Chlordécone aux Antilles : Le Gouvernement lance le plan Chlordécone IV pour tendre vers le zéro chlordécone selon Edwige Duclay

Chlordécone aux Antilles : Le Gouvernement lance le plan Chlordécone IV pour tendre vers le zéro chlordécone selon Edwige Duclay

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Le Gouvernement présente ce mercredi 24 février, le Plan Chlordécone IV pour la période 2021 – 2027. Un plan qui a pour objectif de « poursuivre, voire renforcer, les mesures déjà engagées pour réduire l’exposition des populations à la pollution par la chlordécone en Guadeloupe et en Martinique, ainsi qu’à déployer des mesures d’accompagnement adaptées. Précisions avec Edwige Duclay la directrice de projet chargée de la coordination du plan Chlordécone IV.

Quelques semaines après la nomination de la Martiniquaise Edwige Duclay comme directrice de projet chargée de la coordination du plan chlordécone IV, le gouvernement présente ce jour le plan Chlordécone IV. Elaboré à l’issue d’un processus de co-construction, associant collectivités, associations, organisations professionnelles, scientifiques, et après une consultation publique organisée fin 2020, ce plan a pour ambition « de protéger les populations contre cette pollution environnementale persistante et prendre en charge ses impacts qu’ils soient sanitaires, environnementaux ou économiques», nous précise Edwige Duclay, directrice de projet chargée de la coordination du plan chlordécone IV, joint par Outremers 360. « Ce plan Chlordécone IV se démarque des précédents plans Chlordécone car il a vraiment intégré les besoins locaux qui ont émergé lors de cette phase de co-construction, balaie un champ beaucoup large d’enjeux et dispose d’une part budgétaire importante car il regroupe la somme des trois budgets des précédents plans. Dans ce nouveau plan pour lutter contre cette pollution à la chlordécone, l’Etat prend sa part mais il existe un réel enjeu à ce que tous les acteurs se saisissent de ce plan et travaillent à sa mise en œuvre. Il découle une volonté que ce plan Chlordécone IV ne reste pas uniquement un plan de l’Etat», poursuit-elle.

Un nouveau plan qui repose sur six stratégies permettant de couvrir l’ensemble des enjeux et priorités pour la population : la communication (pour mieux informer et sensibiliser tous les publics en vue de protéger la population), la recherche (pour renforcer les connaissances et les appliquer sur le terrain) la formation et éducation (pour former les citoyens dès le plus jeune âge), la santé à travers l’environnement et l’alimentation (notamment pour promouvoir une alimentation locale saine et durable vers le « zéro chlordécone», la santé à travers le travail ( à destination des assurés, des médecins et des entreprises) et l’axe socio-économique avec un accompagnement des professionnels impactés. « A titre d’exemple, il s’agit d’accompagner -de manière technique ou financière- les socioprofessionnels pour qu’ils puissent faire évoluer leur pratiques y compris dans les zones contaminées. Nous savons qu’il y a des techniques en agriculture et notamment en élevage pour pouvoir décontaminer le cheptel ou alors faire pousser des cultures moins sensibles à la chlordécone dans les zones où les sols sont contaminés ».

47 mesures pour « tendre vers le zéro chlordécone »

Dans le détail, ce sont 47 mesures qui ont été déclinées dans ce nouveau plan dans lequel on retrouve la mise en place d’un service d’analyse gratuit pour les professionnels (aquaculteurs, agriculteurs, éleveurs) pour les sols, l’eau et les fourrages, la formation des professionnels agricoles, la mise en place de campagnes d’analyses gratuites de chlordéconémie chez des populations ciblées plus vulnérables notamment les auto-consommateurs « JaFa » ( jardins familiaux, ndlr), les femmes avec projet de grossesse, les travailleurs, la mise en place du fonds d’indemnisation des victimes des pesticides ou encore la formation d’éco-délégués auprès de la jeunesse. « Avec ce Plan Chlordécone, nous voulons vraiment nous inscrire dans l’avenir en mettant en place des solutions, des actions permettant à la fois de tendre vers le zéro chlordécone et procurer à la population une alimentation saine, durable, locale».

Un plan de communication renforcé pour clarifier les messages

La directrice de projet chargée de la coordination du plan chlordécone IV, Edwige Duclay souligne que des mesures grand-public sont présentes notamment sur le plan de la communication. « Un site internet unique sera mis en place pour clarifier les messages, lutter contre les fausses informations et engager, mobiliser l’ensemble des acteurs. Il y a aussi une volonté d’améliorer cet axe de la communication et d’en faire une stratégie transversale qui croise les autres stratégies à travers une vulgarisation des travaux de recherches, un enjeu d’explication de la protection de la santé. Cet axe de communication permettra de faire un point régulier sur l’application des mesures de ce plan».

Pour cela, le budget global prévisionnel du plan chlordécone IV, pour la période 2021-2027, est fixé à 92 millions d’euros. C’est autant que les trois précédents plans cumulés, dont de 31 millions d’euros sont financés par le Programme des Interventions Territoriales de l’État (PITE), complétés par d’autres financements (dont 3 millions d’euros via France Relance) et 16 millions d’euros seront à mobiliser par les collectivités et les fonds européens.

Les comités de pilotage locaux et adaptés aux territoires

La phase opérationnelle débutera lors des comités de pilotage locaux dès ce mercredi 24 février en Guadeloupe et dès le 3 mars en Martinique, sera pilotée par les préfets qui « seront en première ligne pour décliner ces orientations nationales en fonction de leurs territoires et de leurs priorités» nous précise Edwige Duclay.

« Mon rôle en tant que directrice de projet est de créer du lien, de favoriser la coordination car c’est un plan qui vise de nombreuses politiques publiques. C’est un vrai enjeu de coordonner huit ministères qui travaillent sur le sujet, lever les freins et mettre en synergie les différentes actions au niveau national et local, mais sans se substituer aux rôles de chacun des décideurs et des acteurs qui ont leurs  rôles à jouer sur le terrain. Il s’agit de rendre aussi des comptes au Premier Ministre régulièrement sur la façon dont les actions sont mises en oeuvre, sur la façon dont le budget est consommé, et sur éventuellement des points à faire avancer plus vite».

Edwige Duclay, originaire de la Martinique, est ingénieure agronome spécialisée dans la protection de la santé humaine face aux atteintes environnementales depuis une vingtaine d’années. © DR

Edwige Duclay, originaire de la Martinique, est ingénieure agronome spécialisée dans la protection de la santé humaine face aux atteintes environnementales depuis une vingtaine d’années. © DR