Dans un courrier adressé au ministre des Outre-mer, Manuel Valls et au Premier ministre François Bayrou, la Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) et de nombreuses organisations patronales des Outre-mer alertent sur les conséquences de coupes « d’une ampleur inédite » dans les dispositifs de soutien à la compétitivité et à l'investissement. Les représentants des entreprises ultramarines dénoncent une « injustice économique » dans les orientations budgétaires que le gouvernement préparerait pour 2026.
Selon les signataires, le projet de loi de finances (PLF) 2026 et celui du PLFSS 2026 prévoiraient des réductions massives sur les allègements de charges sociales (LODEOM) et sur la défiscalisation des investissements, des mesures pourtant conçues pour compenser les handicaps structurels des territoires ultramarins. Les économies évoquées pourraient atteindre 150 à 350 millions d’euros par an rien que sur la LODEOM sociale.
Les représentants pointent aussi une réduction spécifique de 10 % des taux d’avantages fiscaux pour l’investissement outre-mer, y compris pour la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie, alors que ces dispositifs ont déjà été affaiblis en 2024.
Un risque social et économique majeur
Pour les acteurs économiques, ces mesures aggraveraient le chômage, déjà deux fois plus élevé que dans l'Hexagone (14 % contre 7,4 % en 2024), et menaceraient les petites entreprises, la production locale et le pouvoir d’achat. Les jeunes ultramarins seraient particulièrement touchés : le taux de chômage des 15-24 ans dépasse les 30 % dans certains territoires. « Alors que les handicaps structurels, le chômage, la vie chère et la précarité minent déjà nos territoires, le Gouvernement choisit délibérément d’ébranler la production locale, principal bénéficiaire de la LODEOM», dénonce la Fedom.
L’IEDOM souligne également une hausse préoccupante des défaillances d’entreprises outre-mer depuis début 2025, à rebours de la tendance nationale.
Une rupture de confiance
Ces annonces sont jugées incohérentes avec les engagements du CIOM 2023, où le gouvernement s’était engagé à renforcer les leviers de compétitivité et d’emploi dans les territoires. Les signataires dénoncent un décalage entre la communication rassurante du Premier ministre sur le terrain et la réalité des arbitrages budgétaires.
La fédération appelle à faire de l’emploi “la mère des batailles” dans les Outre-mer : «L’ambition du plein emploi mérite de s’élargir aux Outre-mer. Chacun des territoires ultramarins doit être considéré comme un bassin d’emplois à dynamiser, avec des engagements programmatiques mesurables, et des moyens dédiés et stables.»
À ces coupes budgétaires s’ajoute l’inquiétude autour du projet de loi de «utte contre la vie chère dans les Outre-mer. La baisse du seuil de revente à perte, calculée sans les frais d’approche, pourrait selon eux favoriser les grands groupes, écraser les plus petits distributeurs et fragiliser la production locale.
Un appel à la concertation
Les organisations demandent une loi de programmation pour le développement économique et l’emploi outre-mer, avec des engagements mesurables et stables. Elles souhaitent un dialogue ancré dans les réalités locales, et jugent inopportune la réunion prévue le 12 septembre à Paris, estimée trop déconnectée du terrain.
Dans ce contexte, la Fedom interpelle directement Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer, l’exhortant à «ne pas sacrifier la France océanique» et à «proposer une juste répartition des efforts budgétaires». Les acteurs économiques réaffirment leur «disponibilité pour travailler à des solutions communes» et tracer des perspectives à moyen et long terme pour un développement pérenne.





