©Laurent Bellesta / L’œil d’Andromède
Le parc naturel de la Mer de Corail, l’une des plus vastes réserves marines au monde, sera doté d’ici avril 2017 d’un plan de gestion actuellement en cours d’élaboration par les autorités de Nouvelle-Calédonie.
« L’enjeu majeur était que ce parc ne reste pas une coquille vide », a déclaré Marc Orémus, en charge des programmes marins au sein du WWF (Fonds mondial pour la nature). Deux ans et demi après la création du parc naturel par le gouvernement calédonien, d’une étendue d’1,3 million de kilomètres carrés qui couvre toute la zone économique exclusive (ZEE) de l’archipel ainsi que des îles éloignées, un projet de plan de gestion doit être validé avant fin novembre. Pendant trois mois, de décembre à février, il sera présenté et débattu avec la population avant de faire l’objet d’un arrêté du gouvernement local en avril 2017.
« Notre démarche est participative car on ne va pas mettre un gendarme derrière chaque individu, il faut que la population s’approprie la démarche », explique Christophe Fonfreyde, adjoint au directeur des affaires maritimes. De la profondeur des abysses aux eaux émeraude des reliefs affleurant, une biodiversité exceptionnelle peuple le parc naturel de la Mer de Corail. Il abrite 25 espèces de mammifères marins, 48 de requins, 19 d’oiseaux nicheurs, dont les dernières dizaines de sternes Néréis présentes aux îles Chesterfield, et quatre des sept espèces de tortues marines. Un tiers des récifs « pristine » de la planète, sites intouchés mythiques pour tout plongeur sous-marin, s’y trouve également.
Sur l’ensemble du parc, il est déjà acquis que la pêche de certaines espèces (tortues, requins) est interdite, le nombre de navires de pêche limité et les arts traînants (chaluts, lignes traînantes, dragues ou lamparos) totalement proscrits. « De grandes discussions sont en cours sur la question des ressources minérales et des hydrocarbures. Jusqu’à nouvel ordre, on n’en a pas trouvé, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Veut-on en avoir le cœur net ? », interroge Christophe Fonfreyde. Dans les rangs des environnementalistes, la réponse est claire : « ni exploration, ni exploitation ».
Le comité de gestion du parc s’articule autour de quatre collèges représentant les institutions, la société civile, les professionnels et les coutumiers. Ce dernier collège a pour ambition de protéger les liens culturels qui unissent les populations kanak et la mer. « Ce volet concerne le patrimoine immatériel. La terre et la mer forment un tout dans l’organisation kanak, il y a une continuité », relève Alexandre Kamouda, membre du bureau du collège coutumier. Source de mythes, légendes et rites, la mer cache des cimetières marins, sépultures de l’esprit des morts, des chemins coutumiers qui scellent les liens claniques, ainsi qu’une dense toponymie. Les autorités kanak ont confié à une jeune doctorante en anthropologie, Marlène Dégremont, le soin de recenser ce patrimoine. « Nous lui avons indiqué dans chaque clan les personnes dépositaires de ces connaissances pour qu’elle les interroge. On arrive à un moment où il faut écrire », estime M. Kamouda, conscient qu’à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, la transmission s’altère.
Avec AFP.