En mission à Paris, le président de l’ODEADOM a rencontré les cabinets des ministères de tutelle, Agriculture et Outre-mer, ainsi que celui de la Première ministre. Objectif, préparer le Comité interministériel aux Outre-mer et faire part des attentes du monde agricole. Lundi, le président a également réuni les présidents des comités sectoriels de l’ODEADOM, à la fois en amont du CIOM mais aussi en vue d’un séminaire prévu en octobre.
Vous étiez cette semaine à Paris pour porter les sujets agricoles d’actualité. Vous avez des perspectives intéressantes ?
Joël Sorres : Effectivement, nous avions cette semaine un comité de pilotage stratégique de l’ODEADOM. C’est une instance importante, qui se réunit ici une fois par an seulement et qui permet un point à jour des projets, de leurs avancées, des attentes des filières agricoles ultramarines. Ces filières sont résilientes et contribuent de façon résolue non seulement à l’approvisionnement alimentaire, mais également à la modération de l’inflation dans nos territoires. Mais ce n’est pas sans efforts et sans coûts qu’elles absorbent difficilement. Ce n’est pas durable. C’est l’occasion de débats ouverts avec les représentants ministériels. Et j’en profite également pour rencontrer, en vis-à-vis, les différents interlocuteurs des cabinets ministériels, de la délégation interministérielle. C’est important alors que la tentation est forte de tout remplacer par des visioconférences, certes pratiques. Mais rien ne remplace le contact direct et la rencontre.
Certaines équipes et certains interlocuteurs ont changé et j’ai ainsi pu faire part des attentes importantes des agriculteurs ultramarins quant à des signaux forts à leur égard, ainsi que les préoccupations des filières dans un contexte économique tendu. Le calendrier ne se prêtait sans doute pas à des annonces alors que le CIOM se tient la semaine prochaine et que nous attendons des messages de la première ministre. Mais au moins ai-je pu témoigner que sur de nombreux dossiers, des concrétisations sont attendues.
Plus précisément, qu’espérez-vous de la réunion du CIOM ?
J’aimerais être confiant. Nous avons pu rencontrer longuement le président de la République en février dernier, avant le salon de l’agriculture, qui nous avait annoncé le volet agricole du CIOM. Nous avons rencontré, voilà peu, la Première ministre à La Réunion, avec une délégation ministérielle importante, qui a témoigné d’un vrai intérêt pour nos enjeux agricoles, enjeux de souveraineté alimentaire, enjeux environnementaux, enjeux d’emplois. Et je les en remercie encore. C’était la première visite Outre-mer d’un ministre de l’agriculture depuis 2019, c’est un signe important. Nous serons donc extrêmement attentifs aux messages ou aux annonces de ce rendez-vous.
Dans le milieu agricole, le terme de CIOM désigne plus communément le fonds national d’appui aux filières de productions diversifiées que le comité lui-même. C’est sans doute un abus de langage dû au fait qu’il avait été mis en place en 2009 à l’occasion de la première réunion du CIOM. Alors que des tensions budgétaires s’accentuent depuis plusieurs années sur le niveau de ce fond, ce n’est sans doute pas inutile de le rappeler.
Le sujet majeur n’est donc pas la question du programme POSEI auquel vous êtes attachés ?
Si, bien sûr, les sujets sont totalement articulés. Ces fonds nationaux complètent les fonds européens au sein de programme POSEI pour des actions spécifiquement ciblées pour les filières contribuant directement à la souveraineté alimentaire de nos territoires, élevage et fruits et légumes.
Plus directement pour le programme POSEI, nous espérons beaucoup des modifications annuelles que l’Etat français portera dès ce mois de juillet 2023 pour l’évolution du programme. Après 3 années « blanches » sans réels changements, nous avons construit, dans chaque territoire, des propositions que nous espérons voir portées auprès de la Commission européenne. Ces modifications s’inscrivent clairement dans la volonté partagée par l’ensemble des territoires d’une amélioration de la qualité de nos productions, mais également d’une incitation des exploitants à se tourner vers les organisations économiques afin d’en accroître la portée. Ce sujet sera traité la semaine prochaine au sein des comités sectoriels.
L’ODEADOM que vous présidez est un appui dans vos travaux ?
Je ne préside pas l’office, qui est un établissement public piloté par ses Ministères de tutelle, mais le conseil d’administration, qui est d’abord une instance de concertation. Et à ce titre je suis très attaché à ce que nos instances soient surtout utiles et constructives pour toutes les parties.
Mais je témoigne fortement de notre attachement, de toutes filières de tous les territoires, à cet office qui est le seul organisme dédié totalement au développement agricole des Outre-mer. Il est l’organisme payeur de la grande majorité des aides agricoles aux Outre-mer. Mais il est aussi organisme expert, et toujours attentif à nos problématiques. Il n’a pas d’équivalent.
J’ai tenu depuis le début de mon mandat à insuffler une réelle ouverture de nos débats pour projeter nos agricultures vers l’avenir. Le séminaire que nous organiserons cet automne en Guadeloupe avec Chambres d’agriculture France consacré aux enjeux du changement climatique pour nos filières agricoles témoigne clairement de cette ouverture.
Nous construisons cette année le futur contrat d’objectif de l’ODEADOM pour les années 2024 à 2028. Nous portons, avec nos administrateurs, des ambitions pour l’office. Nous espérons les voir partagées également par les ministères.