Tour des juges, aéroports, hydrogène : Le président de la Polynésie Moetai Brotherson fait le bilan de sa mission dans l’Hexagone et en Europe

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Tour des juges, aéroports, hydrogène : Le président de la Polynésie Moetai Brotherson fait le bilan de sa mission dans l’Hexagone et en Europe

En mission dans l’Hexagone mais aussi aux Pays-Bas et à Bruxelles, le président de la Polynésie française a été reçu ce vendredi matin par le ministre délégué aux Outre-mer Philippe Vigier. Il a répondu aux questions d’Outremers360, revenant sur sa mission dans l’Hexagone et en Europe.

« On a fait un point sur les dossiers qui nous intéressent : cela va des JO à l'aéroport des Marquises, en passant par celui de Faa’a ou encore, le dock flottant du port de Papeete » et pour « voir comment on pouvait avancer efficacement sur ces dossiers ». Avant son départ, jeudi dernier, Moetai Brotherson avait annoncé une décision quant à la contestée nouvelle tour des juges pour les épreuves de surf des JO à Teahupo’o. Pour apaiser les opposants à cette tour dans la construction a été chiffrée à 550 millions d’euros, le COJO, l’État et le Pays avaient annoncé un allègement de celle-ci, passant de 14 à 9 tonnes et d’une surface réduite de 50 m2, avait un impact également réduit sur le récif. 

Pour autant, l’allègement du projet initial, déjà en partie construit par une entreprise locale, « va forcément induire des coûts additionnels puisque on va devoir réviser le format des marchés qui ont été passés. On change de barge, on change de foreuse. On doit adapter le modèle de la tour tel qu'il était prévu au départ. Il y aura des petits coûts additionnels ». « On devrait avoir toutes ces informations à mon retour », a-t-il ajouté. 

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Concernant l’aéroport de Tahiti-Faa’a, le président polynésien s’est entretenu en début de semaine avec le directeur général de l’Aviation civile, Damien Caze, pour évoquer notamment le cahier des charges du futur appel d’offres sur la concession de la première porte d’entrée de Polynésie, dont la modernisation devient une urgence. La présidence polynésienne s’était félicitée d’avoir pu faire part des besoins de la Collectivité, et que ceux-ci soient intégrés au cahier des charges : « première dans l’histoire du dossier d’attribution de la concession aéroportuaire ». Quant au calendrier : « on espère pouvoir lancer l'appel d'offres à la fin du premier semestre 2024. Ensuite, il y aura 18 mois d'examen des candidatures », a-t-il indiqué.

Un CIOM pour le Pacifique

D’après le président polynésien, le ministre Philippe Vigier lui a fait part de son souhait d’organiser un CIOM dédié aux territoires du Pacifique, alors que se tenait ce vendredi matin le bilan d’étape du CIOM des DROM et des collectivités de l’Atlantique. « Je ne peux pas vous dire quand se tiendra cette session du CIOM, mais on va essayer de convenir entre nous d'une date qui puisse être la bonne pour tout le monde », a-t-il assuré. 

Et parmi les sujets polynésiens, Moetai Brotherson cite l'évolution institutionnelle avec « une réflexion sur la mise en place d'une citoyenneté polynésienne » et la révision de « considérants statutaires qui aujourd'hui sont un peu limitants », comme la limitation du nombre de ministres au gouvernement local ou encore, le volume, là encore limité, des cabinets ministériels. « On aimerait pouvoir rediscuter également des conventions fiscales qui nous lient avec l'État et des différents mécanismes de financement », a-t-il ajouté.

Parmi les autres points de sa mission dans l’Hexagone et en Europe, le président polynésien s’est entretenu avec le président du Conseil d’administration d’Action Logement pour notamment convenir d’un projet de partenariat entre la Collectivité et l’acteur « de référence du logement social et intermédiaire en France ». « Ils ont une force de frappe, une capacité d'ingénierie et également une capacité de financement puisque c'est à la fois un aménageur, un promoteur, et un établissement financier avec des possibilités de financement » a souligné Moetai Brotherson, qui cite pour la Polynésie les besoins en logements sociaux, intermédiaires et étudiants.

L’hydrogène pour affranchir la Polynésie des énergies fossiles

Sur un programme davantage lié à l’énergie aux Pays-Bas et à Bruxelles, le président polynésien a pu sur place observer des projets et autres innovations opérationnelles utilisant l’hydrogène, énergie verte qu’il avait défendu pendant la campagne des territoriales : « on était mardi matin à Rotterdam pour monter sur la première barge opérationnelle qui tourne à l'hydrogène », explique-t-il. « C'est une barge commerciale de 110m de long qui porte des containers sur des centaines de kilomètres, et qui fonctionne tous les jours à l'hydrogène ». D’après le président polynésien, le constructeur prévoit 15 autres barges similaires et également des bateaux « open sea » (pleine mer, ndrl), « du type des Goélettes qu'on a chez nous, qui fonctionneront à l'hydrogène, qui seront déployés en mer Baltique ».

Dans un territoire de 118 îles, dont 75 habitées, réparties sur une surface de près de 5 millions de km2 et où le fret maritime est essentiel pour les archipels, « ça nous intéresse fortement » assume le président. « C'est un des paris qu'on fait de se dire qu'aujourd'hui, notre dépendance aux énergies fossiles, on doit pouvoir s'en affranchir progressivement ». Et c’est également pour l’hydrogène que Moetai Brotherson a fait un arrêt par Bruxelles, et notamment par la semaine européenne de l’hydrogène, à la rencontre à la fois de fournisseurs, producteurs, équipementiers ou encore distributeurs d’hydrogène.

Sur un sujet plus local, le président polynésien, issu du parti indépendantiste Tavini Huiraatira, est revenu sur le rejet par les élus de son parti de deux mesures du projet de loi fiscale, porté par son ministre des Finances, en commission des Finances de l’Assemblée territoriale. Un rejet qui a semé le trouble dans les relations entre la majorité indépendantiste à l’Assemblée et le gouvernement issu des mêmes rangs.

« J'ai échangé brièvement avec le président de l'Assemblée de Polynésie » a confié Moetai Brotherson. « Je crois qu'il ne faut pas confondre ce qui se dit en commission des Finances et ce qui va se passer en session. Il y a 38 représentants. Chacun devra se décider dans son âme et conscience sur les projets qui lui sont présentés ». Sur les deux dispositions qui ont fait l’objet d’un rejet en commission -une contribution de solidarité sur les patrimoines immobiliers et la réduction des exonérations sur les véhicules électriques et hybrides-, Moetai Brotherson concède des « débats animés et c'est très bien ».

« Sur les véhicules électriques et hybrides, j'ai eu hier soir à 23h30 une longue visio-conférence avec le ministre des Finances et ses équipes. On est en train d'ajuster les curseurs. Ça va tout de même se traduire par une perte de rendement fiscale. On obtiendra moins d'argent avec la formule révisée proposée à l'issue de la commission des Finances, mais on est prêt à faire ce pas. En revanche, sur la loi sur l'immobilier, je pense que le projet qu'on a présenté, c'est un projet juste et équitable », insiste-t-il. « Il y a des discussions qui sont parfois houleuses où les choses sont dites. C'est très bien comme ça. Après, il faut à un moment donné que les uns et les autres se rendent compte des enjeux », a-t-il conclu.