Une convention d’entraide judiciaire en matière pénale de la déclaration conjointe sur la gestion commune du fleuve Maroni et de la rivière Lawa et le développement commun de la zone frontalière sera signée au Ministère des Outre-mer en présence de Sébastien Lecornu, des représentants français et surinamiens. Retour sur l’historique et les enjeux de cette coopération franco-surinamienne.
Après plus d’un siècle d’incertitudes et de débats,
le tracé de la frontière franco-surinamienne sera juridiquement déterminé à l’occasion de la signature d’un Protocole additionnel à la Convention de Parisde 1915. Rappelons que ce texte, qui découle lui-même de la sentence d’arbitrage rendue en 1891 par le tsar Alexandre III à la demande de la France et des Pays-Bas, établissait le Maroni comme fleuve frontière, mais sans préciser quelle répartition s’appliquait pour les îles (près d’un millier, dont plusieurs habitées) ni quel tracé exact suivi la ligne de démarcation. Ces questions sont désormais réglées, au moins pour la partie du Maroni qui va de l’embouchure jusqu’à Antecum Pata, tout en sachant que la partie amont, qui correspond au « Contesté » historique entre les deux pays, reste encore pendante. Les diplomates ont toujours du pain sur la planche…
Compte tenu de la nature du fleuve Maroni, dont la largeur peut être fluctuante en fonction des saisons, le caractère stable de la ligne de démarcation est un enjeu crucial. » Le Suriname et la France ont innové pour répondre à ce défi, puisque le tracé est entièrement déterminé par une ligne numérique de coordonnées géophysiques, annexée au traité. Désormais, un simple contrôle satellite permettra de savoir de quel côté de la frontière on se situe, ce qui laisse espérer la fin des incidents frontaliers qui ont émaillés la relation bilatérale au cours de ces dernières années » , nous a indiqué l’Ambassadeur délégué à la Coopération régionale Antilles Guyane Jean Bernard Nilam joint par Outremers360.
Paris et Paramaribo ne s’en tiennent pas là et s’apprêtent à signer en même temps
un accord de coopération judiciaire, en souffrance depuis plusieurs années. L’assistance mutuelle en matière pénale permettra les transmissions de casiers judiciaires, les échanges d’information et la communication des éléments de procédure, pour une application plus sûre et plus juste de la réponse pénale face à la délinquance de droit commun.
Les deux capitales, ainsi que la Collectivité de Guyane s’accordent enfin sur une Déclaration conjointe pour la gestion en commun du fleuve et de la zone frontalière. L’objectif est de favoriser la coopération en particulier dans le domaine de la sécurité, au bénéfice des populations du fleuve. Les questions de santé et d’éducation, de même que la circulation de personnes et de biens ne sont pas oubliées, et le texte réaffirme l’importance attachée aux outils que sont la Commission mixte et le Conseil du fleuve.