Le chlordécone, pesticide cancérogène et perturbateur endocrinien qui a contaminé les sols de Martinique et de Guadeloupe est au centre d’un colloque scientifique mardi et mercredi en Martinique, où la population reste fragilisée par ce scandale sanitaire.
Intitulé « Etat des connaissances scientifiques et solutions possibles pour réduire l’exposition des populations », le colloque scientifique regroupera une quarantaine de chercheurs français et internationaux. Objectifs : présenter les avancées scientifiques dans tous les domaines concernés, mettre ces résultats en perspective pour la décision publique, en termes d’actions de réduction de l’exposition des population, d’assurer le transfert des résultats en direction des filières affectées par la contamination (pêche, agriculture, élevage) afin de sécuriser les pratique mais aussi informer largement et efficacement les populations. Ce colloque s’inscrit dans le plan de prévention de l’Etat français Chlordécone III (2014-2020).
Aux Antilles, Les effets sanitaires et environnementaux des expositions à la chlordécone restent à juste titre une préoccupation d’actualité pour les populations. Fin septembre aux Antilles, le président français Emmanuel Macron a estimé que l’État devait « prendre sa part de responsabilité » dans cette pollution. Mais il a aussi expliqué que « l’état des connaissances scientifiques (…) ne (permettait) pas de certifier » la dangerosité de la molécule pour la santé, bien que l’on « présume le lien avec les naissances prématurées, les retards de développement cérébral et d’autres pathologies ».
Un lien avec le cancer à éclaircir
Depuis 2008, date du démarrage du premier plan Chlordécone, plusieurs actions ont été mises en place pour améliorer les connaissances et apporter une aide à la décision aux acteurs locaux et nationaux.
L’étude Karuprostate, publiée en 2010 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a établi une « association causale entre l’exposition au chlordécone et le cancer de la prostate ». Selon Santé publique France, qui doit préciser son étude lors du colloque, « plus de 90 % de la population adulte » de Guadeloupe et Martinique est contaminée.
Le colloque « n’aura pas de retombée concrète positive » pour le médecin martiniquais, quand il se trouvera face à son patient », regrette Josiane Jos Pelage, pédiatre et présidente de l’Association Médicale de Sauvegarde de l’Environnement et de la Santé.
Pour le président du Parc Naturel de Martinique, Louis Boutrin, il n’y a qu’une solution, le « zéro chlordécone ». Selon une étude, « si au bout de 4 à 5 ans, il n’y a pas de chlordécone dans l’alimentation, le rat finit par éliminer (la molécule, NDLR). Il y a de fortes probabilités que l’homme puisse aussi l’éliminer ».