accompagnement dans le temps, fondée sur la mise en réseau, la coopération, etc.

Avez-vous constaté des retombées concrètes depuis la création du programme ?

On nous parle souvent de l’impact en termes de communication au moment de la publication du classement, ce qui est réel et précieux, mais les retombées se prolongent bien au-delà. Plusieurs lauréats ont vu leur profil renforcé dans leur écosystème, ont accédé à de nouvelles responsabilités, ou ont noué des coopérations interrégionales ou sectorielles.

Le classement joue un rôle de catalyseur, en accélérant des dynamiques souvent déjà en germe. Bien sûr, à chacun de s’en saisir : le rayonnement, les opportunités ou les connexions créées dépendent aussi de l’implication personnelle et d’une démarche proactive dans la communauté.

Avez-vous remarqué des différences de profils, de parcours ou d’ambitions selon les régions (Antilles, Océan Indien, Pacifique) ?

Oui, chaque bassin économique ultramarin exprime des singularités, liées à son tissu économique, son histoire, ses atouts économiques. Dans les Antilles, on observe une forte vitalité entrepreneuriale, notamment dans l’agrotransformation ou le commerce. Dans l’Océan Indien, plusieurs lauréats s’engagent dans des secteurs comme la santé, l’économie circulaire ou la mobilité. Et dans le Pacifique, certains profils se distinguent par leur capacité à conjuguer innovation technologique et préservation des ressources. Ces exemples ne sont pas des grilles d’analyse prescriptives, mais des illustrations qui donnent à voir la richesse et la diversité des Outre-mer. Elles rappellent que ces territoires ne forment pas un bloc homogène, mais autant de trajectoires, de contextes et d’expertises singulières.

Comment adaptez-vous votre approche pour répondre à ces réalités locales ?

Notre approche repose sur une écoute active et sur des relais de confiance dans les territoires. Plutôt que d’imposer un modèle unique, nous cherchons à faire émerger des formats adaptés aux dynamiques locales, en lien avec les attentes des acteurs sur place.

Cette année, par exemple, en partenariat avec la BRED-Banque Populaire qui soutient l’initiative, nous avons réuni à La Réunion plusieurs lauréats du classement pour un temps d’échange convivial et stimulant. D’autres occasions de rencontre verront le jour, à mesure que la communauté s’étoffe. Et quand les lauréats ultramarins sont de passage dans l’Hexagone, nous sommes toujours heureux de les accueillir et de les associer à nos événements à Paris. On peut alors croiser chez nous, autour d’une même table, un grand patron, un lauréat du Choiseul Afrique et une lauréate du Choiseul Outre-Mer : c’est aussi dans ces croisements que naît la richesse du réseau Choiseul.

Quels sont les temps forts et événements prévus pour vous en 2025 ?

Plusieurs temps forts viendront rythmer la vie de la communauté Choiseul Outre-Mer. En complément de l’événement à La Réunion organisé avec la BRED, nous avons eu le plaisir de retrouver plusieurs lauréats ultramarins à l’occasion de notre Garden Party annuelle en juillet, qui a réuni plus de 500 décideurs issus de l’ensemble des réseaux Choiseul.

D’autres temps forts sont en préparation et viendront accompagner la sortie de l’édition 2025 du Top 40 Choiseul Outre-Mer. Ce classement est mis à jour chaque année en fonction de l’âge et de l’évolution professionnelle des profils. Certains lauréats y resteront, d’autres laisseront place à de nouveaux visages : un renouvellement naturel, reflet d’un écosystème vivant et en mouvement.

Avez-vous pour ambition d’étendre le classement Outre-mer à d’autres thématiques, profils ?

Nous accordons une attention particulière à la présence de femmes dans nos classements, qui se féminisent progressivement à mesure que l’économie elle-même évolue. Plus globalement, nous avons à cœur de mettre en exergue les profils de porteurs de projets à impact, qu’il soit social, environnemental ou territorial. Nous privilégions des profils implantés, actifs sur place, au cœur des réalités économiques et sociales des Outre-mer. C’est cette proximité qui donne toute sa légitimité et sa richesse au classement. Notre objectif premier, à court terme, est de continuer à consolider et étendre cette base, en renforçant les liens entre les lauréats et en les connectant toujours davantage aux autres communautés Choiseul. C’est dans ces croisements que le réseau prend toute sa force.

Abby Said Adinani