Après les affrontements entre délinquants et forces de l'ordre dans plusieurs communes de l'île ces derniers jours, l'Etat et les maires se sont rassemblés pour envisager des solutions pour gérer cette crise. Précisions avec notre partenaire RCI Martinique.
L’association des maires a réuni ses élus hier à la mairie du Lamentin. Ils ont participé à une rencontre avec le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier. Les responsables de la police et de la gendarmerie de l'île étaient également présents. L’objectif de cette réunion était d’échanger sur le climat de violence et d'insécurité qui pèse au dessus de la Martinique. La gestion globale de la crise en cours a bien entendu été au centre des échanges. L'Etat souhaitait notamment mettre en avant le rôle-clé des maires aux côtés des autorités.
Justin Pamphile, maire du Lorrain et président de l’association des maires de Martinique, a livré son sentiment à l'issue de cette rencontre : «Ce que nous disons, Martiniquais, c'est que nous appelons au calme, parce que je pense qu'il n'y a que ça de vrai, appeler au calme. Nous demandons aux uns et aux autres d'entendre que nous n'avons jamais fermé la porte du dialogue, de l'écoute. Nous avons fait un point sur les situations d'exactions et nous faisons bien la distinction entre les manifestations qui ont un caractère, on va dire, pacifique, où là, on est vraiment dans le combat de la vie chère et ce qui relève de la voyoucratie, des exactions de nuit, on appelle ça comme ça, réalisées par des personnes qui n'ont que comme pour, seul objectif, casser, détruire, brûler. Et sur ces aspects-là, bien évidemment, nous les condamnons. Et nous avons un discours qui est un discours clair, c'est que pour ce qui concerne ce type d'action, que la force reste à la loi et faire en sorte que nous soyons dans un pays pacifié»
Comité de pilotage
L'idée de la constitution d'un comité de pilotage sur la situation sécuritaire a été évoquée lors de cette réunion indique Justin Pamphile : «Pour que nous puissions, avec les forces de l'État, avec la gendarmerie, avec la police, comme nous l'avons fait pendant le COVID, structurer ensemble, faire passer en revue ensemble les difficultés auxquelles nous pouvons être confrontés sur le terrain et décider ensemble. Nous construisons ensemble, notamment sur les questions de sécurité, sur les questions de rencontres avec les habitants, nous allons poursuivre le travail qui est fait sur le terrain avec les élus, les maires, et je pense que ça, c'est important. Nous avons discuté sur la possibilité de rencontrer le ministre de l'Outre-mer, parce que je pense que c'est important. Et même si certains pensent que ça ne peut pas forcément être une solution. Le président du conseil exécutif a rencontré le Premier ministre. Je pense que le dialogue ne doit pas être fermé. Nous avons bien vu que des positions évoluaient. Tantôt, certains étaient contre l'idée d'ouverture et de diffusion des rencontres, d'autres ne l'étaient pas. Nous avons bien vu que les positions évoluaient. Je pense que la seule manière de ne pas s'enfermer dans des postures qui sont des postures ankylosantes, c'est de ne jamais fermer la porte de la discussion, de ne jamais fermer la porte du dialogue»
En tandem
Des échanges importants selon Jean Christophe Bouvier qui permettent de renforcer les liens entre l'Etat et les mairies. Il précise certains points sur lesquels ont porté les échanges : « Sur les conditions dans lesquelles interviennent les forces de sécurité, sur la manière dont on pourrait aussi mieux intervenir ou prendre en compte la posture du maire avant, etc. Vous savez, le maire et le préfet, c'est comme s'ils sont sur un tandem. S'il y en a un qui arrête de pédaler, l'autre se casse la gueule. Là, on en a fait la démonstration, pratique, et on va continuer parce que comme je l'ai indiqué au maire, même si les manifestations s'arrêtaient aujourd'hui, les difficultés que rencontrent les toutes petites entreprises, les entreprises de moins de 10 salariés en Martinique sont telles que certaines ne peuvent déjà plus payer leur salaire. Donc, il va falloir gérer tout ça. Il va falloir accompagner ces familles, il va falloir accompagner ces chefs d'entreprises. Et c'est avec les maires que nous allons le faire. Donc, on va continuer à se voir très régulièrement pendant toute la durée de cette crise pour pouvoir anticiper au maximum les difficultés que va connaître la population martiniquaise du fait de ces blocages et des difficultés qui posent à la libre circulation et aux affaires»
L'inadmissible situation de Fond Lahayé
Silencieuse depuis le début de la crise malgré un territoire très touché, la municipalité de Schoelcher a réagi à la situation en cours notamment dans le quartier de Fond Lahayé. Yolène Largen, adjointe au maire de Schoelcher, qualifie la situation d'inacceptable : «C'est une situation que nous connaissons depuis quelques jours, puisque vous savez que ce sont des manifestations qui sont en marge de tout ce qui se passe autour de la vie chère. On ne peut pas considérer que ce qui se passe à Fond Lahayé et à Ozanam, par exemple, ce sont des manifestants. Pour nous, c'est une autre population qui profite du fait de devoir traiter de cette question qui est une question réelle. En tant que vice-présidente du CCAS, je peux vous parler de ce que sont les problématiques de la vie chère et de tout ce que ça impacte sur la population. Mais là, il s'agit d'actes vraiment de violences, de malveillances, parce que ce sont des personnes qui bloquent, qui pillent, qui empêchent à d'autres de pouvoir se déplacer. Et ça, nous ne pouvons pas accepter en tant qu'élus que ça se passe»
À noter qu'à Fond Lahayé, une opération conjointe de nettoyage est en cours avec l'appui des forces de l'ordre et l'engagement des services municipaux.
Par RCI Martinique