Économie : En Nouvelle-Calédonie, le déficit commercial en 2019 s’élève à plus d’un milliard

Économie : En Nouvelle-Calédonie, le déficit commercial en 2019 s’élève à plus d’un milliard

©Port autonome de Nouméa (Illustration)

L’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) vient de communiquer les statistiques de la balance des paiements pour l’année 2019. Cette année-là, la balance commerciale de la Nouvelle-Calédonie a été déficitaire de 161 milliards, soit 1,4 milliard d’euros. L’IEOM explique ce déficit par le recul de l’activité métallurgique et les investissements réalisés dans le secteur du transport et de la pêche. Éclairage avec notre partenaire Actu.nc.

Depuis plusieurs années déjà, la Calédonie est passée d’une croissance forte du PIB (Produit intérieur brut) à une croissance ralentie. « 2019 a rendu la Nouvelle-Calédonie plus tributaire des flux avec l’extérieur, de l’environnement étranger ou externe en créant une sorte de dépendance, voire de vulnérabilité plus forte », explique Yann Caron, directeur de l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) de Nouvelle-Calédonie, lors de la présentation du rapport de la balance des paiements. Ce rapport recense les opérations économiques et financières entre les résidents de Nouvelle-Calédonie et le reste du monde, dont la France, au cours d’une année.

Dans le même temps, l’indicateur du climat des affaires (ICA), sorte de baromètre du moral des chefs d’entreprise, a connu un creux lors de la période du 1er référendum, en 2018, dû aux inquiétudes des Calédoniens sur le résultat du vote. « Il y a également une corrélation relativement forte avec les cours du nickel », précise Yann Caron. Si l’ICA s’est redressé en 2019, « nous sommes restés dans une situation tendue en Nouvelle-Calédonie ».

D’importants investissements dans le transport et la pêche

Dans son rapport, l’IEOM constate que le déficit des transactions courantes structurelles s’accroit. En effet, le solde déficitaire est de 77 milliards de francs CFP en 2019 contre 40 milliards en 2018. « Cette dégradation est due principalement à l’augmentation du déficit commercial [+49% et s’élevant à 161 milliards, ndlr] et, dans une moindre mesure, au déficit des échanges de services [+6%] ». Cette augmentation du déficit est provoquée notamment par une période de gros investissements pour la réalisation des usines de nickel « d’une ampleur considérable », multipliant le nombre d’importation d’équipement professionnel. Ces importations ont creusé un déficit qui apparait sur cette période de façon très marquée.

©Actu.nc

©Actu.nc

Globalement, la Nouvelle-Calédonie se trouve dans une économie de consommation à un niveau élevé, proche de celui de l’Hexagone – tout comme le PIB (Produit intérieur brut) par habitant –, dû notamment aux produits importés. Face à ces consommations, les transferts provenant de la France sont une part conséquente des revenus qui permettent de les payer, selon l’IEOM. L’augmentation du déficit de 37 milliards tient donc au fait qu’en 2019 s’est ajouté de grosses importations de biens d’équipement d’entreprise : l’acquisition d’un A320 d’AirCalin, des chalutiers et le réseau de bus Tanéo. L’Institut d’émission a également constaté un effet ciseau. Alors même que la Calédonie a davantage importé, son volume d’exportation a baissé, en raison de la contraction de la production de métal ce qui a creusé le déficit.

Des versements publics s’élevant à 161 milliards

Pour compenser le déficit de la balance commerciale, l’État français a versé 161 milliards (-4 milliards par rapport à 2018). Pour le directeur de l’IEOM, le niveau du versement public de la France est extrêmement élevé. Les rémunérations des agents des administrations publiques occupent une part importante des transferts de l’État. En 2019, les flux financiers entre la Nouvelle-Calédonie et le reste du monde sont tirés par les investissements directs sur le territoire, liés à l’industrie minière. Ils affichent des entrées nettes de 105 milliards (contre 29 milliards en 2018).

La Nouvelle-Calédonie se trouve donc avec un déficit commercial structurel du fait de son insularité, accru en 2019 par la baisse des exportations de nickel, et les investissements exceptionnels réalisés par le transport et la pêche. Il est à craindre, au vu de la situation, que le déficit commercial de la Nouvelle-Calédonie ne soit à nouveau plombé en 2020. La tenue du 2e référendum dans les conditions que l’on déplore, et le déclenchement de la revendication indépendantiste sur les richesses minières, portent à croire que le déficit va en effet se creuser davantage.

Hugo Coëff pour Actu.nc