Depuis le mois d’octobre, l’équipe mobile métaux lourds (Emlo), portée par le CHU de Guyane, mène une campagne de dépistage à Maripasoula et Papaïchton, après plusieurs années déployées à Camopi. Cette intervention concerne les femmes enceintes ou susceptibles de le devenir, ainsi que tous les enfants âgés de moins de six ans. Elle s’inscrit dans le cadre de la stratégie interministérielle de lutte contre les métaux lourds (Stramélo), a indiqué l'ARS Guyane.
Le dispositif repose sur des prélèvements biologiques, prises de sang et échantillons de cheveux, permettant de mesurer l’imprégnation au mercure, au plomb et à d’autres métaux potentiellement nocifs pour la santé, tels que l’aluminium ou le cadmium. En parallèle, les familles sont invitées à répondre à des questionnaires visant à identifier les facteurs de risque d’exposition, liés notamment au logement, à l’environnement ou aux habitudes alimentaires.
À Maripasoula, l’équipe Emlo intervient directement au domicile des familles. Lors d’une visite à Poti Soula, l’infirmière et la médiatrice de l’équipe ont réalisé des prélèvements sanguins sur trois enfants âgés de 1 à 4 ans. Les analyses permettent notamment de mesurer la plombémie, d’évaluer la fonction rénale et de réaliser différents bilans biologiques. Ces données s’inscrivent dans une démarche globale de prévention et de suivi médical.
Le financement des prélèvements et des analyses a été formalisé en octobre par la signature de conventions entre l’Agence régionale de santé, la Direction régionale du service médical (DRSM), la Caisse générale de sécurité sociale (CGSS) et un laboratoire situé à Bordeaux. L’objectif est de structurer un parcours de santé complet, allant du dépistage à une prise en charge thérapeutique, y compris une chélation si nécessaire.
Selon le CHU de Guyane, cette stratégie vise également à renforcer le repérage précoce des troubles du neurodéveloppement (TND) et d’éventuelles pathologies neurologiques. À Camopi, où l’équipe Emlo était déployée les années précédentes, le dispositif Pilakit assure déjà la réalisation de bilans TND. Des travaux cliniques et de recherche sont par ailleurs en cours afin d’identifier les facteurs de risque d’exposition aux métaux lourds.
Le Dr Pedro Clauteaux, coordinateur d’Emlo au CHU de Guyane et basé à l’hôpital de proximité de Maripasoula, précise les modalités de prise en charge mises en place : « Outre le dépistage, nous sommes en train d'introduire la prise en charge et le suivi de la personne dans ce parcours. Si un enfant est diagnostiqué avec une plombémie élevée, nous lui donnerons de la prévention secondaire, des recommandations pour lui et lui seul. Si on suspecte un trouble du neurodéveloppement (TND), l’enfant est vu par le pédiatre. S’il élimine toute pathologie neurologique, l’enfant sera vu par le CMP (centre médico-psychologique du Chog, à Maripasoula). Si le pédiatre n’élimine pas de pathologie neurologique alors on arrive au 3e niveau. L’enfant sera vu par un neurologue à Cayenne ou lors des missions à Maripasoula deux fois par an. Sur le Haut-Oyapock, l’équipe Pilakit du GCSMS est en mesure de faire le bilan d'un enfant avec un TND. La prise en charge sera alors beaucoup plus facile ».























