ÉDITO. Et maintenant, les Législatives !

ÉDITO. Et maintenant, les Législatives !

Profitons-en encore, ne boudons pas notre plaisir : les Législatives du mois de juin seront les dernières élections, à l’échelle nationale*, avant les Européennes de 2024 et les Municipales de 2026. Et il est certain que ces Législatives auront une saveur particulière après la Présidentielle que nous venons de vivre. 

C’est une équation à plusieurs inconnus qui se jouera les 12 et 19 juin prochain : Emmanuel Macron réussira-t-il à avoir une nouvelle fois la majorité à l’Assemblée nationale ? L’opposition principale sera-t-elle de gauche ou de droite ? Jean-Luc Mélenchon réussira-t-il son pari, à minima, de rassembler les partis de gauche ? Qui pour endosser le costume d'épicentre de la droite ? Celle-ci s’élargira-t-elle à la droite radicale et l’extrême-droite ou entamera-t-elle un rapprochement avec le centre-droit ?  Les partis traditionnels sont-ils réellement morts ou disposent-ils encore de leur précieux ancrage territorial ? 

Et dans nos territoires, la partie s’annonce tout autant passionnante. Aux Antilles ou à La Réunion, les résultats de dimanche semblent avoir achevé l’exercice de déconnexion et de contestation des électeurs à l’égard de leurs élus locaux. En Polynésie, le parti majoritaire semble sérieusement inquiété par la poussée de l'extrême-droite, bien que les récupérations locales ont donné lieu à des confusions. Une règle fondamentale : on ne transpose jamais une élection nationale à une élection locale. Malgré ses scores mirobolants en Outre-mer, le Rassemblement national arrivera-t-il à transformer et capitaliser ses voix derrières des candidats solides face à l’ancrage des appareils politiques locaux ? Ou bien, les électeurs reviendront-ils vers un vote plus traditionnel, l’enjeu étant différent ? 

Et qu’en est-il de la Nouvelle-Calédonie ? La situation est encore plus particulière et singulière : l’archipel sera au cœur du prochain quinquennat. L’échiquier politique de la droite locale a évolué. Des alliances se sont défaites, d’autres se lient avec, en ligne de mire, les discussions post accord de Nouméa, et post référendums d’autodétermination. En 2017, les indépendantistes avaient déjà fait jeu commun pour inquiéter les non indépendantistes de la 2ème circonscription. Réussiront-ils cette fois-ci à renverser la table ? Ou alors, la nouvelle alliance centre-droit incarnée par le duo Backès-Gomes fera-t-elle succès ? Ou bien encore, le Rassemblement LR a-t-il eu raison de faire jeu à part ? 

Ah et l’abstention ? L’abstention. Que feront les très nombreux électeurs ultramarins qui ont décidé de ne pas prendre part à la Présidentielle ? Un sur deux ne s’est pas rendu aux urnes dimanche. C’est dire le champ des possibles surprises si, pour les Législatives, ces derniers se mobilisent davantage. Ils pourraient, à eux seuls, changer le paysage politique, créer l’étonnement, faire ou défaire les appareils et caciques, bouter des candidats-sortants ou renforcer les assises déjà acquises, faire émerger de nouveaux visages ou simplement, renvoyer aux oubliettes des aventures politiques éphémères. Ils ont toutes les cartes en main.  

Encore faut-il que les choix soient appétissants, que les programmes soient alléchants, que les enjeux soient affriolants pour conjurer l’ennuyeuse campagne présidentielle qui vient de s’achever. Par-delà les mers, des candidats sont déjà sur la ligne de départ, d’autres, désintéressés par la Présidentielle, sont déjà bien avancés dans leur campagne. L’équation promet quelques surprises, et c’est bien ce que l’on espère après cette Présidentielle terne. En attendant, ouvrons les yeux, tendons les oreilles : tout se joue maintenant. 

*Les prochains grands rendez-vous électoraux après les Législatives auront en effet lieu à partir des Municipales de 2026. Entre ces deux échéances, il y a les Européennes de 2024. Autrement, ce sera le désert électoral, sauf pour les Polynésiens qui auront leur Territoriale en 2023, et les Calédoniens, qui devront une nouvelle fois trancher dans les urnes un nouveau projet institutionnel, vraisemblablement au 2ème semestre 2023. Ils auront possiblement des provinciales en 2024, mais tout dépendra des discussions post accord de Nouméa.