Le groupement Epi-Phare a publié une étude sur l’efficacité vaccinale contre le Covid-19 dans les Outre-mer, a indiqué la lettre pro de l’ARS Guyane. Elle indique que « globalement, l’efficacité du vaccin contre les hospitalisations était de 94% et dépassait 90% dans chaque territoire d’Outre-mer, à l’exception de Mayotte » et que « l’efficacité du vaccin contre les décès en milieu hospitalier était similaire ». Détails.
La Guyane est le département où la vaccination s’est révélée la plus efficace, puisqu’elle a réduit de 96 % le risque d’être hospitalisé ou de décéder du Covid-19. Ainsi en Guyane, au cours de la période étudiée, une personne non vaccinée a 18 fois plus de risque de décéder du Covid 19 qu’une personne vaccinée, explique l’étude, présentée comme « la plus complète sur l’efficacité des vaccins qui ait été réalisée Outre-mer ».
Le groupement Epi-Phare (Assurance maladie et Agence nationale de sécurité du médicament) a comparé les 276 778 Ultramarins qui ont reçu deux doses de vaccin entre le 27 décembre 2020 et le 31 juillet 2021 à autant d’Ultramarins du même âge, du même sexe et vivant sur le même territoire mais non vacciné. Il a aussi comparé le nombre de leurs comorbidités.
Ils ont suivi leur évolution vis-à-vis du Covid-19 jusqu’à la survenue d’une hospitalisation liée au Covid-19, d’un décès ou jusqu’à la fin de l’étude, le 30 septembre 2021. Tous ces résultats ont été obtenus à partir du Système national des données de santé (SNDS). Résultats : pendant que 96 des 276 778 vaccinés étaient hospitalisés pour Covid-19 pendant la période de l’étude, 1 465 l’étaient chez les 276 778 non vaccinés. Pendant que 19 des vaccinés décédaient avec le Covid-19 à l’hôpital, 285 des non-vaccinés décédaient dans les mêmes circonstances.
Se faire vacciner contre le Covid-19, en Outre-mer, réduisait ainsi de 94 % le risque d’être hospitalisé avec le Covid-19 ou d’en décéder. Ce résultat, publié dans Plos One et résumé en français dans ce communiqué, est du même ordre que ceux obtenus dans d’autres études ailleurs dans le monde.
En Guyane, 26 328 personnes ont reçu leurs deux doses de vaccin pendant la période de l’étude. Six ont été hospitalisées avec le Covid-19 pendant la période de l’étude. Chez les 26 328 non-vaccinés du même âge, de même sexe avec lesquels ils ont été comparés, les chercheurs ont enregistré 147 hospitalisations liées au Covid-19, soit 24,5 fois plus.
S’agissant des décès, ils en ont comptabilisé un seul (une personne était considérée comme vaccinée dès lors qu’elle avait reçu sa seconde dose depuis au moins quatorze jours, ce qui explique qu’un des deux décès d’avril 2021 ne soit pas pris en compte dans l’étude). Chez les 26 328 Guyanais non-vaccinés auxquels ils ont été comparés, il y a eu 18 décès sur la même période. L’efficacité des vaccins (principalement Pfizer s’agissant de la Guyane) a été calculée à 96 % en Guyane, que ce soit pour se protéger d’une hospitalisation ou d’un décès.
Entre le 15 juillet et le 30 septembre 2021, soit essentiellement pendant la vague delta, l’efficacité est restée la même. Notamment en Martinique (95 % d’efficacité) et en Guadeloupe (91 %) qui ont connu de terribles vagues, avec respectivement 2 700 et 2 000 hospitalisations liées au Covid-19. En Guyane, où cette période a vu la circulation successive des variants gamma puis delta, l’efficacité a été calculée à 97 % contre les hospitalisations.
Enfin, la vaccination s’est révélée d’autant plus efficace que la personne souffrait de moins de comorbidités. Elle était de 97 % chez les personnes sans ou avec une comorbidité, encore de 90 % chez les personnes porteuses de quatre comorbidités et de 83 % chez les personnes souffrant de cinq comorbidités ou plus.
Ce résultat « ne doit pas être interprété comme un échec de la vaccination, soulignent les chercheurs. Les vaccins étaient très efficaces, mais encore plus chez les personnes ne présentant pas ou peu de comorbidités. Ceci est particulièrement intéressant, car les personnes originaires des DOM-TOM ont des fréquences plus élevées de diabète, de dialyse chronique et d'accidents vasculaires cérébraux qu'en France métropolitaine, qui sont des facteurs de risque médicaux pour le développement de Covid-19 sévères ».