Année de la Mer : Le lancement d’une prise de conscience collective pour « faire aimer et protéger » les océans

©Outremers360

Année de la Mer : Le lancement d’une prise de conscience collective pour « faire aimer et protéger » les océans

Mercredi soir, à l’Assemblée nationale, a eu lieu le lancement de l’Année de la Mer, organisé par la députée de Polynésie Mereana Reid Arbelot, et le député du Finistère Hervé Berville, en présence de la présidente Yaël Braun-Pivet et de l’activiste, fondateur de la Sea Shepherd, le capitaine Paul Watson, qui se rendra à Mayotte le mois prochain.

Débutée le 1er janvier, l’Année de la Mer a eu droit à un lancement officiel à l'Assemblée nationale sous la voûte dorée de la salle des fêtes de l’Hôtel de Lassay, en présence d’un parterre de parlementaires et de personnalités de la société civile, activistes ou marins comme le skipper Éric Bellion, qui a dû abandonner le Vendée Globe il y a un mois. Un invité de marque : le capitaine Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd.

Initiée par le chef de l’État pour souligner la prochaine Conférence des Nations unies sur l’océan, cette Année de la Mer a pour but de lancer une prise de conscience collective, au-delà des seuls territoires marins, pour « faire connaître ce sujet et faire aimer » les océans. Déjà, le Ministère des Outre-mer a souhaité que chaque territoire ultramarin se saisisse du sujet à travers le Relais des Outre-mer, qui a commencé par la Polynésie française en janvier, suivie de La Réunion en février. Au national, pas moins de 130 événements sont prévus autour de la protection des océans.

©Outremers360

« Dans cette année cruciale pour la mer », marquée notamment par la 3ème conférence des Nations unies sur les océans à Nice en juin, « l’Assemblée nationale devra se montrer à la hauteur » a déclaré Yaël Braun-Pivet. L’hôte de l’événement appelle notamment à poursuivre les ratifications du traité BBNG -traité des Nations unies pour la protection de la haute mer-, permettant de « mettre fin » au « vide juridique » qui entoure « 60% de la surface océanique ».

« Signé par 106 États, seulement 16, dont la France, l’ont ratifié » a constaté la présidente de l’Assemblée nationale. « Ce texte ne rentrera en vigueur qu’après avoir été ratifié par 60 États. C’est pourquoi j’ai rappelé mon homologue des Bahamas l’importance de ratifier ce traité », a-t-elle assuré. « En janvier 2023, notre parlement devenait le premier parmi les grandes puissances maritimes à adopter une résolution demandant un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins », a aussi salué la présidente.

« Le combat pour la protection des océans et la maritimisation des esprits est essentiel et fondamental » insiste de son côté le député Hervé Berville, ancien ministre de la Mer. Face aux « vents mauvais et contraires », il appelle à « faire preuve de volonté politique plus forte », plaide pour des aires marines « de qualité avec des règles internationales claires et établies », et redit son opposition à l’exploitation des fonds marins : « une des plus grandes menaces pour nos écosystèmes ».

©Outremers360

« Il y a trois ans, nous étions 4 pays à être pour un moratoire (…), désormais nous sommes 32. Nous avançons » se réjouit le député, tout en appelant à « redoubler d’efforts diplomatiques ». Comme Yaël Braun-Pivet, le député appelle à la poursuite des ratifications du BBNG, mais aussi à la lutte contre la pêche illégale et illicite, qui « vide les océans » et « prive les futures générations d’une capacité à pouvoir se nourrir ».

Paul Watson à Mayotte

Avant de recevoir la médaille de l’Assemblée nationale des mains de la présidente, l’activiste Paul Watson a tenu à remercier la France « pour son soutien », en lui octroyant l’asile politique, et en empêchant son extradition au Japon, alors qu’il était détenu au Groenland. Celui qui s’est rendu à Saint-Pierre et Miquelon ou encore aux TAAF, va se rendre à Mayotte le mois prochain, a-t-il annoncé. L’île et son chapelet d’îlots possède le deuxième plus grand lagon du monde après la Nouvelle-Calédonie, et abrite, sur terre comme en mer, une biodiversité riche mais mise à mal par le passage du cyclone Chido.

« La France a une énorme influence sur l’océan » a souligné le capitaine, qui a « hâte de se rendre à la Conférence des Nations sur l’Océan ». « Si l’océan meurt, nous mourrons avec lui » a-t-il aussi prévenu, appelant « chaque personne sur cette planète » à « faire tout ce qu’il peut pour protéger la vie, l’interdépendance et la diversité dans l’océan ». Une alerte particulière du capitaine : l’état de santé du phytoplancton, base de la chaîne alimentaire marine générant « 70% de l’oxygène qu’on respire et première source de séquestration du carbone », qui se dégrade dangereusement.

©Outremers360

Seule parlementaire des Outre-mer présente, et co-organisatrice de cette soirée de lancement, c’est en tant que « Polynésienne », Mereana Reid Arbelot « souhaite souligner le rôle crucial des Outre-mer dans la préservation de la biodiversité ». « La France a une responsabilité majeure dans la protection des océans », a-t-elle ajouté, appelant elle aussi à « privilégier la qualité des aires marines et non la quantité », à « soutenir les initiatives de pêche locale durable » et à « investir dans la restauration des écosystèmes côtiers ».  

Mereana Reid Arbelot a aussi appelé à multiplier les démarches pédagogiques sensibilisant à la conservation de la biodiversité marine, à impliquer davantage les Outre-mer dans les traités internationaux et surtout, réitéré -à l’instar de son collègue Hervé Berville- son appel à imposer un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. Un sujet qui fait débat en Polynésie, car si l’Assemblée territoriale a adopté un moratoire dès fin 2022, le parti indépendantiste, au pouvoir depuis 2023, n’est pas forcément sur la même ligne quant à l’exploitation des fonds marins.