Lorsqu’il quitte la Martinique à tout juste 17 ans, Marc-André Théotiste ne sait pas encore qu’il deviendra un entrepreneur influent. Mais une chose est sûre : il avancera avec la détermination de ceux qui refusent les limites imposées. Aujourd’hui, à 60 ans, Marc-André Théotiste est à la tête de MTH Invest Group, un groupe suisse d’investissement international, et de la compagnie ferroviaire de luxe SSG, dont il est l’unique propriétaire. Pour Outremers360, Marc-André Théotiste revient sur cet itinéraire hors du commun, marqué par les obstacles, les opportunités et les rencontres qui ont façonné sa trajectoire. Profondément attaché à son île, il revendique aujourd’hui le devoir d’aider et d’accompagner la jeunesse ultramarine.

De la Martinique aux sommets de la finance internationale

Originaire de Saint-Esprit en Martinique, Marc-André Théotiste quitte son île à l’adolescence pour rejoindre Paris, puis Bordeaux, où il intègre une école de commerce. Après plusieurs expériences professionnelles, il devient chef de marché au Gabon pour Elf, avant de revenir en France puis en Suisse. Il y débute dans l’immobilier, puis dirige la filiale du groupe pharmaceutique Protect Care. 

En parallèle, il obtient un MBA en finance et management. Devenu gestionnaire de fortune, il accompagne aujourd’hui, au sein de MTH Invest Group (Nous — HELVETIC FINANCE SA) qu’il préside, des clients du Moyen-Orient et des pays du Golfe dans la gestion et la diversification de leur patrimoine : « Ma clientèle est très internationale notamment des Américains, mais aussi des clients venus des pays du Golfe. Nous les accompagnons dans la structuration de leur patrimoine. Notre rôle est de les conseiller dans leurs choix d’investissement, que ce soit dans l’immobilier, les monnaies virtuelles ou les métaux précieux comme l’or qui reste une valeur refuge très recherchée », confie-t-il.

Réaliser un rêve d’enfant

« Depuis tout petit, je disais à ma mère : un jour, j’aurai mes trains », se souvient-il. Il y a deux ans, Marc-André Théotiste rachète la Schweizerische Speisewagen Gesellschaft SSG (SSG – Découvrez la Suisse à bord de notre train-restaurant contemporain), une compagnie ferroviaire en difficulté. Il saisit l’opportunité de reprendre certaines lignes abandonnées, notamment les trains de nuit, un segment de niche du marché ferroviaire. Après dix-huit mois de travaux, la compagnie est relancée. 

Aujourd’hui, ses trains de luxe, au départ de Genève, desservent Vienne, Berlin, Rome et, prochainement, Paris où il vient tout juste d’ouvrir un bureau relai, avenue Montaigne. « La particularité de ces wagons réside dans leur aménagement entièrement dédié à la restauration, permettant aux passagers de se restaurer tout en voyageant. Les parcours sont soigneusement conçus pour offrir une expérience de voyage unique », souligne-t-il.

Avec 340 passagers par train, un service gastronomique à bord et des vitesses de 140 à 200 km/h, SSG cible une clientèle haut de gamme en quête d’expériences raffinées. « Je pense que le train a un bel avenir : c’est l’un des moyens de transport les plus écologiques. Certes, son coût d’exploitation est élevé, mais il offre une alternative durable. Les trains-restaurants ou les trains de découvertes, permettent de se déplacer facilement d’une ville à l’autre, voire d’un pays à l’autre en Europe, tout en profitant d’une expérience de voyage de qualité », précise-t-il. Marc-André Théotiste siège également au conseil d’administration de plusieurs compagnies ferroviaires de prestige.

Des partenariats stratégiques

Pour Marc-André Théotiste, l’avenir du ferroviaire passe par des partenariats créateurs de valeur. Dès 2026, il prévoit des alliances, notamment avec le groupe Orient Express, et prépare d’autres collaborations stratégiques : « Le marché du ferroviaire haut de gamme, reste très concurrentiel. Pour exister pleinement dans ce secteur, il est essentiel de nouer des alliances stratégiques, et c’est justement ce que j’essaie de faire. Ces partenariats ne se limitent pas à des ressources financières : il faut des partenaires solides. Dans ce cadre, nous envisageons également des collaborations avec des hôtels de prestige et d’autres acteurs du luxe. Des discussions sont déjà en cours avec de grands opérateurs hôteliers, ce qui devrait enrichir l’expérience de nos voyageurs » confie-t-il.

Devoir de transmission

Cette année, Marc-André Théotiste a choisi d’investir dans le projet de Daniel Hierso, président et cofondateur du réseau Outre-Mer Network au sein de la Station F, qui accompagne les jeunes ultramarins dans le développement de leurs start-ups. « J’aime particulièrement rencontrer ces start-ups et suivre leur progression dans cette pépinière d’entreprises, c’est extrêmement enrichissant. Daniel est un ami, il est très impliqué et réalise un travail considérable pour la jeunesse ultramarine. Cette année, nous avons décidé de renforcer notre collaboration afin de soutenir économiquement ces jeunes entrepreneurs. Il s’agit pour moi d’un devoir : restituer aux ultramarins et aux outre-mer ce que j’ai moi-même reçu en termes d’opportunités et d’accompagnement. », souligne-t-il.

À la jeunesse ultramarine, il délivre un message d’encouragement : « Mes parents m’ont toujours inculqué que tout est possible. Ce n’est pas parce qu’on vient d’un petit territoire qu’on ne peut pas réussir. Bien sûr, la vie n’est pas facile : il y a des obstacles et des imprévus. Mais j’ai toujours persévéré, même en Suisse ou ailleurs, en mettant mes compétences et mes intérêts au service de mes projets. J’ai toujours cru en mes rêves. Il faut avancer avec abnégation et ne jamais se laisser décourager. Quand quelqu’un vous dit que ce n’est pas possible, en réalité, il parle de ses propres limites, pas des vôtres. Il faut se concentrer sur ce que vous pouvez accomplir, accepter les échecs comme autant d’occasions d’apprendre et continuer à développer vos ambitions. Les obstacles renforcent la détermination et permettent de construire un parcours solide. »

Une philosophie forgée dans les défis, portée par la conviction que les rêves d’enfant peuvent devenir des projets d’avenir.