Habitat en Guyane : Mieux loger et mieux vivre, au cœur de la Convention territoriale d’Action Logement

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Habitat en Guyane : Mieux loger et mieux vivre, au cœur de la Convention territoriale d’Action Logement

Deux ans après, Action Logement Guyane a tenu ce jeudi sa Convention territoriale annuelle à la mairie de Rémire-Montjoly. Un après-midi d’échanges passionnés autour de la volonté d’un logement plus durable, plus accessible, synonyme de développement économique et de bien-être des populations, parfois confrontée aux réalités d’un territoire guyanais singulier.

Après les Antilles, c’était au tour de la branche guyanaise d’Action Logement de tenir sa conférence territoriale. Autour de sa présidente et représentante du patronat, Thara Govindin, de son vice-président et représentant des organisations syndicales, Patrick Christophe, du préfet Thierry Quefelec, du président de la CTG Gabriel Serville, du sénateur Georges Patient ou encore du maire de Rémire-Montjoly, Claude Plenet, les échanges entre les acteurs politiques, économiques et sociaux, publics ou privés, ont été articulés autour de deux tables rondes. 

La première : « La cohésion sociale et l’amélioration des conditions de vie des guyanais grâce aux actions de développement durable et de RSE ». La seconde : « L’innovation en faveur d’une construction plus durable, plus économe et créatrice de valeurs et d’emplois non délocalisables ». Parmi les nombreuses personnalités pour y répondre : Bénédicte Fjeke, élue à l’urbanisme, au logement et à l’habitat de la ville de Saint-Laurent-Du-Maroni, Keena Perlet, conseillère à l’assemblée de Guyane et Présidente de la SIGUY, Denis Girou, directeur général de l’EPFAG, Franck Ho Wen Sze, président de la FRBTP Guyane, d’Olivier Mantez, Directeur régional Antilles-Guyane de Vinci Construction, président de la Caisse des congés payés, président de la CERC Guyane et Patrick Lingibé, avocat et grand témoin de ce rendez-vous.

« Nous avons choisi de partager avec vous nos ambitions et nos actions pour contribuer aux enjeux et défis du logement abordable et de qualité, dans un contexte où tout nous invite, voire nous oblige à penser « développer durable » » a expliqué Thara Govindin dans son discours d’ouverture. Action Logement a par ailleurs inscrit ces stratégies de développement dans une stratégie éponyme, « au service du logement, du pouvoir d’achat des salariés et de l’attractivité des territoires ». « Cette démarche structurée et ambitieuse doit nous entraîner collectivement pour faire bouger les lignes » a-t-elle aussi insisté, rappelant la mission d’Action Logement qui est « de financer et construire des logements sociaux intermédiaires pour les salariés du privé ». Son autre mission : accompagner les salariés dans leur mobilité résidentielle et professionnelle. Thara Govindin a aussi annoncé la création d’un CFA « hors les murs » pour la fin de l’année, pour « former nos jeunes à la construction, des métiers en tension ».

Pour le vice-président Patrick Christophe, « le thème de la RSE et du développement durable est un point essentiel pour l’amélioration des conditions de travail des salariés et de vie des guyanais ». « Action logement en Guyane apporte des réponses concrètes à travers notamment le déploiement du Plan d’investissement Volontaire pour améliorer les conditions d’habitat des salariés guyanais mais aussi aider à la structuration des filières locales du BTP et ainsi favoriser l’emploi », a-t-il ajouté, appelant à « aller plus loin, prendre des risques et travailler dans le même sens » à travers des conventions de partenariat avec les collectivités, comme cela a déjà été fait avec Saint-Laurent, par exemple. « Nous voulons faire ensemble, avec vous, pour construire l’avenir du territoire ».

Saluant un « partenaire de premier plan », Gabriel Serville a souligné le « défi démographique » qui s’impose à la Guyane, tout en liant la problématique du logement au développement économique. « Stimuler la construction » est forcément bon pour la croissance et l’emploi, a-t-il insisté, sans pour autant tomber dans le piège du « mal logement » facteur de « délinquance et de violence sociale ». Gabriel Serville a par ailleurs mis en avant son idée de la « ville amazonienne durable », « ambitieuse et innovante », respectueuse à la fois du climat et de la culture guyanaise. Pour sa part, le préfet a rappelé l’augmentation de la ligne budgétaire unique en faveur du logement, reconnaissant toutefois les besoins, 5 000 logements en Guyane, et surtout, l’adaptation nécessaire des normes à ce territoire sans nul autre pareil dans la République. 

Adaptation des normes justement. Patrick Lingibé l’a rappelé, ces normes ont été imaginées et conçues en Europe et sont de fait, « déconnectées des réalités ultramarines ». L’avocat met en avant « une disposition peu connue et peu utilisée contenue dans l’article 37-1, et qui permet au législateur et au pouvoir réglementaire de déroger, pour une durée donnée et un domaine précis, au droit commun ». Une façon de « pourvoir aux retards très importants en Guyane ». Dans le même registre, le sénateur Georges Patient a appelé à une « ‘guyanisation’ de la politique de l’Habitat ». « Les mieux placés » pour loger les Guyanais, « c’est nous, pas l’État ». De quoi apporter encore du grain à moudre au débat et travaux autour de la réforme constitutionnelle, avec un message, « s’affranchir » des normes, des mots du préfet, pour répondre à un besoin grandissant et proposer des logements sur une ligne de crête entre la quantité et la qualité.

La qualité. Un critère revenu plusieurs fois dans les débats de ce jeudi. Action Logement insiste : le groupe loge des salariés du privé avec ce souci de proposer non seulement un toit décent mais aussi un lieu de vie pour des familles. C’est dans cet objectif qu’elle accompagne des acteurs associatifs comme la Régie de Quartier de Rémire-Montjoly. Pour « mieux vivre ensemble » et « créer du lien social », Pierre Maitrel, son directeur, et ses équipes ont imaginé des jardins partagés, et grâce au concours d’Action Logement, ont pu mettre en place et déployer des « composteurs dans les jardins partagés de la CACL ». La régie de quartier a aussi « imaginé des parcours de formation BTP », car pour construire des logements, il faut de la main-d’œuvre. Pour Bénédicte Fjeke, « construire des logements n’est pas suffisant, il faut encourager les logements qualitatifs ». L’élue a par ailleurs rappelé durant les débats que la ville de Saint-Laurent a demandé aux constructeurs des logements ne dépassant pas deux étages.

Dans ce sens, « les entreprises devraient contribuer à la création d’espaces de loisirs, d’espaces de vie », a-t-elle ajouté. La conseillère à la CTG Keena Perlet « espère voir une nouvelle forme de construction innovante, dans le respect du mode de logement de chacun ». En bref, une volonté de mieux loger qui répond à un besoin primaire de nos sociétés, a rappelé Patrick Lingibé, celui d’être « fondé sur une adhésion au bien-être ». Seulement, cette volonté se heurte parfois à la réalité, à une « urgence de loger les gens ». Olivier Mantez le directeur d' Antilles-Guyane de Vinci Construction l’a rappelé : à Saint-Laurent du Maroni par exemple, « il y a 1 500 demandes de logements pour 1 100 constructions ». Et à cela s'ajoutent toutes les autres problématiques qui s’imposent au logement en Guyane : le foncier en premier lieu, l’offre qui parfois ne convient pas à la demande et au profil des demandeurs, la mobilité, l’habitat insalubre, la démographie, … Bien que hors du champ des compétences d’Action Logement, ces problématiques se sont irrémédiablement invitées à cette convention, ajoutant un peu de passion à un sujet qui touche le cœur de la vie des gens.

« Il faut qu’on ait une mobilisation forte de tous les acteurs pour tendre à une Guyane d’excellence » a appelé en conclusion la présidente d’Action Logement. Et Thara Govindin pense particulièrement aux élus locaux, des alliés pour faire entendre la voix du groupe auprès de l’État. À l’unisson, Patrick Christophe appelle de son côté à ce que « les partenaires sociaux locaux soient entendus au niveau national ». « Les choses ne peuvent pas se réaliser si tout le monde n’est pas mobilisé » insiste Thara Govindin, citant à la fois l’État, le monde économique et le monde politique. « Le constat, tout le monde le connaît » a déclaré Ibrahima Dia, directeur Outre-mer d’Action Logement, mais il rappelle : « le logement est un temps long » qui implique le foncier, l’aménagement et la gestion de projet. Pour lui, les acteurs du logement en Guyane doivent se mobiliser autour d’une question directrice : « Comment on peut se retrouver autour d’un projet de logement en Guyane » ?.