Chlordécone aux Antilles : Le Ministère de la Santé et le Ministère des Outre-mer notent des « avancées significatives» pour un premier bilan du Plan Chlordécone IV

© Twitter Agnès Firmin Le Bodo

Chlordécone aux Antilles : Le Ministère de la Santé et le Ministère des Outre-mer notent des « avancées significatives» pour un premier bilan du Plan Chlordécone IV

Plus d'un an après le lancement du plan chlordécone IV,  le Ministère de la Santé et le Ministère des Outre-mer ont livré un premier bilan des premières mesures mises en place en Guadeloupe et en Martinique, en présence d'élus de la Guadeloupe et de la Martinique.

 

Doté d’un budget total de 92 millions d’euros sur sa durée, le Plan IV prévoit la mise en place de 47 actions sur la période 2021-2027. Un an plus tard, le Gouvernement note des « avancées significatives » de ce plan Chlordécone IV. De façon concrète, 42 des 47 actions initiées, dont la moitié opérationnelles, et 8,8 millions d’euros de crédits publics engagés en 2021 sur une enveloppe prévue de 11,1 millions d’euros, soit 79 %. 
 

« Il était important de faire un point régulier de l'avancement de ce plan, avec tous les élus. Nous avons fait des avancées importantes en terme d'accès aux tests de chlordéconomie pour les Antillais et sur la nécessité de pouvoir accès sur la recherche mais aussi sur la vulgarisation et la pédagogie auprès des Antillais. Il est  important que tout le monde puisse se faire tester et être pris en charge», précise Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé.

Pendant l'année, 3 800 dosages gratuits de chlordéconémie ont été réalisés sur les deux îles, 1 371 jardins analysés et 146 visites à domicile  dans le cadre du programme JaFa en Guadeloupe et Martinique ont été effectués.  « Nous pensons que l'accès aux tests doit s'accélérer. Plus il y aura des professionnels de santé formés, mieux ce sera. Nous sommes actuellement à 250 professionnels de santé formés. Nous insistons sur le fait de former plus de professionnels de santé, d'informer la population.Des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation aux tests sont faites aux Antilles. Il faut également sensibiliser la jeunesse. C'est un moyen de pouvoir d'essaimer les informations sur cet enjeu d'accès aux tests», ajoute la Ministre déléguée Agnès Firmin Le Bodo.

« On progresse»

Pour « tendre vers le zéro chlordécone», l'Etat accompagne les filières de la pêche, de l’aquaculture marine et de l’agriculture. Une aide exceptionnelle sur 3 ans (2022-2024) d'un montant d'1,5 million d'euros par an a été créée pour les marins pêcheurs salariés et les patrons embarqués afin de compenser leurs pertes de revenus liées à la pollution des eaux par la chlordécone. En 2021, ce sont 300 demandes d’aide qui ont déjà été instruites. « Je suis fier qu'aujourd'hui tout le monde ait accès aux tests, tout le monde peut être indemnisé ou pris en charge. On progresse sur l'angle économique avec le secteur de l'agriculture et de la pêche. Il faut que les agriculteurs acceptent de regarder ce qui passe sur leur terrain. Ils ne le font pas par crainte que leurs terrains soient contaminés. Sur ce point, on progresse pour indemniser et nous indemnisons. Sur le plan de la recherche, on a constaté qu'être chlordéconé ne signifie pas être malade. Cela peut déclencher des maladies. La recherche avance également sur la question de la dépollution des sols», avance de son côté Jean-François Carenco, le ministre délégué en charge des Outre-mer.

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Concernant la filière agricole, 1 029 analyses gratuites de sols et 142 analyses de fourrages ont été réalisées chez les agriculteurs sur les 2 îles en 2021. Autre avancée significative, le gouvernement indique la reconnaissance du cancer de la prostate comme maladie professionnelle du régime agricole depuis décembre 2021, concernant les salariés agricoles et exploitants agricoles en activité ou à la retraite, au même titre que la maladie de parkinson et certains cancers reconnus auparavant et mise en place d’un dispositif d’accompagnement gratuit permettant de faciliter les démarches d’indemnisation.

Un grand colloque de la recherche sur le chlordécone mi-décembre aux Antilles

L’Agence nationale de la recherche (ANR) a lancé le 10 mars 2022, le premier appel à projet dédié à la chlordécone, en partenariat avec la Région Guadeloupe et la Collectivité Territoriale de Martinique. 6 M€ sont mobilisables. Parmi les axes thématiques retenus, figurent la prévention des expositions pour abaisser les causes et les facteurs de risque liés à la présence du chlordécone et l’élaboration de solutions innovantes et durables pour les acteurs économiques, dont la remédiation des sols. L’étude ChlorExpo est lancée et permettra d’affiner les connaissances sur les expositions alimentaires et les moyens de les limiter tout en consommant des produits locaux.

Des « rencontres Chlordécone» -qui se tiendront du 12 au 14 décembre en Guadeloupe puis à partir du 15 décembre en Martinique- feront le point sur l'avancée des différentes études en cours. 

Présente à cette réunion, la sénatrice de la Guadeloupe Victoire Jasmin, à l'origine de l'amendement sur le test de chlordéconomie reconnaît une première satisfaction concernant les mesures engagées dans ce plan Chlordécone IV. Elle souligne qu'il existe encore des marges de manoeuvre à améliorer. « Cela ne sera jamais satisfaisant mais il faut reconnaître qu'il y a de grandes avancées. Des mesures sont prises, l'analyse des sols s'effectue mais il faut aller au-delà car ce n'est pas encore exhaustif. Sur les tests de chlordéconomie, c'est  une première satisfaction. Je crois qu'il y a de nettes avancées, la recherche avance également».

La sénatrice plaide aussi pour une meilleure information et sensibilisation de la population mais également une meilleure communication auprès des élus. « Il y a, aujourd'hui à mieux s'approprier ces connaissances pour mieux transmettre à la population. En Guadeloupe, j'entends ces campagnes mais je pense qu'il faut accompagner de rencontre de proximité avec la population mais aussi avec des professionnels. Tout le monde n'est pas au même niveau d'information».