Pacifique : Une grande conférence régionale sur l’eau en Polynésie en 2026

©Présidence de la Polynésie française

Pacifique : Une grande conférence régionale sur l’eau en Polynésie en 2026

La Polynésie française accueillera pour la première fois la Pacific Water & Wastewater Conference en septembre 2026. Un évènement qui réunira près de 200 experts, institutions et opérateurs du secteur de l’eau et de l’assainissement. Objectif : faire de la Polynésie « un acteur régional majeur » dans le domaine, travailler à la standardisation des matériaux et des normes de traitement… Et trouver de nouvelles solutions pour la Collectivité, en avance sur beaucoup de pays de la région, mais où 38% de la population n’a pas accès à l’eau et 90% n’est pas raccordé à un réseau d’assainissement collectif. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Eaux potables et eaux usées, c’est le thème de la Pacific Water & Wastewater Conference Association se tiendra pour la première fois en Polynésie l’année prochaine. La candidature du territoire a été portée par la Polynésienne des Eaux, qui a participé, pour la huitième année consécutive, à l’édition 2025 fin août aux Îles Salomon.

Durant cinq jours, opérateurs publics et privés, chercheurs, bailleurs et jeunes professionnels venus de tout le Pacifique ont échangé sur les moyens d’assurer un accès durable à l’eau potable et à l’assainissement pour tous. Des discussions qui rassembleront donc 200 acteurs à Tahiti et dans les îles en septembre 2026.

« Standardiser les matériaux et les normes »

Un événement qui sera co-organisé par le Pays et la filiale polynésienne du groupe Suez, qui espèrent ainsi placer la Polynésie au cœur de discussions d’avenir pour la région. « Après la réussite de l’UNOC et avant les Jeux du Pacifique 2027, la Polynésie sera à nouveau un acteur majeur du Pacifique sur les enjeux sociétaux et environnementaux majeurs », explique Mathieu Desetres, directeur général de la Polynésienne des eaux.

Mais les enjeux sont aussi stratégiques, et le Pays projette de créer et de consolider des partenariats. « Il y a des grands états, que sont la Nouvelle-Zélande et l’Australie, qui participent à ces conférences, et qui ont une technicité à nous apprendre », a indiqué le ministre de l’Environnement, Taivini Teai. « C’est également l’occasion de pouvoir échanger sur des standardisations de matériaux et de normes, parce que si on veut ensuite faire des commandes de ces matériaux, l’idée c’est de pouvoir se grouper et avoir accès à des marchés qui soient plus avantageux. »

Au programme de la conférence de 2026 : un forum ministériel, des conférences techniques, mais aussi des visites terrain (stations d’épuration, captages d’eau, unités d’osmose ou réseaux d’assainissement) dans les îles.

« On a besoin de faire un recensement »

La Polynésie entend bien montrer son savoir-faire : des grands chantiers sont en cours dans la zone urbaine en matière d’assainissement collectif, des solutions innovantes ont été développés de longue date pour l’eau potable dans les archipels, et une municipalité comme Bora Bora fait figure, à bien des égards, de précurseur en matière de gestion insulaire de l’eau. Mais ces atouts ne doivent pas cacher les déficiences importantes de la politique de l’eau en Polynésie.

Selon le ministère de l’Environnement, seuls 62 % des Polynésiens ont aujourd’hui accès à l’eau potable, et 90 % ne sont pas raccordé à un réseau d’assainissement collectif, les relevés de qualité des eaux de baignade montre des pollutions importantes autour des zones les plus peuplées en grande partie dû à l’absence de gestion des équipements d’assainissement autonome. « La grande particularité de la Polynésie, c’est cette disparité au niveau de la configuration de nos îles », explique Taivini Teai. 

« On a des îles hautes, des îles basses. Certaines peuvent en effet avoir ce réseau d’assainissement collectif, d’autres non. Et du coup, pour ceux qui ne le peuvent pas, il faut des systèmes de gestion des eaux usées individuelles. Mais là encore, pour équiper les maisons de ces dispositifs, on a besoin de faire un recensement, de savoir quelles sont les techniques, quels sont les matériaux à apporter. Et c’est ces échanges-là qui sont importants au niveau de ces conférences. »

Un programme de formation des futurs cadres de l’eau

Depuis cinq ans, la Polynésienne des eaux participe également au programme Young Water Professionals, organisé en parallèle de la conférence, destiné à former la nouvelle génération de leaders du secteur. Après Hereiti Thong Sing en 2024, c’est Uratea Ah Min, gestionnaire de stocks, qui a représenté la Polynésie cette année. Objectif du programme : « Rassembler les jeunes du secteur de l’eau pour non seulement leur donner de l’information dans le développement de leur carrière, mais aussi leur donner l’opportunité d’échanger, de discuter, avec un lien qui perdure dans le temps », explique le jeune professionnel.

Nanihi Laroche pour Radio 1 Tahiti