Des peuples autochtones de Guyane ont déposé vendredi une plainte auprès de l'ONU demandant en urgence l'arrêt des travaux de construction de la centrale photovoltaïque de l’Ouest guyanais, en raison de son « impact environnemental ».
La plainte a été déposée par l'Organisation des Nations autochtones de Guyane française (ONAG) avec le soutien du Service international pour les Droits de l'Homme (ISHR), une ONG basée à Genève, devant le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale, qui ne dispose toutefois d'aucun pouvoir de contrainte.
Le projet de la Centrale électrique de l'Ouest guyanais (CEOG) est contesté depuis des années par les 200 habitants de Prospérité (ou Atopo Wepe), village amérindien de l'ethnie kali'na situé à deux kilomètres du site. Ils jugent la centrale trop proche des habitations et demandent de lui trouver un autre point de chute.
La plainte affirme que le projet de centrale se situe sur les terres que les habitants de Prospérité utilisent pour « la chasse, la pêche et la cueillette » et dénonce son « impact environnemental » ainsi que « les conséquences de sa réalisation sur leur mode de vie et leurs moyens de subsistance ».
L'ONAG et l'ISHR demandent au Comité de l'ONU d'enjoindre à la France « de mettre fin immédiatement au projet de construction », insistant sur le fait que « les habitants du village ne s'opposent pas au projet en tant que tel mais à son emplacement ». « Il est impératif que cette alerte soit examinée sans tarder et que le Comité somme la France de respecter ses obligations conventionnelles, notamment en consultant les populations concernées et en modifiant l'emplacement du projet », écrivent-ils.
Entamés en novembre 2022, les travaux ont été interrompus durant cinq mois, pendant la saison des pluies, la CEOG invoquant des « contraintes techniques et météorologiques ». Protégés par un important déploiement de forces de l'ordre en raison des tensions, les ouvriers ont recommencé mi-août 2023 les opérations de déboisement dans cette zone de l'ouest de la Guyane, sur la commune de Mana.
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Cette centrale photovoltaïque est censée, à terme, alimenter en électricité 10 000 foyers via une technologie de stockage de l'énergie fonctionnant à l'hydrogène. Le projet, dont la genèse remonte à 2017, associe pour 170 millions d'euros, le fonds d'investissement Meridiam (à 60%), la Société anonyme de la raffinerie des Antilles (SARA, à 30%) et Hydrogène de France (à 10%).
Le village Prospérité a reçu le soutien de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), mais la centrale fait plutôt consensus parmi les élus locaux qui se sont majoritairement prononcés en sa faveur, la Guyane étant sujette à de fréquentes coupures d'électricité.
Avec AFP