Le gouvernement de la Polynésie et les acteurs de la filière ont officiellement déposé la demande de labellisation IGP (Indication Géographique Protégée) pour la Vanille de Tahiti. Cette demande est portée par l’Association Interprofessionnelle de la Vanille de Tahiti (AIVDT) avec le soutien de l’Établissement Vanille de Tahiti (EVT).
L’annonce de ce dépôt officiel a été faite par le ministre polynésien de l’Agriculture, Taivini Teai, au cours d’une conférence de presse sur les enjeux, les avancées et les perspectives de la filière vanille, précise le gouvernement de la Polynésie française.
« L’objectif de l’IGP est clair : protéger l’origine, structurer la filière, sécuriser les revenus, et garantir la qualité du produit aux consommateurs. Cette démarche volontaire et non obligatoire constitue une opportunité pour distinguer la véritable Vanille de Tahiti des produits concurrents issus d'autres pays » explique l’exécutif local.
Pendant les six mois d’instruction du dossier et les deux mois d’enquête publique, l’AIVDT prévoit un programme de sensibilisation auprès des producteurs, afin de présenter les objectifs et avantages de l’IGP, valoriser l’intérêt économique et environnemental du label, promouvoir la coopération au sein de la filière et protéger l’authenticité de la Vanille de Tahiti face à la concurrence.
Alors que le marché mondial de la vanille pèse plus de 2,1 milliards de dollars par an, la Vanille de Tahiti (Vanilla tahitensis), prisée pour ses arômes floraux uniques, conserve un fort potentiel sur le segment premium. Pourtant, la production locale demeure modeste, avec environ 12 tonnes par an, soit moins de 1 % de la production mondiale.
Si la Polynésie française produisait jusqu’à 1 000 tonnes au siècle dernier, la filière a connu un net recul à partir des années 1960, lié à des bouleversements socio-économiques et à la migration des populations vers Tahiti. Malgré plusieurs plans de développement, la production reste instable, freinée par des contraintes techniques, climatiques et économiques. Pourtant, la demande est bien là, et les prix peuvent atteindre plus de 1 000 euros/kg.
Actuellement, la production annuelle de vanille brute en Polynésie varie entre 35 à 40 tonnes, et vise les 100 tonnes de production par an. « La démarche de labellisation de la vanille de Tahiti est née il y a plusieurs années » expliquait Laïza Vongey, directrice de l’Établissement Vanille de Tahiti, lors du dernier Salon international de l’Agriculture à Paris. Au départ, il était question d’une Appellation d’origine protégée, or la vanille de Tahiti n’étant plus uniquement cultivée sur l’île de Tahaa mais sur l’ensemble de la Polynésie, l’IGP semble désormais plus adaptée. C’est le choix qu’a fait la filière l’an dernier, avec les recommandations de l’INAO.
Créée en 2017, l’AIVDT assurera le rôle d’Organisme de défense et de gestion (ODG). Elle regroupe les producteurs, préparateurs et exportateurs. Son Conseil d’administration est entouré d’un bureau représentatif des différents métiers de la filière. « La Vanille de Tahiti, joyau agricole et identitaire, peut aujourd’hui devenir un modèle de réussite locale sur les marchés internationaux. Grâce à cette démarche ambitieuse de labellisation, la Polynésie française entend relever le défi d’une agriculture d’excellence, durable, et créatrice de valeur dans les archipels », conclut le gouvernement polynésien.
En Outre-mer, seule la vanille bourbon (planifolia) de La Réunion est labellisée IGP, et les vanilles ultramarines -cultivées aussi à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie ou les Antilles- font face à une concurrence féroce en provenance de Madagascar, d’Indonésie, de Chine, du Mexique, des Comores ou encore de Papouasie-Nouvelle-Guinée.