« Notre État doit continuellement s’adapter aux territoires ultramarins dans une co-construction », déclare le général Lavergne, commandant de la gendarmerie d’Outre-mer

« Notre État doit continuellement s’adapter aux territoires ultramarins dans une co-construction », déclare le général Lavergne, commandant de la gendarmerie d’Outre-mer

Nommé il y a un an commandant de la gendarmerie d’Outre-mer, qui y administre les personnels, le général Lionel Lavergne a été auditionné ce 25 janvier par la Délégation sénatoriale aux Outre-mer, pour évoquer ses fonctions dans les territoires ultramarins dans le cadre du rapport d'information sur l'adaptation des modes d'action de l'État dans les Outre-mer.

 

« Notre État doit continuellement s’adapter aux territoires ultramarins », a déclaré le général Lavergne dans son introduction, et cela « dans une co-construction ». « La gendarmerie dans les Outre-mer, c’est 7200 militaires et civils, répartis sur les trois océans et l’Amérique du Sud avec la Guyane. Ce sont 3900 officiers et sous-officiers affectés dans ces territoires, 1500 réservistes étant tous originaires de ces territoires, 1500 gendarmes mobiles non affectés appelés à venir en renfort, et 300 membres du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale, ndlr) » a-t-il précisé.

Ces 7200 militaires sont répartis en dix commandements de la gendarmerie, le dernier ayant été créé pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy. « Cela illustre la volonté de l’État et de son ancrage territorial. Sur la volonté du ministre de l’Intérieur, il y aura dans les toutes prochaines semaines la nomination d’un préfet pour ces territoires mais nous avons anticipé en y créant un commandement depuis le 2 janvier », a annoncé général Lavergne. Ce commandement sera ainsi un commandement propre à Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Des chiffres importants révélés par le général, la gendarmerie dans les Outre-mer concerne 70% de la population locale et 5,5% des effectifs au niveau national. Il a également rappelé l’importance de l’éloignement pour la coordination dans sa fonction et d’un contact fondamental avec l’International. « Les problématiques auxquelles nous sommes confrontées sont interdépendantes de notre voisinage immédiat. Les territoires ultramarins ont dans leur proximité 35 pays », a souligné le général Lavergne, « donc la notion de coopération de proximité est fondamentale dans les domaines délictuels et criminels ».

Il a également relevé le grand écart, dans les territoires ultramarins, des statuts juridiques, des cultures et des identités. « Il faut que le gendarme s’adapte à cela, et c’est fondamental. On exerce pas un métier de gendarme Outre-mer comme on le fait dans l’Hexagone », a ajouté le général Lavergne. Par ailleurs, les territoires ultramarins ont des phénomènes de délinquance importants. « Ce sont par exemple 15% des atteintes aux biens, 25% des atteintes aux personnes, 10% des violences intrafamiliales, 30 % des homicides et tentatives d’homicides, plus de 50% des vols à main armée constatés par la gendarmerie. C’est aussi un quart de la grande criminalité au niveau national. De ce fait nos gendarmes sont soumis à une violence qui est plus importante que dans l’Hexagone », a-t-il déploré.

 Au total c’est 50% du nombre d'agressions en 2023 pour toute la gendarmerie nationale qui ont été commis dans les territoires ultramarins. « Concernant toutes ces particularités, la gendarmerie est une institution qui s’adapte en permanence, qui essaie d’être en constante évolution et de se remettre en question, au niveau local comme au niveau central », a expliqué le général Lavergne. « Mon rôle est une oscillation permanente entre le terrain et Paris. Je délivre des appréciations de situation à mon directeur général au cabinet du ministre qui tiennent compte de ce discernement nécessaire entre chaque territoire ».

Le général a souligné la nécessité d’un dispositif opérationnel souple et résilient pour les Outre-mer, c’est-à-dire des moyens d’autonomie pour gérer parfois des situations d’urgence en attendant des renforts qui peuvent mettre du temps à arriver. Cela a été notamment le cas à La Réunion lors de la crise climatique avec le cyclone Belal. « Il a aussi la mise en place de structures dédiées à la gestion de phénomènes criminels. Nous avons des Task Forces qui sont destinées à appuyer la gendarmerie en liaison avec les autorités judiciaires sur des phénomènes particuliers lorsqu’il y a des enquêtes en cours. (…) La Task Force c’est l’envoi de spécialistes dans un temps et pour un phénomène donné », a affirmé le général Lavergne.

 

PM