Six thoniers chinois à quai, dont un qui s’est échoué sur la passe de Papeete puis remorqué, plusieurs autres au large de la capitale polynésienne et jusqu’à 46 attendus dans les deux prochaines semaines : le curieux ballet qui s’est installé au Port autonome en début de semaine a de quoi interroger, voire inquiéter, les habitants de Tahiti. Notre partenaire Radio 1 Tahiti explique…
Il y a les Xin Shi Ji 75 et 79, thoniers de 45 mètres arrivés tôt ce matin, et amarrés au quai de cabotage de l’Ouest de la digue, aux côtés, par exemple du Vaitere 2. Il y a aussi leurs deux sisterships Xin Shi Ji 208 et 210, orientés vers le quai de pêche international, près de la zone sous douane. Entrés dans la rade mardi, ils doivent mettre les moteurs dès demain.
Le Xin Ji Shi 215, lui, avait dû être envoyé de l’autre côté du port, près des vieux dépôts d’hydrocarbures de Motu Uta, où s’amarrent d’habitude les remorqueurs. Il a été rejoint en fin de matinée par un compatriote qui a su soigner son entrée : le Ping Tai Rong 316, bateau de 40 mètres qui, pour des raisons qui restent encore à éclaircir, est « passé par-dessus le récif » lors de son entrée de la passe de Papeete.
C’est un remorqueur du port, justement, qui a dû lui venir en aide : le Aito Nui est intervenu pour tirer le navire vers le centre de la rade à l’aide d’un câble, avant de l’escorter vers le quai, qui se trouve aussi être tout près des cales sèches.
Pas une première
Six navires de pêche chinois à quai, donc, qui ont en commun une coque décatie, des équipements de fortune et un état d’entretien général inquiétant. Et ça n’est pas fini. Ce matin, les curieux qui observaient les manœuvres de déséchouement ont été surpris d’apercevoir plusieurs autres thoniers étrangers au large.
Les Feng Hui 7 et 17, une quarantaine de mètres chacun eux aussi, attendent leur heure tout près de la passe. Le Xin Shi Ji 215 et le Feng Hui 5 se sont placés en face de la piste de Tahiti-Faa’a. Les Hai Xing 817 et 815, toujours 40 mètres, toujours des thoniers, croisent à quelques milles de là, entre Moorea et Tetiaroa. Des bateaux qui ont bien averti de leur passage et réservé leur place au port autonome : au total, quinze bateaux de pêche chinois doivent passer par la rade ces prochains jours, et 46 au total dans les deux prochaines semaines d’après le Haut-commissariat.
Au port autonome, on se dit peu surpris par cette foule de pavillons chinois. Et on rappelle que ces vagues de thoniers, qui fréquentent le reste du temps Tahiti un par un, pour des réparations ou des déchargements, avant de repartir pêcher en haute mer, sont récurrentes. Une petite vingtaine il y a deux ans, près d’une trentaine en 2019… Avec à chaque fois, des interrogations et un certain émoi de la population.
Et les mêmes garanties des autorités de l’État : aucun bateau étranger n’est autorisé à pêcher dans la ZEE (une surface grande comme l’Europe réservée aux pêcheries locales), et les mouvements de ces navires sont surveillés de près pour s’en assurer. Le Haut-commissariat ajoute que ces arrivées par vague sont liées à des inspections programmées par les autorités chinoises, qui choisissent de les mener en Polynésie française de par sa position centrale dans le Pacifique Sud et ses infrastructures plus développées que les États voisins.
Contrôles par les autorités chinoises
Habituellement, et malgré l’état de délabrement avancé de plusieurs de ces navires, les contrôles n’aboutissent pas à des immobilisations, et les Xin Shi Ji, Hai Xing et autres Feng Hui repartent en mer. Souvent, après en avoir profité pour se ravitailler en carburant et en vivres, effectuer quelques réparations, ou changer d’équipage -on peut croiser de nombreux marins faire des achats en ville ce mercredi-.
Les visites ne durent généralement qu’entre 24 et 72 heures. Au moins une exception, toutefois cette année : le Ping Tai Rong 316 -deuxième bateau de la même flotte à s’échouer sur un récif polynésien après l’accident beaucoup plus grave du Ping Tai Rong 49 à Anuanurunga en 2021- devrait être placé en cale sèche ces prochains jours. Il s’agit de comprendre pourquoi le navire n’était plus contrôlable à l’entrée dans la passe, de réparer cette panne ainsi que les éventuels dégâts à la coque ou aux équipements.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti