Les élus ultramarins conviés à l'Élysée pour discuter des « évolutions statutaires » de leurs territoires

Les élus ultramarins conviés à l'Élysée pour discuter des « évolutions statutaires » de leurs territoires

Emmanuel Macron reçoit mardi soir à l'Élysée les élus ultramarins pour faire le point sur les « évolutions statutaires » de leurs territoires, mais plusieurs responsables ont décliné l'invitation à ce dîner, jugeant le format inadapté, dont Huguette Bello, présidente de la Région Réunion et Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale de Guyane.

L'initiative s'inscrit dans la continuité de « l'appel de Fort-de-France », lancé en mai 2022 par les présidents des exécutifs de Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin, Guyane et Polynésie française pour demander à l'État d'adapter les politiques publiques aux réalités ultramarines.

Parlementaires, présidents d'exécutifs et associations des maires des collectivités -à l'exception de la Nouvelle-Calédonie- ont été conviés. Le dîner est présenté par l’Élysée comme un moment d' « échanges sur les perspectives d'évolution des institutions ultramarines », processus dans lequel la Martinique, la Guadeloupe ou la Guyane sont engagées. 

Côté exécutif, Emmanuel Macron sera entouré du Premier ministre Sébastien Lecornu -ministre des Outre-mer de 2020 à 2022-, et des ministres démissionnaires Manuel Valls (Outre-mer) et Thani Mohamed-Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux). Côté ultramarins, le scepticisme demeure. Plusieurs élus ont décliné l'invitation, dont le sénateur PS de Guadeloupe Victorin Lurel qui dit « faire le constat lucide que rien n'a avancé pour nos territoires » depuis la dernière rencontre. 

Reçu lundi par le secrétaire général de l'Élysée, le président de la Collectivité de Guyane, Gabriel Serville, vient d'annoncer qu'il ne participerai pas au dîner, fustigeant « un mépris de classe et une condescendance » du chef de l’État. « J’attends un traitement différencié pour la Guyane », à l’instar de l’évolution statutaire de la Corse. En Guyane, le projet d'autonomie, longtemps à l'arrêt depuis la visite d'Emmanuel Macron en mars 2024, a repris à l'été 2025. 

Parmi les autres absents, le député indépendantiste de Guyane Jean-Victor Castor et les élus de la gauche réunionnaise, dont la présidente de région Huguette Bello. À l'AFP, son entourage dit juger que « le format et le thème ne sont pas adaptés aux questions urgentes qui nous préoccupent ». Opposé à toute évolution statutaire de l’île, le président du département Cyrille Melchior sera quant à lui présent.

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Hormis la Guyane, les avancées concrètes en matière d'évolutions institutionnelles restent limitées dans les autres DROM. En Guadeloupe, les élus ont adopté en juin une résolution visant à transformer l'archipel, aujourd'hui département et région, en collectivité unique dotée « d'un pouvoir normatif autonome », mais le projet reste freiné par l'absence de consensus local.

En Martinique, le principe d'une autonomie élargie fait plus largement consensus. Un Congrès des élus devant avancer sur le « pouvoir normatif » de l'île est prévu les 8 et 9 octobre. En Outre-mer, seules la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française disposent d’un pouvoir normatif, leur permettant d’adopter des lois de pays.

Début 2024, Emmanuel Macron avait chargé deux experts -Pierre Égéa et Frédéric Monlouis-Félicité- de proposer d'éventuelles évolutions institutionnelles dans les territoires d'outre-mer. Remis en décembre mais pas rendu public, leur rapport insiste surtout sur la réforme du modèle économique ultramarin, générateur selon eux d'inégalités et de vie chère, et se montre prudent sur le terrain institutionnel.

Avec AFP