Dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, le ministre des Outre-mer s’est dit « prêt » à parler de l'autonomie de la Guadeloupe, touchée par une violente crise. Il a également annoncé la création de « 1 000 emplois aidés pour les jeunes » et un « plan d’actions concrètes » plus détaillé lors de son déplacement prévu « bientôt ».
Lors des réunions de ces derniers jours pour tenter de résoudre la crise, née d'un refus de l'obligation vaccinale avant d'embrasser des revendications sociales, « certains élus ont posé la question en creux de l'autonomie », a déclaré Sébastien Lecornu dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens.
« D'après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d'elle-même. Ils souhaitent moins d'égalité avec l'Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n'y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a poursuivi le ministre, qui a aussi promis que « chaque sujet » aurait « un plan d’actions concrètes ». « Nous pourrons les passer en revue lors du déplacement que j’entreprendrai bientôt », a-t-il assuré.
Sébastien Lecornu a également annoncé le financement de « 1 000 emplois aidés pour les jeunes, avec un accompagnement spécifique et une formation, dans le secteur non marchand, pour soutenir les collectivités ou les associations sociales, sportives, environnementales du territoire ». En Guadeloupe, 34,5% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté national, avec un fort taux de chômage (19%), notamment chez les jeunes (35% en 2020 contre une moyenne nationale de 20%).
Pour tenter d'apaiser les esprits et mettre fin aux violences, le gouvernement avait auparavant indiqué qu'il repoussait au 31 décembre la mise en œuvre de l'obligation vaccinale des soignants et pompiers en Guadeloupe comme en Martinique, où la contestation a fait tache d'huile. Par ailleurs, le préfet de Guadeloupe « a décidé la prorogation du couvre-feu de 18 heures à 5 heures jusqu'au lundi 29 novembre 2021 à 5 heures ».
Jeudi, le préfet de Martinique avait, lui, instauré un couvre-feu « de 19h à 5h jusqu'au retour au calme ». Ce qui avait commencé il y a quelques jours dans ces deux îles avec des blocages et des piquets de grèves a vite dérapé en violences contre les forces de l'ordre, incendies et pillages.
Tirs en Martinique
Forces de l'ordre et journalistes ont été ciblés par des tirs dans la nuit de jeudi à vendredi en Martinique, où les violences ont fait dix blessés parmi les policiers, dont cinq par balles. « Dans la nuit, un gradé de la gendarmerie qui intervenait avec ses collègues sur un cambriolage a été violemment heurté par le véhicule des pilleurs. Il est grièvement blessé et est opéré ce jour », a expliqué le parquet de Fort-de-France.
Une dizaine d'interpellations ont eu lieu en Martinique dans la nuit, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Il « y a eu près de 150 interpellations depuis le début de cette situation en Guadeloupe et en Martinique », a déclaré de son côté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Par ailleurs, le procureur de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins, a indiqué vendredi dans un communiqué que les premiers résultats d'une enquête diligentée après la blessure d'un jeune homme mercredi à proximité d'un barrage montrent « que la blessure ne provient en aucun cas d'un tir par arme à feu mais plus vraisemblablement de l'impact d'un morceau de grenade lacrymogène tiré par les forces de gendarmerie dans le cadre de l'opération de maintien de l'ordre ».
Levée des suspensions
Sébastien Lecornu et le ministre de la Santé Olivier Véran ont aussi annoncé la levée des suspensions pour les personnels qui accepteront un accompagnement individuel. Par contre, ceux qui refuseront « poursuivront leur suspension », ajoute le texte.
Cette annonce « ne change rien : nous ne sommes pas satisfaits de cette décision. Nous demandons le retrait de l'obligation vaccinale car notre liberté de choisir est bafouée, et du pass sanitaire qui empêche tout le monde de vivre », a réagi auprès de l'AFP Sormain Sandrou, secrétaire général adjoint de l'UTS-UGTG du CHU de Pointe-à-Pitre, présent sur le piquet de grève devant l'établissement.
« J'ai l'impression qu'on ne s'entend pas, qu'on ne se comprend pas (...) On veut une dérogation pour que cette loi ne soit pas appliquée chez nous ! Et pas que chez les pompiers ! », a pour sa part clamé Jocelyn Zou, représentant du syndicat Force Ouvrière chez les pompiers, à l'antenne de la radio RCI.
Avec AFP.