Innovation, référentiels et construction durable Outre-mer : les acteurs ultramarins de la construction se mobilisent autour d’OMBREE 3

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Innovation, référentiels et construction durable Outre-mer : les acteurs ultramarins de la construction se mobilisent autour d’OMBREE 3

À l’Union sociale pour l’habitat (USH), parlementaires, experts techniques (Fédération des EPL, AQC, BTP, CERC, CAUE), des laboratoires et centres techniques (Cerema, BNTEC, FCBA, CRAterre, Groupe Ginger, Groupe CEBTP, CSTB) et représentants ultramarins se sont réunis pour échanger sur l’avenir du programme Ombrée et poser les premières pierres des futurs comités référentiels de la construction. Cette réunion, organisée dans la continuité des Assises de la construction durable en Outre-mer et de l’adoption récente de la loi « Encadrement des loyers et amélioration de l’habitat dans les outre-mer », marque une étape structurante pour la filière.

OMBREE 3 : une nouvelle phase pour soutenir l’innovation territoriale dans le bâtiment ultramarin

Au cœur des échanges : le programme OMBREE, qui prépare sa troisième phase en 2026. Ce programme inter-outre-mer pour des bâtiments résilients et économes en énergie, soutenu par les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), vise à valoriser les ressources locales, outiller les professionnels et favoriser les échanges régionaux. La prochaine étape ? Intégrer une série d’actions concrètes dans OMBREE 3, issues des travaux des Assises, pour mieux soutenir l’innovation dans une approche territorialisée.

Des actions ciblées pour soutenir l’innovation régionale

La journée marque aussi un jalon dans la structuration d’une méthodologie opérationnelle pour faire vivre ces ambitions. En ligne de mire : une gouvernance partagée, des référentiels adaptés, et un soutien renforcé à la recherche et à l’innovation dans les Outre-mer.

La restitution du 13 juin a permis de détailler une série de propositions opérationnelles, articulées autour de quatre axes majeurs. Le premier concerne le développement des capacités d’essais : il s’agit de recenser et d’évaluer les équipements d’essais disponibles dans les territoires ultramarins et les pays voisins, d’élaborer des protocoles adaptés aux contextes tropicaux et insulaires, et d’identifier les organismes d’évaluation de la conformité pertinents.

Le second : L’aptitude à l’emploi des matériaux. Dans une perspective d’adaptation au contexte local, des solutions alternatives au marquage CE sont envisagées. Une étude de faisabilité est proposée, ainsi que l’évolution des procédures et référentiels techniques pour mieux prendre en compte les réalités ultramarines. 

Troisième axe : La reconnaissance des techniques vernaculaires. En valorisant les savoir-faire locaux et les matériaux endogènes, il est proposé d’évaluer leur performance en lien avec les usages, tout en renforçant leur légitimité au sein des pratiques professionnelles.

Enfin, quatrième axe, l’assurabilité : une cartographie des référentiels en vigueur est préconisée, ainsi que l’adaptation des règles de l’art en concertation avec les assureurs. Il s’agit aussi d’ouvrir à l’assurabilité des matériaux et procédés provenant de pays voisins à situation comparable.

Dans la deuxième partie de la journée, Marianne Louis, Directrice générale de l’USH, les parlementaires Audrey Bélim (sénatrice de La Réunion) et Christian Baptiste (député de la Guadeloupe) ont partagé leurs attentes vis-à-vis des comités référentiels de la construction, récemment inscrits dans la loi. Leur mise en œuvre, attendue par décret, devra garantir l’adaptation des règles aux réalités locales tout en s’inscrivant dans une logique de qualité et de durabilité.

Marianne Louis, « Les bailleurs font des expérimentations en matière bâtimentaire et d’adaptation aux effets du dérèglement climatique, mais doivent être soutenues aussi bien financièrement qu’au niveau technique et assurantiel ».

Christian Baptiste, « salue notamment l’ambition de la future phase OMBREE 3, qui prévoit de nouveaux outils pour mieux adapter la construction à nos contextes : soutien aux matériaux locaux, développement de capacités d’essai sur place, reconnaissance des techniques traditionnelles… tout cela permet de construire mieux, avec ce que nous avons, et en respectant nos réalités. Grâce à une évolution récente du règlement européen, les Outre-mer peuvent désormais être exemptés du marquage CE et permet enfin à nos territoires de construire des référentiels techniques adaptés, qui reconnaissent notre environnement, notre climat, nos ressources. »

Lire aussi : Assises de la Construction durable en Outre-mer  : 4 axes de travail et la création d'une instance de coordination dévoilés dans un Livre blanc présenté au salon Batimat à Paris

« L’adoption de la loi le 5 juin est une grande révolution pour l’ensemble des territoires ultramarins. Il s’agit maintenant de traduire cette avancée en actions concrètes, adaptées aux contextes locaux. Nous attendons des décrets qu’ils soient le reflet de vos efforts. Il en va ici de la sécurité des personnes et du respect de l’esprit de la loi, dans un contexte marqué par une forte attente autour de la lutte contre la vie chère. Ces enjeux nous imposent un travail collectif. Il est nécessaire d’expérimenter de nouvelles manières de construire, adaptées à un contexte où les événements extrêmes seront moins fréquents mais plus destructeurs. Le coût de la construction est une variable essentielle dans le combat contre la vie chère. Il nous faut innover, mutualiser les savoir-faire et agir avec responsabilité pour bâtir un avenir à la fois sûr, durable et économiquement viable. Je vais cesser des crier et reprendre les chuchotements avec vous car nous avons terminé par une belle victoire », a déclaré Audrey Bélim en conclusion.

Vers un Forum de la Construction Durable en Outre-mer

Au cœur du dispositif proposé, la création d’un Forum de la Construction Durable en Outre-mer ambitionne d’assurer une coordination structurée entre les acteurs locaux et nationaux. Il permettra notamment de formaliser des référentiels techniques adaptés ; sensibiliser et diffuser les connaissances ; soutenir l’innovation et accompagner les professionnels de la filière ; et intégrer les productions des territoires dans les circuits nationaux de validation.

Adossé à des comités référentiels territoriaux, ce forum jouerait un rôle pivot entre remontée des besoins, production inter-outre-mer et consolidation institutionnelle.

Une continuité de financement à renforcer

Dans le prolongement du programme OMBREE, qui a mobilisé 4,5 millions d’euros sur 2020-2022 et 3,5 millions d’euros sur 2022-2025, l’enjeu du financement pérenne de ces actions reste central. 

L’appel est lancé aux pouvoirs publics, aux opérateurs et aux partenaires techniques pour garantir la mise en œuvre effective des recommandations issues des Assises. Il est plus qu’urgent que le Comité Interministérielle Outre-mer et que le Plan Logement Outre-mer 3, tous deux attendus depuis des mois puissent être enfin mis en place