Guyane : De nombreux sujets transfrontaliers abordés lors du Conseil du fleuve Oyapock

© Préfet de Guyane

Guyane : De nombreux sujets transfrontaliers abordés lors du Conseil du fleuve Oyapock

Saint-Georges-de-l’Oyapock a accueilli, mercredi 12 février 2025, la réunion annuelle du Conseil du fleuve Oyapock, un espace d’échange entre les autorités de Guyane et de l’État brésilien d’Amapá. Plusieurs thématiques majeures ont été discutées, notamment la santé, l’éducation et les échanges commerciaux. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.



Parmi les préoccupations principales, la maladie qui affecte les cultures de manioc a été largement évoquée. Le secteur de l’Oyapock est particulièrement touché, et malgré les efforts entrepris, aucune solution définitive n’a été avancée. Laurent Yawalou, maire de Camopi, exprime son inquiétude : « Pour moi, c'est la maladie des maniocs parce qu'on n'a pas plus avancé là-dessus ni au niveau d'études scientifiques ni au niveau des niveaux d'expérimentation. Donc ce que je suis venu chercher c'est l'expérience qui converge entre la Guyane française et le Brésil, et là je m'aperçois qu’il y a des études faites, mais qui n'ont pas des résultats probants. Mais l'expérimentation ne fait que commencer, alors qu'il y a un besoin criant. »

Les conséquences de cette maladie sont visibles sur le terrain. Yakali, un habitant de Camopi, témoigne des difficultés rencontrées par les producteurs et les familles : « Je me suis un peu renseigné moi par rapport aux histoires anciennes auprès des grands-parents. D'après ce que j'ai enfin entendu aujourd'hui au Conseil du fleuve, c'est que c'est bien vrai que la maladie était là bien avant nous et que ça n’a fait que se propager. Il y a certaines variétés de manioc qui sont plus résistantes que d'autres, c'est sûr. Nous, sur nos plantations, il y a beaucoup de difficultés pour retrouver des pousses, des boutures saines, parce qu'il y a beaucoup de demande, il y a certaines familles qui n'ont pas du tout de boutures, et donc ils achètent en masse, donc c'est compliqué d'en avoir un peu. Vraiment il y a des manques d'alimentation, il y a des familles qui n'ont pas du tout de manioc. »


Des avancées contrastées sur d'autres dossiers

D’autres thématiques ont été abordées lors de cette réunion, notamment la gestion des déchets et le développement économique et touristique. Certains sujets progressent plus lentement que d’autres, comme le souligne le préfet Antoine Poussier : « Il y a des sujets qui avancent lentement, on le sait, il y a des sujets qui sont compliqués, on a évoqué des sujets en matière économique, on a évoqué des sujets en matière de tourisme qui avancent lentement, mais ça permet à chaque fois de faire le point sur ce qui a été fait, sur les avancées qui ont déjà été obtenues et puis il y a des sujets qui avancent plus vite, dans le domaine sanitaire par exemple, dans le domaine de l'éducation il y a des classes bilingues qui ont été ouvertes, et là on a évoqué la possibilité d'ouvrir une classe bilingue au collège. Donc il y a différentes rapidités, mais c'est important qu'avec nos voisins brésiliens, on ait ces échanges à la fois au niveau de la commission mixte transfrontalière, organe décisionnaire, mais aussi dans un cadre plus consultatif, le Conseil du fleuve. »

Des perspectives pour le manioc grâce aux serres thermiques

Concernant la maladie du manioc, un an après le lancement du plan Sanimanioc, certains agriculteurs retrouvent une lueur d’espoir. À Saint-Georges-de-l’Oyapock, des boutures saines poussent sous serre grâce aux infrastructures mises en place par la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Toutefois, des incertitudes subsistent quant à la production en plein air. Ces expérimentations pourraient néanmoins permettre une reprise progressive de la production de couac (farine de manioc locale) dans le secteur.

Les propositions issues du Conseil du fleuve seront portées devant la Commission Mixte Transfrontalière, dont la prochaine réunion est prévue en juin à Cayenne. 
 

Damien CHAILLOT