Handicap et Outre-mer : un rapport dévoile 16 mesures pour rattraper le retard

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Handicap et Outre-mer : un rapport dévoile 16 mesures pour rattraper le retard

Deux décennies après la loi fondatrice du 11 février 2005, un rapport sénatorial tire la sonnette d’alarme : les territoires ultramarins sont encore très loin des objectifs fixés. C’est le constat sans appel dressé par leur rapport d’information, issu de six mois de mission menée par les sénateurs Audrey Bélim (SER – La Réunion), Akli Mellouli (GEST – Val-de-Marne) et Annick Petrus (LR – Saint-Martin), sous l’égide de Micheline Jacques (LR – Saint-Barthélemy), présidente de la délégation sénatoriale aux outre-mer. Ils déclinent une série de recommandations ambitieuses  pour  transformer le retard en levier d’adaptation.

 

Vingt ans après la loi Handicap, les rapporteurs ont mis en exergue «un retard majeur et la nécessité d’un fort rattrapage pour ces territoires. Cette politique publique jugée essentielle dès l’origine est encore dans les outre-mer. Ils soulignent que cette politique a connu «un faux départ». Dans les outre-mer, le pourcentage de personnes en situation de handicap est supérieur à celui observé dans l’Hexagone, avec jusqu’à 21 % d’adultes concernés en Guyane, contre 10 % en Hexagone. À Mayotte, 18 % des enfants souffrent de limitations cognitives sévères, un taux six fois plus élevé qu’en France continentale.

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Le manque d’infrastructures est frappant. Saint-Martin et Saint-Barthélemy ne disposaient d’aucun service médico-social il y a encore deux ans. L’accès aux transports, à l’éducation inclusive ou au sport adapté reste marginal, et l’emploi des personnes handicapées quasi inexistant dans plusieurs territoires. Si les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) sont bien implantées, elles peinent à répondre à la demande. Les délais de traitement explosent : jusqu’à 9,8 mois en Martinique, loin des 4 mois réglementaires.  Si des progrès sont visibles dans l’éducation, avec la montée en puissance de l’école inclusive, des freins demeurent : retards dans les notifications, manque de places en IME, pénurie d'accompagnants. Le handisport et le sport adapté stagnent, faute de structures et de moyens. L’insertion professionnelle, quant à elle, reste embryonnaire, sauf exception comme à La Réunion. 

En cause : un manque de coordination, une absence de planification stratégique et un modèle médico-social inadapté aux réalités ultramarines. Pour les auteurs du rapport, Il est désormais urgent de lancer « une véritable course de fond» pour rattraper le temps perdu et bâtir une réponse à la hauteur des enjeux.

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Face à ce constat, les sénateurs appellent à une refondation territorialisée de la politique du handicap, articulée autour de 16 recommandations clés : Renforcer la représentation des outre-mer dans les instances nationales, comme le Conseil national consultatif des personnes handicapées, Adapter la politique de détection du handicap aux réalités allophones de certains territoires, Prioriser les outre-mer dans le déploiement du nouveau service de repérage et d’intervention précoce, Mettre en place un plan de rattrapage à 10 ans, notamment en Guyane, Mayotte, Saint-Martin et Saint-Barthélemy ? Construire des parcours adaptés territoire par territoire, sur la base de données fiables et actualisées, Confier à LADOM l’accompagnement des étudiants handicapés ultramarins vers l’Hexagone, Créer un cadre réglementaire innovant pour les petits territoires, avec des plateformes médico-sociales modulables, et réviser le mode de calcul de la « vie chère » et les concours de la CNSA pour une prise en compte juste des surcoûts ultramarins.