Acteur incontournable des Collectivités et de l’État en Outre-mer, la Banque des Territoires fait sa rentrée dans la continuité des actions déjà menées, sur ses « axes majeurs » que sont la cohésion sociale -habitat et fracture territoriale- et la transition écologique et énergétique. Actuellement à Saint-Pierre et Miquelon, Hervé Tonnaire, directeur Outre-mer et Pacifique de la Banque des Territoires, évoque aussi le déplacement du village de Miquelon, ainsi que la crise en Nouvelle-Calédonie.
« La Banque des Territoires est dans un temps long » et « porte attention aux évolutions des enjeux », explique Hervé Tonnaire pour définir la méthode de cet acteur économique. « Nous avons une ligne directrice, on la tient » insiste-t-il. Rassurant pour les Collectivité, dans une période de stabilité politique précaire à l’échelle nationale. « Cette ligne directrice, elle est concentrée sur deux axes majeurs : la cohésion sociale avec l’habitat et la fracture territoriale, et la transition écologique et énergétique ».
Sur l’Habitat, « priorité absolue » et « sujet fondamental », la Banque des Territoires participe à la réflexion qui est conduite sur le Plan Logement Outre-mer 3 (PLOM), « avec les partenaires », à savoir l’État, les collectivités locales et les bailleurs sociaux. « Parallèlement, on conduit une étude, qui s'articule celle lancée par l'USH, sur le financement du logement en Outre-mer, avec la Chaire Outre-Mer de Sciences-Po ». Hervé Tonnaire évoque aussi « les enjeux lourds en Guyane et à Mayotte », deux territoires qui en termes d’habitat suscitent des points d’attention particuliers pour la Banque des Territoires.
« On n'oublie pas aussi dans cette thématique, (…) les enjeux majeurs de transformation de la ville, plus intelligente, plus agréable et plus acceptable pour ses habitants. Réflexions que l’on mène par exemple à La Réunion. Nous allons aussi nous pencher sur Saint-Barthélemy qui veut faire un plan d'urgence pour le logement », poursuit Hervé Tonnaire. Dans le Pacifique, le dirigeant Outre-mer « tient à saluer le travail très important, construit en partenariat avec l'État, mené par le gouvernement de la Polynésie, sur la réforme de l'habitat social et intermédiaire, avec des très fortes avancées qu'on accompagne ».
La Banque des Territoires se dit aussi « très attentif et impliqué sur la crise actuelle du logement et des bailleurs sociaux en Nouvelle-Calédonie ». La Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), acteur central du logement social dans l'archipel, risque en effet la liquidation. Un tremblement de terre à la mesure de l'importance de ce bailleur qui loge plus d'un Calédonien sur dix. « Ça va être un sujet », prévient Hervé Tonnaire.
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Sur la fracture territoire, le directeur Outre-mer et Pacifique évoque les sujets du « bien-vieillir » de la population, qu’elle que soit d’ailleurs la courbe démographique des territoires -croissante comme à Mayotte ou en Guyane et décroissante comme aux Antilles-, ou encore le circuit-court et la limitation des importations. « Les sorties des crises sanitaires et inflationnistes démontrent qu'il faut aller sur ce sujet-là et trouver de l'emploi qui peut participer aux équilibres commerciaux et sociaux. On le voit encore en Martinique sur la vie chère ».
La fracture territoriale, c’est aussi la mobilité. « S'il n'y a pas de la mobilité, à un coût acceptable, ça limite aussi l'équité territoriale. La fracture, c'est aussi parce ne pas pouvoir se rendre là où il y a de l'emploi, ne pas pouvoir se rendre là où on peut étudier », explique Hervé Tonnaire. A ce sujet, la Banque des Territoires avait soutenu en partie un armateur en Polynésie française, plus particulièrement sur l’achat et la construction d’un navire flambant neuf reliant Tahiti aux Îles sous-le-vent. Un soutien qui permettait à l’organisme d’investir sur ses deux axes, à la fois la cohésion sociale mais aussi la transition écologique car qui dit navire neuf dit réduction des émissions de CO2.
Sur ce second volet d’ailleurs, la Banque des Territoires travaille avec la mairie de Miquelon, la Collectivité et l’État sur le déplacement du village de Miquelon, qui sera submergé d’ici 2050. La Banque des Territoires co-finance à hauteur d’un million d’euros une étude portant sur le déplacement du village actuel vers le lieu de repli. Sur place cette semaine, Hervé Tonnaire doit « voir les premières actions, les présenter, discuter ». « C'est un vrai pilote, c’est la première fois qu'on déplace toute une commune en France, et ça se passe en Outre-mer », souligne-t-il. « Ce qui se passe à Miquelon, c'est un modèle réduit, préfigurateur de choses qui pourraient être plus compliquées ailleurs et de plus grande taille » ajoute Hervé Tonnaire, qui assure que le soutien de la Banque des Territoires pourra aller au-delà de l’étude, au besoin de la collectivité.
Toujours sur la transition écologique et énergétique, la Banque des Territoires souhaite aussi contribuer aux réflexions en cours sur l'ingénierie et aux « actions pour financer des bâtiments intelligents ». Hervé Tonnaire évoque par exemple l'hôtel de la province Sud qui doit être rénové. « On aide à le financer pour qu'il soit de haute qualité environnementale et réduise chaque année les frais de gestion pour la province. Donc, reconstruire, oui, y compris dans un secteur en crise, mais en même temps, reconstruire pour faire du temps long, ne pas se tromper entre l'immédiateté de la réponse et le temps court ».
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« Au-delà de ces grandes priorités, nous continuons tout ce qui a été mis en place dans le cadre des différents dispositifs qu'on a avec nos partenaires » poursuit Hervé Tonnaire. « C'est tout le mandat qu'on a sur France 2030, qui impacte très fortement les Outre-mer, parce que ça permet d'aller sur l'innovation et d'essayer de trouver d'autres axes de développement, d'équilibrer l'économie lorsqu'elle est concentrée sur un secteur qui peut être l'import, le nickel ou le spatial ». La Banque des Territoires poursuit également ses missions sur les actions stratégiques et de long terme dans le cadre des dispositifs « Petites villes de demain » ou « Action cœur de ville ».
« Nous avons aussi décidé de mieux nous articuler avec l’AFD sur l’ensemble des Outre-mer ». « Nous avions déjà signé une alliance, nous voulons lui donner une vraie réalité, un vrai contenu opérationnel », explique Hervé Tonnaire sur ce lien avec l’AFD. Sur les liens avec les organismes Outre-mer, la Banque des Territoires entend « mobiliser davantage le biotope ultramarin » assure Hervé Tonnaire, « c’est important aussi que les médias soient mobilisés à nos côtés ». Une mobilisation qui prendra forme, entre autres, au Congrès des EPL, où Outremers360 assurera une présence média avec la Banque des Territoires.
Sur un point plus particulier, Hervé Tonnaire est aussi revenu sur la crise majeure que traverse la Nouvelle-Calédonie. Rappelant que la Banque des Territoires a d’ores et déjà accordé un prêt de 50 millions d’euros au territoire, elle assure son « écoute bienveillante », sa « mobilisation » et son « attention », notamment sur le plan de sauvegarde, de reconstruction et de refondation actuellement en réflexion localement. Et la Banque des Territoires plaide naturellement pour une refondation et une reconstruction « sur des bases économiques plus saines ». « On sera force d'écoute et de proposition par rapport à la refondation et la reconstruction » assure Hervé Tonnaire.