Depuis août 2024, la Guyane connaît une augmentation des cas de coqueluche, avec 18 cas recensés, dont deux nourrissons décédés dans le secteur de Saint-Laurent-du-Maroni. Cette maladie respiratoire, transmissible par voie aérienne, représente une menace particulière pour les populations vulnérables, notamment les enfants en bas âge. Pour contrer cette situation, une campagne de vaccination d’envergure sera lancée dès février, avec l’appui de la Réserve Sanitaire, a indiqué l'ARS.
Dans l’ouest de la Guyane, la couverture vaccinale reste faible, ce qui favorise la propagation de la coqueluche. Selon la Dr Claire Grenier, chargée de mission de la stratégie vaccinale à l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Guyane, le nombre réel de cas pourrait être bien supérieur aux données disponibles.
La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, donc elle n’est pas répertoriée de manière systématique, et ensuite pour la confirmer il faut faire des tests biologiques qui coûtent extrêmement chers, qui n'existe pas en quantité suffisante et qu’on réserve aux cas où l’on a absolument besoin d’un diagnostic de certitude" indique Claire Grenier au micro de Guyane la 1ere.
Une campagne de vaccination pour rattraper le retard
Face à cette situation, les autorités sanitaires ont sollicité la Réserve Sanitaire, composée de médecins et infirmiers, pour mener une campagne de rattrapage vaccinal dans les zones les plus touchées. Les actions seront concentrées sur les centres de santé locaux tels que l’APMI et le Chog, ainsi que dans les quartiers informels, en partenariat avec la Croix-Rouge.
« Même si on a beaucoup de bonnes volontés, on n’a pas assez d’effectifs pour réaliser un vrai rattrapage vaccinal, parce qu’il semblerait que ça soit nécessaire », poursuit le docteur Claire Grenier au micro de Guyane la 1ère. « C’est pour cela qu’on fait appel à la réserve sanitaire. On va lancer cette campagne à partir de début février, de façon à rattraper massivement tous les petits qui sont à risque de forme grave ».
La lutte contre la coqueluche repose sur trois axes principaux : La primovaccination obligatoire des nourrissons dès l’âge de 2 mois, avec des rappels jusqu’à l’âge adulte ; La vaccination des femmes enceintes entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée ; Le cocooning, une stratégie qui vise à vacciner les personnes en contact étroit avec des nourrissons.
La vaccination est également recommandée pour les professionnels de santé, les personnes immunodéprimées ou atteintes de maladies respiratoires chroniques, ainsi que pour les professionnels de la petite enfance.
Une recrudescence mondiale et régionale
La situation en Guyane s’inscrit dans une tendance mondiale. En France métropolitaine, le pic de cas a été atteint en août 2024. À l’échelle européenne, une augmentation significative a été constatée au premier trimestre 2024, selon le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies. En Amérique, la coqueluche connaît également une recrudescence notable : au Brésil, les cas ont quadruplé entre 2023 et 2024, et aux États-Unis, l’augmentation a atteint 300 % sur la même période.
Damien CHAILLOT