Polynésie : Le chien « Pi’ihoro », gardien-protecteur, à l’exposition universelle d’Osaka au Japon

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Polynésie : Le chien « Pi’ihoro », gardien-protecteur, à l’exposition universelle d’Osaka au Japon

Le directeur du Centre des Métiers d’Art (CMA) en Polynésie va proposer, à l’exposition universelle d’Osaka au Japon, une sculpture représentant le chien « Pi’ihoro », célèbre tāura (gardien-protecteur) de la mythologie tahitienne. L’événement, qui aura lieu du 13 avril au 13 octobre, est une vitrine culturelle et industrielle où chaque Nation veut briller. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Les expositions universelles ont lieu tous les cinq ans et c’est à chaque fois l’occasion pour les pays exposant de présenter leurs plus beaux produits dans la création industrielle, les arts appliqués et les beaux-arts. La prochaine aura lieu à Osaka au Japon, du 13 avril au 13 octobre prochains. Il s’agira d’en mettre plein la vue aux camarades des pavillons à côté. Ce n’est donc que le meilleur qui est sélectionné et cette année parmi la crème de la crème, on trouvera une œuvre polynésienne, comme l’a noté le magazine Hiro’a.

Elle a été spécialement conçue et sculptée pour l’événement par Viri Taimana, le directeur du centre des métiers d’art, aidé d’artistes du CMA. C’est la compagnie française des expositions (Cofrex) qui pilote le projet du pavillon France et qui a souhaité mettre en avant les îles : l’Île-de-France avec Paris et ses gargouilles, l’île d’Iriomote avec son chat endémique et enfin une île du Pacifique. Bora Bora leur est venu à l’esprit et Jacques Maire, le président de la Cofrex, a alors sollicité la mission d’action culturelle du haut-commissariat, le musée de Tahiti et des îles et le directeur du Centre des Métiers d’Art.

À l’entendre parler de gargouilles et d’un chat, Viri Taimana pense tout de suite à un chien. Et plus précisément à Pi’ihoro, un tāura ou animal protecteur. Des baleines, des requins, des cent-pieds, des tortues… Chaque famille avait le sien. Certaines l’ont oublié, d’autres le connaissent encore. Pi’ihoro a protégé de nombreuses familles, dont la dynastie des Teva, puissant clan du sud de Tahiti. Punaauia le revendique d’ailleurs comme l’anima protecteur de la commune. 

« C’est l’occasion de présenter nos tāura et donc pour une fois nos tāura vont sortir complètement de la Polynésie et être exposés au monde. C’est une manière pour nous de concevoir notre univers même si, ici, la présence des tāura n’est pratiquement plus visible, sauf à travers quelques familles. Là elle prend une autre dimension. Elle se diffuse auprès des visiteurs de l’exposition universelle. »

Emmener les enseignants et les élèves au Japon

Il s’agit donc de faire connaitre ce concept polynésien des tāura dans le monde et réveiller l’intérêt localement, surtout en ce moment où la problématique du mauvais traitement des animaux de compagnie est souvent à la une des médias qui rappellent régulièrement le nombre affolant de chiens errants (les associations estiment à 500 000 le nombre de chiens errants en Polynésie française). « Il faut repenser notre rapport aux animaux et les protéger ». 

L’innovation aussi avec cette représentation de Pi’ihoro est qu’elle est la première. Jamais encore ce chien mythique n’avait été sculpté. L’exposition universelle était une belle occasion de le faire en mettant en avant les spécificités des cinq archipels, avec notamment des motifs des Australes sur le dos et des îles de la Société sur ses pattes.

Et puis cette participation c’est aussi l’occasion d’emmener des élèves et des professeurs jusqu’au Japon. « L’exposition universelle, c’est le carrefour de ce qui se fait de mieux dans chaque pays. Donc il y a une forte concurrence forte. Il faut présenter le meilleur, que ce soit industriel ou artistique. Pour nos étudiants en design, c’est aussi une chance unique. Tout ce qui est mis en avant pendant l’exposition universelle, c’est ce qui va rentrer sur le marché de chaque pays dans les dix ans à venir. C’est donc une avancée considérable au niveau de la réflexion, sur comment nous allons absorber tout ça. Avec la mondialisation, nous devons repenser notre relation à tous ces objets, à tous ces produits, à toutes ces choses qui vont envahir notre marché. »

« Le centre des métiers d’art prend de la hauteur »

Participer à l’exposition universelle à Osaka, c’est aussi porter la voix de la Polynésie. Et surtout que les étudiants du centre des métiers d’art, que ce soit ceux qui passent le certificat ou le brevet polynésien des métiers d’art ou encore les étudiants en licence DN Made, un diplôme mis en place il y a trois ans et dont la première promotion sort en juin de cette année, réussissent à vivre de leur travail. 

« Le fait d’exposer dans le pavillon français à l’exposition universelle change complètement la vision que les gens peuvent avoir du centre des métiers. On est dans un haut niveau. Le CMA prend de la hauteur. La sélection s’est faite sur plusieurs mois. Il a fallu envoyer des croquis, des dessins, expliquer… On a échangé depuis le mois de juillet – août sur ce projet jusqu’à maintenant. On est arrivé à complètement finir ce projet et il me tarde de l’amener jusqu’à Osaka. »

Lucie Rabreaud pour Radio 1 Tahiti