Xi Jinping en route vers un Sommet Asie-Pacifique, sous la menace protectionniste de l’ère Trump

Xi Jinping lors du sommet des Brics en octobre dernier ©Wikicommons

Xi Jinping en route vers un Sommet Asie-Pacifique, sous la menace protectionniste de l’ère Trump

Le président Xi Jinping a quitté ce mercredi la Chine pour le Pérou, où il participera au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), placé sous la menace de nouvelles guerres commerciales sous l'ère Trump. 

Le chef d'État chinois retrouvera à Lima d'autres dirigeants des économies de la zone, qui représente 60% du PIB mondial et réunit 21 pays membres, dont le Japon, la Corée du Sud, les États-Unis, le Mexique, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou encore la Russie et les nouvelles puissances sud-asiatiques comme le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie et Singapour.

Si pour l’heure, c’est encore Joe Biden, président américain sortant, qui est attendu à Lima, l'ombre du tribun républicain devrait peser sur le sommet qui vise depuis 1989 à promouvoir la croissance économique, la coopération et les investissements dans la région du Pacifique. « Il est certain que la victoire de Trump aura un impact sur le sommet de l'Apec, car il a un discours assez protectionniste », souligne auprès de l'AFP Oscar Vidarte, professeur de relations internationales à l'Université catholique du Pérou.

La Chine, deuxième économie mondiale, est aux prises avec une crise de l'immobilier et une consommation atone qui pourraient s'aggraver avec le magnat républicain de retour à la Maison Blanche. Pendant sa campagne, Donald Trump a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20% sur tous les produits importés et même de 60% pour ceux provenant de Chine.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump a profondément perturbé les relations économiques avec la Chine en lançant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale déficitaire. Au lendemain de sa réélection, le président chinois a appelé à une relation sino-américaine « stable, saine et durable (...) conforme aux intérêts communs des deux pays ».

Les relations entre les deux puissances sont tendues depuis des années en raison de différends commerciaux, mais aussi du statut de Taïwan, de questions relatives aux droits humains et de la rivalité technologique. Donald Trump a aussi menacé d'imposer des droits de douane de 25% ou plus sur les produits en provenance du Mexique, également membre de l'Apec, si le pays ne freinait pas l'immigration illégale.

« Sur les deux principaux sujets à l'ordre du jour dans la région, les migrations et la Chine, Trump adoptera une position et une rhétorique plus dures que Biden », note Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue, basé à Washington. « Il existe cependant un risque que la pression exercée sur les gouvernements de la région du Pacifique pour qu'ils choisissent entre la Chine et les États-Unis soit contre-productive et renforce l'influence de la Chine en Amérique latine ».

Inauguration d’un port financé par Pékin 

En marge du sommet de l'Apec, le chef d'État chinois inaugurera également jeudi avec son homologue péruvienne Dina Boluarte le nouveau mégaport de Chancay, situé au nord de Lima. Financé par la Chine à hauteur de 3,5 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros), le terminal portuaire, qui sera doté de 15 quais à terme, illustre l'influence croissante du géant asiatique en Amérique latine, autrefois considérée comme le domaine réservé des États-Unis.

Le commerce bilatéral entre le géant asiatique et le Pérou, l'une des économies à la croissance la plus rapide d'Amérique latine au cours de la dernière décennie, s'élevait en 2023 à près de 36 milliards de dollars (34 milliards d'euros). Cela fait du Pérou le quatrième partenaire commercial de la Chine en Amérique latine. Le mégaport de Chancay bénéficiera également au Chili, à la Colombie et à l'Équateur, entre autres pays d'Amérique du Sud. Il leur permettra de se passer des ports mexicains et américains pour leur commerce avec l'Asie.

Jeudi auront lieu à Lima des réunions ministérielles de l'Apec, avant le sommet des chefs d'État vendredi et samedi. Après le Pérou, Xi Jinping se rendra dans la foulée au sommet du G20 à Rio de Janeiro au Brésil, pays dont la Chine est le premier partenaire commercial, avec plus de 180 milliards de dollars (169 milliards d'euros) d'échanges bilatéraux en 2023.

Depuis son retour au pouvoir l'an passé, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva se livre à un délicat exercice d'équilibriste. Il cherche à approfondir les liens avec Pékin tout en souhaitant améliorer les relations avec Washington. Le Brésil et la Chine cherchent à se positionner en tant que médiateurs dans la guerre en Ukraine. Contrairement aux nations occidentales, ils n'ont pas sanctionné la Russie pour son invasion.

En juin, la visite en Chine du vice-président brésilien Geraldo Alckmin a été perçue comme ouvrant la voie à l'adhésion du Brésil à l'initiative chinoise des « Nouvelles routes de la soie » (appelée officiellement « La ceinture et la route »). Ce grand programme vise à construire des infrastructures et développer les liaisons maritimes, routières et ferroviaires entre les continents, notamment dans les pays en développement. 

Plusieurs pays d'Amérique du Sud ont déjà adhéré à cette initiative, qui constitue un axe central de la stratégie de Xi Jinping pour accroître l'influence de la Chine à l'étranger. Parmi ces nations figurent l'Argentine, le Chili, la Bolivie, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela.

 Avec AFP