Le nombre de bateaux de migrants interceptés à Mayotte en 2024 a baissé de 25% par rapport à 2023, et celui des expulsions d'étrangers de 21%, selon un bilan officiel de la lutte contre l'immigration clandestine dans l'archipel français de l'océan Indien.
En 2024, 493 kwassa-kwassa, soit 61% des embarcations de fortune détectées, ont été interceptés, contre 661 (79%) en 2023, selon ce document de la préfecture de Mayotte consulté vendredi par l'AFP. Seuls 70 km séparent Mayotte de l'île comorienne d'Anjouan, d'où partent sur de rudimentaires barques en bois de nombreux candidats à l'émigration vers la France. Dans le 101e département français, 48% de la population est de nationalité étrangère et 95% de ces étrangers sont Comoriens, selon l'Insee.
Les reconduites à la frontière ont également été moins nombreuses: au total, 19.262 personnes ont été expulsées de Mayotte en 2024, après 24.467 en 2023, soit une baisse de 21%. La préfecture a expliqué à l'AFP ces chiffres en baisse par "plusieurs épisodes majeurs ayant fortement perturbé l'activité opérationnelle tout au long de l'année".
Les services de l'État invoquent en premier lieu les cinq semaines de blocage général de janvier et février 2024 quand un collectif de citoyens, rejoint par des habitants, avait organisé des barrages routiers pour protester contre l'immigration illégale.
En outre, relève la préfecture, le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, a "mobilisé les services de l'État sur d'autres priorités urgentes". Dans le même temps, ce phénomène météorologique a causé de lourds dégâts sur plusieurs bateaux intercepteurs et détruit certains radars de surveillance utilisés pour identifier l'arrivée des kwassa-kwassa.
Pour intensifier la lutte contre l'immigration illégale, Emmanuel Macron a promis, en visite à Mayotte en avril dernier, le lancement d'une opération "mur de fer" visant à expulser au moins 35.000 personnes par an du territoire.
Dans ce cadre, les autorités françaises prévoient de déployer davantage de radars et d'intercepteurs, d'organiser la montée en puissance du groupe d'appui opérationnel de la police aux frontières et de créer une coopération avec les pays de la région afin de mettre en place "une zone d'attente pour les immigrés en situation irrégulière".
Le Conseil constitutionnel a validé jeudi, à quelques réserves près, la loi du gouvernement pour "refonder Mayotte", qui vise notamment à durcir les règles sur l'immigration et à lutter contre l'habitat informel dans le département le plus pauvre de France.
Avec AFP