Un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, le président du Conseil départemental de Mayotte Ben Issa Ousséni, en déplacement à Paris, s'est entretenu ce jeudi avec le Ministre des Outre-mer Manuel Valls à Paris. L'occasion de faire le point sur les différentes annonces faites par le ministre des Outre-mer lors du déplacement à Mayotte, au sujet de la reconstruction de Mayotte, érigée dossier prioritaire par le Gouvernement.
Alors que la loi d'urgence va être examinée dès la semaine prochaine au Parlement, cette rencontre avait pour objectif pour l'éxécutif départemental de « travailler sur cette loi d'urgence et de compléter trois points essentiels dans ce document. « Il s'agit de la partie construction des bidonvilles, nous voulions qu'il y ait des éléments d'interdiction de construction de bidonvilles, des précisions sur les zones franches d'activités, l'un des engagements forts du Premier ministre à Mayotte et les accompagnements des collectivités. On souhaiterait que nos collectivités soient accompagnées rapidement pour reconstruire leurs locaux et assurer leurs missions de service public» souligne le Président du Département de Mayotte Ben Issa Ousseni.
Au coeur des discussions également, l'établissement public de reconstruction. « Il a été question de travailler aujourd'hui main dans la main avec le Gouvernement pour définir les périmètres d'action de cet établissement public, parler de sa gouvernance et la place des élus territoriaux. Puis, nous avons essayé de parler de tous les autres sujets qui ne seront ni dans cette loi d'urgence, ni sur la loi-programme, notamment toute la partie immigration, convergence de droit, environnement avec le nettoyage des rivières et le reboisement.»
« Travailler main dans la main»
A l'issue de cette réunion, le ministre des Outre-mer a assuré de la pleine participation de la collectivité départementale dans le processus de reconstruction du territoire établi par le Gouvernement. « J'ai affirmé au Président du Conseil départemental qu'il est notre interlocuteur pour la refondation, la reconstruction de Mayotte. Nous voulons nous appuyer sur lui comme président du conseil départemental, sur le Département, les communes et les EPCI. Il est important que les élus soient associés à ce travail. Il y a urgence comme nous l'avions rappelé : eau, électricité, disparition déchets ménagers et la préparation de la rentrée scolaire. Il y a tout ce qu'il doit être fait pour que les Mahorais puissent avoir un toit, surtout en cette saison de pluies», a précisé Manuel Valls.
Pour avancer sur ces sujets, le ministre des outre-mer indique s'appuyer sur la loi d'urgence. « La première loi que je vais présenter à l'Assemblée nationale lundi, permet d'avancer, pas seulement d'accélérer les procédures mais d'aller aussi vers cette interdiction des bidonvilles. Il faut les moyens, de la force publique pour en finir avec cet habitat illégal, qui représente un danger quand il est construit dans les zones de submersion ou des glissements de terrain possibles. l y a la deuxième loi que nous présenterons le plus vite possible où nous travaillerons main dans la main. Cette loi de reconstruction, de la refondation qui traitera des questions d'immigration de Mayotte, de sécurité, d'aménagement du territoire, logement et éducation. Entre les deux, il faut avancer sur l'établissement public qui est en train de se préfigurer, sur ce qu'on met dans la zone franche et puis toutes les question très lourdes d'immigration. Les rencontres sont prévues avec le Ministre de l'Intérieur. Nous allons soutenir, travailler, une proposition qui sera présenté début février par le groupe Les Républicains. On doit pouvoir agir, se donner les moyens pour restreindre le droit du sol. Dans les trois mois qui viennent, trois lois et des moyens pour aller plus loin», a souligné Manuel Valls qui se dit «conscient des fortes attentes tant la situation est difficile, tant les défis sont lourds pour Mayotte » et promet d'être « au rendez-vous sur tous ces sujets».
Fermeté avec les Comores
Interrogé sur le refus des Comores à accueillir les reconduites à la frontière, Manuel Valls a exprimé un voeu de fermeté. «Le président de la République va être amené à prendre des initiatives, il faut aussi que soient créées les conditions d'un rapport de force avec les Comores. Je crois que c'est quelque chose qui préoccupe l'ensemble des élus et des Mahorais. La parole de la France doit pleinement s'exprimer vis-à- vis des Comores et de son président, Mayotte et française. Elle le restera évidemment, tant les Mahorais sont attachés à la République et à la France. Ce département ne peut pas vivre une submersion migratoire qui ferait imploser déjà les structures économiques et sociales éducatives qui étaient en difficulté et qui l'ont été encore davantage avec le cyclone Chido. Tout le monde doit s'attendre à une très grande fermeté de la France sur ce sujet.»
Le Ministre des Outre-mer a annoncé qu'il se rendra dans une quinzaine de jours à Mayotte pour acter les orientations concrètes qui vont lier l'Etat et le Département.