L’association polynésienne Mao Mana Foundation a dévoilé vendredi des clichés fascinants d’un groupe d’orques au large de l’île de Moorea. Ces super-prédateurs sont souvent aperçus par des pêcheurs au large des îles, mais des photographies dans leur milieu naturel seraient une première en Polynésie.
« Contre des vagues de 3 mètres, une pluie battante et un vent incessant, nous les avons cherchés pendant deux heures, et nous étions sur le point de faire demi-tour lorsqu'une seule et imposante nageoire dorsale noire a transpercé la surface », raconte les membres de l’association spécialisée dans la protection des requins.
Une fois le groupe d’orques repéré, vraisemblablement quatre, les plongeurs se jettent à l’eau, munis de leurs caméras, au nord de Moorea. « Se retrouver face à face avec ces prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire, sans aucune idée précise de leur comportement, est une émotion au-delà des mots » raconte l’association, qui serait la première à avoir pu saisir de tels clichés, sous l’eau.
Bien présentes en Polynésie française, les observations d’orques « restent sporadiques » rappelle l’association. « On ignore presque tout de leur répartition, de leur structure sociale ou de leurs proies dans ces eaux. Chaque observation contribue à reconstituer l'énigme de leurs déplacements dans les eaux polynésiennes ».
Les rares observations de ces cétacés aux techniques de chasse sophistiquées sont souvent faites par des pêcheurs, qui publient leurs vidéos sur les réseaux sociaux, augmentant ainsi la visibilité de ces animaux, qui évoluent plutôt au large des îles. Des observations sont rapportées par des pêcheurs de Tahiti, Moorea, Bora Bora et jusqu’au îles Marquises. C’est d’ailleurs un pêcheur de Moorea qui a signalé la présence de ces animaux.
Cette semaine, l’association de protection des baleines en Polynésie, Mata Tohora, avait fait part à nos partenaires de Radio 1 Tahiti d’un « boom de naissances » de baleineaux dans les eaux du territoire, et la présence en nombre de baleines dans les lagons et passes du territoire. « La présence des orques autour de Tahiti et de Moorea explique la venue des baleines dans les eaux intérieures pour se protéger de leur prédateur », expliquait l’association.
Cétacés, plus grande espèce de la famille des Delphinidés, les orques sont des animaux sociaux, vivant en groupe, et évoluant dans toutes les eaux du monde mais principalement dans l’Atlantique et le Pacifique nord, ainsi que l’Antarctique. On distingue également plusieurs écotypes d’orques en fonction de l’habitat, de leur sédentarité ou leur caractère nomade.
Très peu d’attaques sur l’homme sont recensées à l’état sauvage, essentiellement par inadvertance. Les seules attaques mortelles ont eu lieu dans des bassins, avec des orques en captivité. Depuis les années 2020, les attaques d’orques contre des bateaux -notamment les safrans de voiliers- se font de plus en plus récurrentes dans le détroit Gibraltar et au large du Portugal. Certaines attaques vont jusqu’à provoquer le naufrage du navire, sans à date faire de victime.
Si aucune explication scientifique ne fait pour l’heure l’unanimité, plusieurs hypothèses sont avancées : apprentissage de la chasse, jeux, raréfaction du thon rouge ou encore, traumatisme d’un spécimen partagé aux autres membres du groupe.