En Nouvelle-Calédonie, la protection des ressources en eau passe par la protection des forêts

En Nouvelle-Calédonie, la protection des ressources en eau passe par la protection des forêts

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Trois projets pour la protection et la restauration de bassins d’alimentation de captage destinés à l’alimentation en eau potable ont été lancés mercredi 24 février, à la Communauté du Pacifique. Reboisement, lutte contre les espèces envahissantes et mobilisation des populations sont au programme. Les explications avec notre partenaire Actu.nc. 

« Après les grosses pluies de janvier, l’eau du robinet n’était pas claire, plutôt marron, à cause des problèmes d’érosion autour du bassin de captage », déclare Solène Verda, chargée de mission à l’ONFI. Elle coordonne les opérations de protection et de restauration des bassins d’alimentation des captages d’eau potable sur la commune de Touho. Mises en place dans le cadre de Protege, vaste projet de coopération régionale financé par l’Union européenne, ces actions visent les captages de Haccinem et de Kokingone.

L’objectif principal est de réduire les apports de terre qui rendent l’eau impropre à la consommation à certaines périodes mais également de lutter contre les espèces envahissantes, les feux de brousse et les pollutions humaines. Ce n’est pas le seul bassin concerné. En effet, la Communauté du Pacifique, en partenariat avec l’Office français de la Biodiversité, a lancé un appel d’offres sur cette thématique en septembre. « Trois ont été retenues et une quatrième est en discussion sur la commune de Hienghène », explique Julie Petit, coordinatrice du projet Protege pour la Nouvelle-Calédonie. « Nous avons sélectionné des bassins dégradés dont la restauration sera la plus bénéfique pour la population ».

Des projets gagnant-gagnant

La première source d’approvisionnement du Grand Nouméa est captée au niveau du barrage de la Dumbéa. Or, le volume utile de la retenue d’eau a diminué de près de 40%. « Si on ne lutte pas contre le phénomène d’atterrissement, dû aux sols dénudés, à chaque pluie le captage va se remplir progressivement de sédiments et il faudra venir curer, ce qui coûterait très cher », explique Hubert Géraux, responsable de l’antenne calédonienne de WWF porteuse d’un projet de lutte contre l’érosion de la Montagne des Sources. « Vu l’importance de ce captage, il est primordial d’investir sur les infrastructures vertes telles que les forêts, pour restaurer la biodiversité, re-fixer les sols et ainsi sécuriser les volumes et la qualité de l’eau du captage. C’est gagnant-gagnant ».

L’eau, une ressource vitale 

Protéger les ressources en eau passe d’abord par la protection des forêts. « Elles agissent comme un filtre et permettent au sol de mieux absorber l’eau de pluie, la purifier et de la re-délivrer dans les rivières. Si la forêt se dégrade, l’eau contient alors tous les sédiments évacués à cause des problèmes d’érosion. C’est un phénomène qu’on observe déjà aujourd’hui, il y a certains cours d’eau qui sont totalement engravés. Il faut absolument renverser le phénomène », décrit Marine Aubert de la mairie d’Houaïlou porteuse elle-aussi d’un projet.

Le bassin versant de la Creek Mindaï, à la tribu de Bâ, a été ciblé parce que c’est le deuxième le plus important de la commune. « Il est également dans une zone clef de biodiversité avec des espèces rares et menacées par les feux et les espèces envahissantes », ajoute-t-elle. « Faire du reboisement et lutter contre le Pinus, mais également contre les cerfs et les cochons sauvages, va permettre de garder une eau de bonne qualité et en quantité suffisante ».

Hubert Grivaux conclut : « Notre ressource vitale, ce n’est pas le nickel, c’est l’eau. Il va bien falloir en prendre conscience et mettre la même énergie, au moins, pour la préserver. Sans eau, rappelons-le, on ne fera pas d’agriculture, pas de tourisme, pas d’industrie ». Ces trois projets, financés à hauteur de plus de 50 millions de francs, semblent aller dans ce sens mais illustrent aussi la fragilité de nos réserves en eau potable.

S.N pour Actu.nc