L’aventure s’est arrêtée pour les deux espoirs féminins de la Lexus Tahiti Pro à Teahupo’o. Vahine Fierro, qui voulait réitérer sa victoire à domicile en mai dernier, s’est inclinée en quart de finale face à l’Australienne, numéro 1 mondiale, Molly Picklum. L’étonnante Kelia Gallina, à seulement 12 ans, a fait forte impression malgré un repêchage infructueux. La journée racontée par nos partenaires de Radio 1 Tahiti.
Les commentateurs internationaux le répètent : la matinée est « historique » pour le Championship Tour. Pour la première fois, une concurrente de 12 ans est alignée sur une étape du tour d’élite World Surf League (WSL). Malgré cette attention mondiale, Kelia Gallina affiche un large sourire, soutenue dans la passe de Hava’e par sa famille, des proches, mais aussi une bonne partie des pros et du public présent.
« J’entendais les encouragements à chaque vague », confie au micro de la Ligue la jeune gagnante des Trials, qui aurait « préféré que ce soit un peu moins gros ». La houle de ce vendredi matin, un peu plus légère que celle de la veille ou de la session XXL du mardi précédent, reste très puissante et demande, en plus d’un placement parfait, un gros effort aux bras pour être surfée. Kelia ratera plusieurs départs, mais sa première série est loin d’être un échec.
Elle termine deuxième, derrière la numéro un mondiale Molly Picklum, visiblement très en forme, mais devant la très expérimentée Lakey Peterson, qui en est à sa treizième saison sur le Championship tour (CT, tour professionnel). L’Américaine de 30 ans a commencé sa carrière pro avant que la Tahitienne ne soit née.
Direction les repêchages pour Kelia Gallina, avec là encore un tirage difficile : Gabriela Bryan, 23 ans, qui fait partie des prétendantes sérieuses au titre mondiale. Deuxième du classement WSL, la Hawaiienne cherche à accrocher, dans cette dernière étape du CT avant la grande finale de Cloubreak, une place de leader qui la rapprocherait un peu plus de son Graal.
Pas question donc de laisser la priorité à la jeune locale, qui malgré trois vagues, n’arrivera jamais réellement à inquiéter la championne. Kelia sort de la compétition sous les hourras et sans regrets. « J’ai été super contente de participer, et j’espère accéder au CT d’ici quelques années ». À bientôt plus qu’au revoir, donc.
Autre statut et autre pression pour Vahine Fierro, l’autre Polynésienne de la compétition. Après sa victoire de mai 2024 -là encore historique, puisqu’aucun Tahitien, fille ou garçon ne s’était jamais imposé dans l’épreuve WSL de Teahupo’o– et son élimination du CT au cut de mi-saison, la surfeuse de Huahine est là pour rappeler qu’elle a « toute sa place parmi les meilleures mondiale ».
Qu’importe si la qualification pour le tour 2026 est déjà acquise : l’objectif c’est de défendre son titre, et pourquoi pas signer un doublé inédit à la maison. C’était plutôt moyennement parti : si elle a dominé Gabriela Bryan lors de sa première série, Vahine Fierro n’a pas réussi à accrocher l’ancienne championne du monde Tyler Wright.
Un point d’écart seulement après une trentaine de minutes très athlétique : la locale aurait pu passer devant après un dernier tube, mais le buzzer a retenti moins de trois secondes avant qu’elle ne se lève sur la vague… qui n’a donc pas été prise en compte par les juges. Passage obligé, donc, par les repêchages, où elle retrouve une vieille connaissance : Isabella Nichols.
L’Australienne, depuis cinq saisons déjà sur le CT, où elle pointe cette année en quatrième place, est en forme, on le savait depuis sa victoire à Bells Beach voilà quelques semaines. Mais la Polynésienne est semble-t-il décidée à montrer qu’elle est chez elle dans la passe de Hava’e : malgré plusieurs chutes, pour certaines dangereuses, tout près du récif de la Presqu’île, elle enchaîne les tentatives.
« J’avais besoin de cette adrénaline pour réussir », confie-t-elle plus tard au micro de la WSL. Après une première vague à 8.17, elle confirme à 8.50, avec un sourire royal dans le tube. Vahine Fierro, « Queen of Teahupo’o », part en quart et peut rêver d’un doublé.
Sauf qu’à ce niveau de compétition, les tirages sont rarement soulageant. La tenante du titre doit, à son tour, affronter la numéro 1 mondiale Molly Picklum. Une Australienne en Jersey jaune que Vahine Fierro avait déjà éliminée, au même stade de la compétition, l’an dernier. C’est sans complexe que la Polynésienne s’est jetée à l’eau en milieu d’après-midi. Pendant plus de 30 minutes, elle domine les débats, se plaçant à merveille sur chaque série, obtenant le meilleur sur des vagues qui semblent moins dérouler que dans la matinée.
À quatre minutes de la fin du heat, la victoire semble assurée, quand de belles ondes se font voir dans la passe de Hava’e : Molly Picklum, jamais désarçonnée, saute dans le plus beau barrel de la journée et signe un 9.77 inespéré. La leader du CT s’offre même une deuxième vague dans la foulée, où elle réussit un roller sur la lèvre en train de se refermer. Résultats : 13.10 à 9.67.
Molly Picklum a finalement privé Vahine Fierro de demi-finale et d’une chance de défendre son titre. Tant pis pour la surfeuse de Huahine, déjà assurée d’être sur le CT en version remodelée en 2026 et de participer à l’épreuve de Teahupo’o, en l’absence de cut. L’Australienne, après avoir écarté Caroline Marks au tour suivant, affrontera l’Américaine Caitlin Simmers, championne du monde l’année passée à seulement 18 ans, en finale de la Tahiti pro.
La journée s’est terminée sur les demi-finales filles : Molly Picklum, décidément en forme, sort Caroline Marks et affrontera la championne du monde en titre Caitlin Simmers en finale. Les hommes, eux, attendent leur heure, et notamment Kauli Vaast et Mihimana Braye, derniers tahitiens qualifiés pour les huitièmes. Ils devront encore patienter : la WSL a annoncé que le prochain call serait lancé lundi matin, si les vagues sont au rendez-vous. La houle paraît plutôt favorable en milieu de semaine prochaine.
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Charlie René pour Radio 1 Tahiti