Un dispositif sophistiqué de surveillance sous-marine, intitulé FibroSaintes, a démarré au début du mois de juin au sud de Terre-de-Bas. Doté de capteurs géophysiques à mesures optiques, cet observatoire a pour objectif d’améliorer l’étude de cette zone de sismicité.

Cette campagne océanographique est réalisée dans le cadre du projet PREST (Plateforme Régionale de Surveillance Tellurique de l’Interreg V Caraïbe) piloté par l’Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique de l’Institut de physique du globe de Paris (OVSM-IPGP). Une équipe spécialisée de Géoazur (Institut de recherche pour le développement [IRD] et université de Côte d’Azur) dirige le volet opérationnel de l’implantation. Le déploiement de cet observatoire sous-marin est effectué à l’aide du navire de la flotte océanographique française ANTEA (propriété de l’IRD), conduit par l’IFREMER, et durera jusqu’au 21 juin 2021. 

« La majorité des sources sismiques importantes (et donc aussi des tsunamis) menaçant les îles de la Caraïbe est située en mer. Aussi, il est indispensable de développer des techniques permettant l’installation de réseaux de capteurs géophysiques sous-marins afin d’étudier ces aléas au plus près (séismes, volcans, glissements de terrains, tsunamis…) », explique le projet PREST. Il existe par ailleurs une zone d’activité persistante aux Saintes, sous forme de petites séquences de séismes parfois ressentis, d’où la mise en place d’un dispositif de surveillance dans ce secteur. Les Saintes demeurent l’une des régions les plus actives de l’arc antillais et un séisme de magnitude 6.3 s’y est produit il y a plus de 16 ans, le 21 novembre 2004. 

Comment se déroule concrètement le déploiement ? « Un sismomètre, un inclinomètre et un pressiomètre purement mécaniques, posés à 40m de profondeur sous l’eau et situé à 4-5 km au sud des Saintes sont reliés par un câble optique à Terre-de-Bas où un interrogateur laser permet à distance de mesurer ses mouvements avec une grande précision », précise le projet PREST. Les données seront transmises en temps réel aux observatoires volcanologiques et sismologiques de Guadeloupe et de Martinique.

Le document de PREST indique en outre que la campagne FibroSaintes va permettre de lancer le montage de projets plus ambitieux avec des câbles plus longs, de 50 à 100 km, pouvant atteindre les zones sources des grands séismes de la subduction antillaise, au large de la Guadeloupe et de la Martinique, et donc d'en cerner l'activité continue de déformation préparant les prochains grands séismes. Tous ces projets mobilisent des dizaines de personnes : chercheurs (sismologues, volcanologues, développeurs, biologistes, physiciens), ingénieurs, plongeurs scientifiques, techniciens…, sans compter les « petites mains » anonymes, et ont demandé des années de travail.

La Plateforme Régionale de Surveillance Tellurique (PREST) en bref

L’objectif du projet PREST est de réaliser une plateforme de recherche régionale en géosciences pour réduire les risques telluriques, en développant des outils et analyses à terre et en mer, en testant notamment une instrumentation marine innovante en coordination avec les partenaires de la Caraïbe et en interaction avec des spécialistes français, européens, caribéens et américains. Cette plateforme bénéficie des structures de l’Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique (OVSM) et de l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP) comme supports logistiques.

Elle comporte cinq axes de développement : Acquisition de données nouvelles pour la connaissance de l’aléa régional dans les Petites et Grandes Antilles ; Partenariat : échanges de chercheurs, de données et de savoir-faire entre partenaires caribéens de Cuba et Haïti, mise en route d’un Master en Haïti ; Instrumentations : développement des outils de surveillance du futur en mer, en faisant des Saintes le site d’expérimentation, installation de stations en Haïti et à Cuba ; Réalisation d’études scientifiques sur les nouvelles données acquises, en lien avec les données déjà existantes. Le financement est pris en charge par le Programme Interreg Caraïbe V avec des fonds européens (Fonds européen de développement régional, FEDER).

PM