Les députés des Outre-mer ont réagi ce mardi à l’issue de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Des réactions partagées, qui correspondent aux consignes de vote des groupes parlementaires en amont de la censure, ce jeudi. Censure qui devrait, grâce à la suspension de la réforme des retraites, ne pas être adoptée.
« Je préconise la stabilité ! Lorsque la France tourne au ralenti, les Outre-mer s'arrêtent. Ce n'est pas dans l'intérêt des Outre-mer qu'il y ait de l'instabilité et de l'indécision » a affirmé le député Modem de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Frantz Gumbs, qui salue le « discours sage, qui recherche l’apaisement et le compromis » de Sébastien Lecornu.
Son groupe, comme celui d’Ensemble pour la République et Horizons, vont naturellement voter contre les deux motions de censure déposées par LFI et le RN, et qui doivent être débattues jeudi matin à 9h. Très attendue après la déclaration de politique générale du Premier ministre, la réaction du Parti socialiste permet au gouvernement Lecornu 2 d’espérer se maintenir au-delà de la semaine, après l’annonce de la suspension de la réforme des retraites.
« Il y a eu quelques engagements, quelques pistes de ruptures annoncées. (…) il replace le Parlement à sa place, c’est à saluer » estime le député apparenté socialiste de Guadeloupe, Élie Califer. « La déclaration de politique générale ne fait pas, pour moi, l’objet de censure » poursuit le député. « Le Premier ministre a répondu aux concessions que nous avons demandées. Ça semble apaiser le pays », ajoute encore le député qui veut obtenir d’autres concessions sur les baisses annoncées de la Lodeom et de la défiscalisation.
« On a de nouveau l'opportunité de saisir le pouvoir » a abondé le député Liot de Saint-Pierre et Miquelon Stéphane Lenormand. Le député affirme qu'il ne censurera pas le gouvernement pour donner de « stabilité au pays, et formaliser un budget ». « C’est un gouvernement de mission, et le premier objectif est de donner un budget à la France. Sans budget, on met le pays au bord du chaos, ce sera encore pire pour les Outre-mer » prévient-il.
« Je suis opposé à la suspension de la réforme des retraites, parce qu’il n’y a pas assez de cotisants pour trop de retraités (…). Néanmoins le Premier ministre a entendu les socialistes et rouvert le débat sur les retraites (…) ; ça éloigne la censure », estime Nicolas Metzdorf, député EPR de Nouvelle-Calédonie.
Le député GDR de la Guyane Jean-Victor Castor a lui dénoncé un discours « sans ambition pour les Outre-mer ». « Il y a eu du contenant, pas de contenu. (...) Je ne peux pas donner quitus à ce gouvernement ! ». Comprendre que le député suivra les groupes de gauche hors PS et votera la censure déposée par La France Insoumise. « Rien ne permet d'avoir confiance à ce gouvernement », abonde Marcellin Nadeau, député GDR de Martinique.
Pour rappel, le Premier ministre, en plus d’avoir confirmé l’abandon du 49-3 et la suspension de la réforme des retraites, a annoncé la présentation avant la fin de l’année de la loi constitutionnelle visant à transcrire l’accord de Bougival dans la Constitution, « afin que les Calédoniens puissent être consultés au printemps 2026 », en plus de la loi organique visant à reporter les élections provinciales, présentées ce mardi en Conseil des ministres.
« C’est la continuité de l’accord qu’on a trouvé » s’est rassuré Nicolas Metzdorf, qui appelle le FLNKS à revenir au dialogue avec les partenaires politiques calédoniens. « La porte est ouverte (…). On a toujours dit qu’on était prêt à améliorer l’accord de Bougival dans les lois organique et fondamentale ».
Dans ses autres annonces, le chef du gouvernement a confirmé l’arrivée au Parlement de la loi visant à lutter contre la vie chère en Outre-mer, présentée par l’ancien ministre Manuel Valls, et a assuré « accompagner » les Antilles et la Guyane dans leurs réflexions sur leurs évolutions institutionnelles et statutaires.
Rendant « hommage » à Manuel Valls, Sébastien Lecornu a aussi défendu la place protocolaire de la nouvelle ministre des Outre-mer Naïma Moutchou : « Je ne pense pas que le rang protocolaire des ministres donne systématiquement quelque chose à voir sur la priorité gouvernementale » a-t-il assuré. « Je peux témoigner l’engagement de Naïma Moutchou » sur les Outre-mer, a-t-il ajouté.
Critiqué sur l’absence de Mayotte dans son discours, le Premier ministre y est revenu plus tard, après l’ensemble des déclarations des présidents de groupes, pour assurer « que l’ensemble des engagements qui ont été pris seront tenus. (…) L’ensemble des lignes budgétaires prévues seront au rendez-vous », a-t-il ajouté, rappelant qu’une censure du gouvernement « qui repousserait les différences décisions qui sont attendues pour Mayotte ».